Essai sur l’irritabilité

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ÉCOLE NATIONALE VÉTÉRINAIRE DE TOULOUSE


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ESSAI


SUR


L’IRRITABILITÉ


PAR


G.-J. DUMAS


De Saint-André-Appelle (Gironde)


Vitium est omnia credere
Vitium est nihil credere.

SÉNÈQUE.


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THÈSE POUR LE DIPLÔME DE MÉDECIN VÉTÉRINAIRE


PRÉSENTÉ AU JURY D’EXAMEN EN JUILLET 1874.


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LAVAUR
IMPRIMERIE DE MARIUS VIDAL


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1874



Qu’il me soit permis d’offrir la dédicace de ma thèse à tous ceux qui me sont liés par la reconnaissance ou l’amour. Qu’ils y voient une preuve de ma profonde gratitude. Que mes maîtres y trouvent le témoignage de mes efforts. Alors je serai largement payé de mon travail.



MEIS


ET


AMICIS




ÉCOLES NATIONALES VÉTÉRINAIRES


——————

INSPECTEUR GÉNÉRAL :

M. H. BOULEY O. ❄, Membre de l’Institut de France, de l’Académie de Médecine, etc.


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ÉCOLE DE TOULOUSE


DIRECTEUR :
M. LAVOCAT ❄, Membre de l’Académie des sciences de Toulouse, etc.

PROFESSEURS:
MM. LAVOCAT ❄, Tératologie.
Anatomie des régions chirurgicales.
LAFOSSE ❄,
Pathologie et Maladies parasitaires spéciales.
Police sanitaire et Jurisprudence.
Clinique et Consultations.
LARROQUE,
Physique.
Chimie.
Pharmacie et Matière médicale.
Toxicologie et Médecine légale.
GOURDON,
Hygiène générale et Agriculture.
Hygiène appliquée ou Zootechnie.
Botanique.
SERRES,
Pathologie et Thérapeutique générales.
Pathologie chirurgicale.
Manuel opératoire et Maréchalerie.
Direction des exercices pratiques.
ARLOING,
Anatomie générale et Histologie.
Anatomie descriptive et Physiologie.
Extérieur des animaux Domestiques.
Zoologie.
Chefs de Service :
MM. MAURI, Clinique et Chirurgie. Zoologie. Extérieur des animaux domestiques.
BIDAUD,
Physique, Chimie et Pharmacie.
N....
Anatomie générale et descriptive. Histologie normale. Physiologie.
JURY D’EXAMEN
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MM. BOULEY O. ❄, Inspecteur-général.
LAVOCAT ❄, Directeur.
LAFOSSE ❄, Professeurs.
LARROQUE,
GOURDON,
SERRES,
ARLOING,
MAURI, Chefs de Service.
BICAUD,


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PROGRAMME D’EXAMEN
Instruction ministérielle du 12 octobre 1866
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THÉORIE Épreuves
écrites
1. Dissertation sur une question de pathologie spéciale dans ses rapports avec la Jurisprudence et la Police sanitaire, en la forme soit d’un procès-verbal, soit d’un rapport judiciaire, ou à l’autorité administrative ;
2. Dissertation sur une question complexe d’Anatomie et de Physiologie et d’Histologie.
Épreuves
orales
1. Pathologie médicale spéciale ;
2. Pathologie générale ;
3. Pathologie chirurgicale ;
4. Maréchalerie, Chirurgie ;
5. Thérapeutique, Posologie, Toxicologie, Médecine légale ;
6. Police sanitaire et Jurisprudence ;
7. Agriculture, Hygiène, Zootechnie.
PRATIQUE Épreuves
pratiques
1. Opérations chirurgicales et Ferrure ;
2. Examen clinique d’un animal malade ;
3. Examen extérieur de l’animal en vente ;
4. Analyses chimiques ;
5. Pharmacie pratique ;
6. Examen pratique de Botanique médicale et fourragère.


AVANT-PROPOS
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Vitium est omnia credere
Vitium est nihil credere.

SÉNÈQUE.



Le mouvement scientifique qui s’opère depuis le commencement de ce siècle a un but bien évident : celui de tout ramener à l’unité.

De toute antiquité, la médecine et la philosophie, unies comme deux sœurs, ont travaillé à la recherche du principe qui anime le monde vivant. Nous ne pouvons pas donner ici toutes les hypothèses plus ou moins rationnelles émises à ce sujet, hypothèses qui ont varié avec l’influence exercée par les sciences sur les diverses époques. Nous ne ferons que les effleurer : et ce sera là l’objet du premier chapitre ; puis dans un second, nous basant sur les derniers travaux scientifiques, nous essayerons de déterminer la force unique, cause de la vie, l’Irritabilité, qui pourrait bien n’être au fond qu’une des forces du principe découvert par Newton ; enfin dans un dernier chapitre nous chercherons à établir l’action de cette propriété dans la pathogénie.

Nous savons mieux que personne toutes les lacunes que nous laisserons, mais qu’on n’oublie pas que nous n’avons voulu donner que quelques généralités propres à mettre en évidence le principe unique qui anime les tissus organisés. S’il nous avait fallu entrer dans les détails, nous aurions été forcé d’élargir notre cadre et malgré tout notre courage et notre bon vouloir nous n’aurions pu arriver à bon port.

Tout au plus si nous ne faillirons pas à, la tâche que nous nous sommes imposée.

ESSAI
SUR
L’IRRITABILITÉ
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CHAPITRE PREMIER
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HISTORIQUE. — Du premier moment que l’homme a été soumis à l’influence destructive des milieux, il a senti la nécessité de trouver les moyens de s’y soustraire, ou de remédier aux accidents que cette influence aurait pu avoir déterminé déjà dans son organisme, de sorte que, l’on peut avancer sans crainte que la médecine est aussi ancienne que l’espèce humaine.

Nous serions embarrassé si nous voulions exposer l’état de cette science dans les temps primitifs, toute trace en est disparue.

L’époque la plus reculée à laquelle nous puissions remonter est celle de la civilisation Indoue ; les seuls documents qui en restent sont les Védas, poème épique traitant de tout ce que l’esprit humain avait observé.

Quoique la médecine ne fût alors qu’à l’état de germe, nous ne pouvons admettre que les hommes qui l’exerçaient fussent rangés sous les mêmes principes, et nous ne croyons pas trop nous aventurer en disant qu’à cette période si éloignée de nous, les diverses opinions, qui séparaient les dépositaires de la science sacrée, étaient comme les préludes des doctrines médicales développées depuis le moyen-âge, doctrines qui ont vu le jour aux temps de la civilisation d’Athènes.

En effet, ne trouvons-nous pas en Grèce des Humoristes, des Matérialistes, des Empiriques,… etc ? Or, la Grèce avait emprunté sa civilisation à l’Égypte qui, elle, la tenait des peuples primitifs de l’Hindoustan.

Ne va-t-on pas nous reprocher de commettre une hérésie médicale en avançant ces faits ? Car n’est-ce pas reculer la médecine au delà du temps d’Hippocrate ? Loin de nous la pensée de vouloir faire tomber le père de la médecine du piédestal d’où il domine nos Facultés et nos officines. Mais nous sommes obligé de nous incliner devant l’Histoire, cette branche si noble de la Philosophie Générale, qui passe à travers les siècles guidée par la vérité !

Hippocrate est considéré comme tel, uniquement parce qu’il a le premier réuni, coordonné les faits biologiques recueillis jusqu’à lui, en ajoutant ses observations personnelles. Nous disons le premier ; qu’en savons-nous, ses écrits étant les documents les plus anciens qui nous restent sur cette science ? Mais il n’en est pas moins un génie supérieur.

Ces considérations générales étant données, il est temps que nous entrions en matière.

La première idée de l’Irritabilité se trouve dans le Sankhya de Kapila, philosophe sensualiste de l’Inde[1] ; surtout dans deux branches de sa philosophie, les Tscharvakas et les Lokayaticas : c’est tout au plus si l’on peut dire qu’elle y est à l’état d’ébauche.

La sensibilité pour Kapila, vient de la réunion des éléments ; (eau, air, feu, terre) : le principe vital, l’âme, est la résultante des propriétés réunies de ces éléments.

Est-il possible d’émettre et de développer une semblable théorie, sans avoir l’esprit fixé vers un principe qui fait que les organes ressentent l’action des causes ? N’importe le nom qu’on lui ait donné, ne reste-t-il pas toujours le même ?

Nous ajouterons que Broussais était loin peut-être de se douter, lorsqu’il jeta les bases de sa doctrine, que son principe intracrânien, qu’il donne comme quelque chose de nouveau, avait été entrevu bien des siècles avant lui par Kapila, qui place l’âme au-dessous du crâne.

Au premier abord on pourrait s’étonner de nous voir invoquer l’autorité d’un philosophe, lorsque nous traitons une question médicale.

L’explication est simple : de tout temps, surtout dans l’antiquité, la médecine a été intimement unie à la philosophie ; celle-ci appelle la première à son secours pour la recherche du principe vital ; en revanche, elle lui impose sa méthode, sa dialectique, et par malheur ses égarements aussi.

Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les doctrines médicales aux divers systèmes philosophiques ; par ce rapprochement on s’aperçoit bientôt que toutes s’appuient sur des bases empruntées à ceux-ci.

Cela est si vrai que nous voyons Thémison, quelque temps avant l’ère chrétienne, créer sa doctrine sous l’influence des dogmes d’Epicure et d’Asclépiade. D’après le philosophe grec, les corps seraient composés d’atomes dans un écoulement perpétuel ; ces atomes mis en contact avec les sens détermineraient la manifestation du sentir. Les disciples de Thémison, Thessalus et Soranus, perfectionnèrent son œuvre en la développant. Il n’en reste plus que la traduction de Cœlius Aurélianus.

Nous ne nous attacherons pas à discuter les idées du médecin grec, ce serait sortir de notre rôle, nous dirons seulement que le strictum et le laxum de Thémison n’auraient pu lui venir à l’esprit sans l’idée de l’Irritabilité.

Nous verrons à l’époque moderne ces mêmes mots reparaître avec Brown.

Comme toutes les sciences, la médecine a passé par trois phases distinctes : la première théologique ; la seconde métaphysique ; et la dernière positive. On pourrait même à la rigueur trouver cette division à chaque période de civilisation ; bornons-nous à en dire un mot à partir de l’ère chrétienne.

La phase théologique s’étend de l’invasion des barbares à la fin du moyen-âge ; nous y trouvons la colère d’un Dieu sévère en lutte avec les principes laissés par les Grecs et les Latins. Nous n’avons pas à nous en occuper.

La seconde période part de la Renaissance et se termine à la Révolution. Nous allons y trouver les archées de Van-Helmont, les esprits vitaux etc. ; nous verrons la période positive commencer à se dessiner.

À la suite du mouvement intellectuel parti de l’Italie, arrive le XVIIe siècle avec toutes ses splendeurs.

Tandis que la littérature s’élevait à un point de perfection jusqu’alors inconnu, la physiologie s’essayait avec Glisson à appliquer la méthode réformatrice de Bacon à la recherche du principe qui anime l’organisme.

Les études de Glisson l’amenèrent à la connaissance d’une force présidant aux mouvements organiques : il l’appela Irritabilité, elle était mise en jeu ou influencée par des causes externes qu’il nomma Irritants.

Cette théorie, peu connue des contemporains de Glisson, tomba pour ainsi dire dans l’oubli.

Elle reparaît plus tard avec Stahl, mais sous une forme différente. Ce dernier, épris des principes philosophiques de Descartes et des illusions de Malebranche, très-fort en physique et en chimie, admet que la matière n’a qu’une propriété brute, c’est-à-dire qu’elle ne peut réagir par elle-même. Il crée pour l’exciter un principe immatériel, éthériforme, dominant l’organisme, l’âme.

L’irritabilité était donc une propriété de l’âme, puisque les causes agissaient sur celle-ci pour amener un changement dans la machine animale.

Signalons en passant E. Darwin qui, pour étendre la doctrine de Stahl à tous les corps vivants, émet cette opinion que les végétaux aussi ont une âme particulière, d’une autre essence que celle des animaux.

En 1748, Gorter revient à la doctrine de Glisson, il tire l’Irritabilité du délaissement dans lequel elle était tombée.

Winter développe cette idée.

Lups montre que cette propriété appartient aux végétaux et Gaub, admet qu’elle est propre aux liquides organiques.

Enfin nous arrivons à Haller qui, pénétré de la méthode philosophique de Bacon et de Descartes, ne se contente pas de baser ses opinions sur des principes généraux entrevus dans l’organisme, mais recourt à l’expérimentation pour ses recherches physiologiques. Il mit à nu toute sorte de tissus sur lesquels il fit agir des agents chimiques, physiques et mécaniques. Il déduisit de ses expériences, que les tissus possèdent une propriété particulière sous l’influence de laquelle ils reviennent à leur état ordinaire quand ils ont été déplacés. Pour la facilité du langage il appela ces deux effets, contractilité et rétractilité, et la propriété intrinsèque des tissus par laquelle ils ressentent l’action des causes, Irritabilité. Il donne le nom de Sensibilité au principe particulier que possèdent les nerfs de sentir la douleur quand ils sont irrités.

Cette doctrine était fort belle pour l’époque et répondait on ne peut mieux aux idées philosophiques ; mais elle était trop étroite, car elle ne pouvait s’appliquer aux végétaux, ceux-ci n’ayant pas de filets nerveux.

Malgré le bien qu’elle fit à la médecine, cette doctrine trouva de nombreux détracteurs. Lary, Whytt, Cullen. Lary et Whytt se refusaient à admettre qu’un tissu puisse être excité s’il ne possède pas des nerfs ; cette opinion, nullement fondée, est encore soutenue de nos jours par quelques physiologistes.

Fontana, Signa relevèrent les attaques portées contre Haller.

Bientôt on rejeta l’Irritabilité de Glisson et la sensibilité de Haller, pour admettre un principe général propre aux végétaux et aux animaux, régissant tous les êtres vivants.

C’est le principe vital de Barthez, d’Hufeland et de Blumenbach, dominant l’organisme de concert avec l’âme, qui à la priorité : c’est la ψυχή des philosophes grecs unie au νοῦς d’Aristote. Toujours la philosophie entraînant la médecine dans sa route aventureuse !

Ne reconnaît-on pas dans tes pensées du chef de l’école de Montpellier l’influence du mysticisme du XVIIIe siècle, introduit dans les sciences médicales par Paracelse, Van-Helmont et Jérôme Cardan médecin et naturaliste de Pavie ?

Les systèmes précédents laissés un instant de côté sont remis sur le tapis par Brown (1780) qui revient aux idées de Glisson. Il démontre que le principe vital tel qu’on l’entendait, n’était qu’une simple hypothèse ; que la manifestation de la vie exige deux conditions essentielles, un organisme et un milieu. Saisissant l’influence des agents externes sur les corps vivants, il émet que les tissus possèdent une propriété intrinsèque (Incitabilité), qui leur permet de réagir sous l’action des agents modificateurs ou milieux (Incitamenta.) C’est uniquement la théorie de Glisson développée et dont les noms sont changés.

Quoique plus générale, la doctrine de Brown pèche en partie par sa base, car ce physiologiste confond tous les incitants, il ne tient compte ni de leur nature, ni de leur quantité, ni de leur qualité. Dans sa pensée leur action semble être la même sur tous les tissus.

Il est presque inutile de nous arrêter à l’orgasme de Lamarck, qui n’est qu’un mot nouveau et sans grande valeur.

Tiedman ne fit encore que changer, les noms ; il appela Excitabilité, l’irritabilité de Glisson et l’incitabilité de Brown ; les irritants ou incitants devinrent des Excitants. C’était tourner toujours autour du même cercle.

Pour faire quelque chose de nouveau, Tiedman va plus loin que le physiologiste écossais ; il avance que les liquides dépendant directement du sang sont excitables. Il distingue même les excitants qui agissent sur les mouvements volontaires de ceux qui portent leur action sur la nutrition et il cherche à les séparer des agents physico-chimiques.

Rappelons que le système de Brown pris et légèrement modifié par Razori a servi et sert même encore de base à l’une des plus fameuses écoles Italiennes. Quelques années plus tard il devait étayer la célèbre doctrine physiologique, en immortalisant le nom de son auteur.

La médecine doit être reconnaissante envers Broussais des faits nouveaux qu’il expose et de la tendance qu’il donna aux esprits vers la Pathologie Naturelle. Mais, comme tout novateur hardi, il est allé trop loin ; en voulant ramener tous les cas pathologiques à un départ unique, il a été forcé de s’imposer des bornes trop étroites.

Enfin, nous voici rendu à l’époque actuelle qu’on peut considérer comme la période positive de la médecine, période qui s’est surtout accentuée depuis les travaux de A. Comte.

L’Irritabilité est admise par presque tous les physiologistes. Deux hommes ont surtout concouru à son développement, Cl. Bernard et Virchow.




CHAPITRE II




NATURE ET CAUSE DE L’IRRITABILITÉ. — Quand on suit attentivement la marche de la philosophie et de la médecine, on peut se convaincre qu’une idée a toujours dominé ces deux sciences : la connaissance du principe qui anime la machine animale, notamment chez l’homme.

Nous voyons les hypothèses les plus vagues se placer à côté des faits et des exposés les plus rationnels. Tantôt, guidé par le mysticisme le plus absolu, on est allé chercher un principe vaporeux imposant ses lois à l’organisme ; tantôt, on ne s’en est tenu qu’à l’observation pure et simple et l’on est tombé dans le matérialisme le plus grossier.

Avant d’aborder la question en elle-même, il nous paraît utile de donner quelques considérations générales sur la force.

On entend par force, une propriété, inhérente à tous les corps jetés dans l’univers, cause du mouvement.

On sait que ces corps sont dus à la réunion d’atomes dont l’existence est prouvée chimiquement par les combinaisons. On a voulu, en philosophie, pousser cette divisibilité à l’infini, cependant, il est plus rationnel de s’en tenir au raisonnement basé sur les lois chimiques.

Ces atomes n’existent réellement pas, ce sont autant de points sans étendue, de centres de forces, de sorte que l’on peut dire que la force est la matière elle-même.

Ces atomes sont dans un mouvement continuel, c’est-à-dire qu’ils sont le mouvement lui-même et par contre, la force n’est que le mouvement[2]. Ce mouvement atomique développe une sorte d’attraction qui entraîne les atomes à se réunir (affinité).

La réunion des atomes constitue les molécules. Or, les molécules de chaque corps contiennent la même quantité de matière de ce corps et ont les mêmes propriétés, ce qui est prouvé par la physique et la chimie. De plus, il est facile de concevoir que ces molécules sont dans un mouvement perpétuel qui a pour conséquence une attraction réciproque.

Si le champ du mouvement moléculaire est vaste, le corps considéré portera le nom générique de gaz. La vitesse de déplacement de chaque molécule est effrayante ; elle varie avec les corps. Pour l’hydrogène cette vitesse est de 1859 mètres par seconde ; pour l’oxygène 465 mètres ; elle est moindre pour les autres gaz. (Joule)[3].

Le champ moléculaire se restreignant, on a un liquide ; la vitesse de déplacement est moindre, elle égale dans un jour la vitesse des molécules gazeuses dans une seconde.

Les molécules des solides ont leur déplacement limité vu que les centres des forces sont plus rapprochés ; leur mouvement s’exécute sur place même.

Ces principes permettent de conclure que la propriété générale de la matière, celle par laquelle elle existe, c’est le mouvement ; par une simple déduction on arrive à démontrer que ce mouvement est la source de toutes modifications, puisque c’est la force elle-même.

Si nous passons aux tissus organiques, de quoi les trouvons-nous composés ? de cellules, de fibres, de granulations ! Mais l’analyse peut aller plus loin en s’aidant de la chimie. Nous obtenons alors de l’oxygène, du carbone, de l’hydrogène, de l’azote plus quelques autres corps simples variant avec le tissu considéré.

Nous pouvons donc conclure que tout ce qui existe dans l’univers est le fait de l’agrégation d’atomes des simples éléments chimiques.

Nous sommes ici en présence de deux faits : 1o l’existence générale des mêmes éléments ; 2o Le mouvement comme unique propriété de ces éléments. Donc tout est mouvement, rien n’existe sans le mouvement.

Nous venons de dire que les molécules de l’hydrogène étaient douées d’un mouvement de déplacement dont la vitesse égale 1859 mètres par seconde, et celles de l’oxygène de 465 mètres dans le même temps. Si l’on met en présence deux atomes d’H et un d’O, on aura de l’eau. Supposons qu’au moment de la combinaison l’on obtienne de la vapeur d’eau ; les molécules seront douées d’une vitesse de déplacement égale à la moyenne des deux nombres donnés. Mais les molécules liquides auront une vitesse 86400 fois moindre, puisque leur déplacement dans un jour n’atteint que celui obtenu en une seconde par une molécule gazeuse.

Le mouvement varie ainsi par le seul fait de la réunion d’atomes différents ; or, ce mouvement sera d’autant plus modifié que les corps seront plus complexes, de sorte que, nous pouvons énoncer les deux lois suivantes : 1re loi. — La vitesse du déplacement moléculaire est la seule différence qu’on puisse établir entre les corps. 2e loi. — Quand deux atomes différents sont mis en présence et qu’ils se combinent, la modification du mouvement est en rapport avec le corps obtenu.

Les corps organiques sont dus à la réunion d’un plus grand nombre d’éléments que les corps bruts ; les éléments y sont aussi en plus grande proportion. On peut donc se représenter tous les corps, formant une échelle continue, dont le premier échelon commence aux corps élémentaires et dont le dernier se termine aux animaux les plus supérieurs. En s’appuyant sur les deux lois énoncées on voit ainsi le mouvement se compliquer et se modifier à mesure qu’on remonte l’échelle. Chez les êtres vivants, il prend le nom d’irritabilité nutritive, dont la manifestation détermine ce qu’on entend par le mot vie.

L’Irritabilité nutritive est la cause du phénomène vital, c’est par elle que les organismes élémentaires offrent le mouvement nutritif dont la base est l’absorption de l’O et la réjection de l’CO2. Telle est l’apanage de tous les êtres organiques, du végétal monocellulaire comme du dicotylédone, de l’amibe comme de l’homme[4].

Faut-il s’étonner de ces divers modes de manifestation du mouvement dans différents corps ? Est-ce que la lumière, la chaleur, l’électricité ne sont pas d’autres modes du mouvement ? Ne sont-elles pas des variantes de l’attraction universelle ? Pourquoi ce mouvement resterait-il un, identique, en passant d’un corps moins complexe à un corps plus complexe ?

Dans les êtres vivants, il existe à côté de l’Irritabilité nutritive, l’Irritabilité fonctionnelle[5], qui n’est que la manière spéciale des tissus de réagir sous l’effet de l’excitation, c’est-à-dire la résistance d’une force à l’action d’une autre force.

De même que l’irritabilité nutritive établit la différence entre le règne minéral et le règne organique, de même l’irritabilité fonctionnelle sépare le monde végétal du monde animal.

Chez la plante, la chlorophylle à la propriété, sous l’influence des rayons solaires, de décomposer l’acide carbonique et de fixer le carbone, pour rejeter l’oxygène ; c’est un phénomène qui dépend de l’irritabilité fonctionnelle.

En résumé, tous les atomes sont en mouvement ce mouvement varie sous la modification des molécules ; ces molécules se groupent en grand nombre et suivant des proportions données pour constituer des éléments qui peuvent se multiplier et vivre par l’effet d’un mode du mouvement (Irritabilité nutritive) ; l’union de ces éléments constitue des corps pouvant réagir sous l’action des milieux (Irritabilité fonctionnelle).

Un dernier point reste à établir : d’où vient ce mouvement ? Plusieurs auteurs ont répondu : il est sous la dépendance des rayons du soleil, et ils ont montré, avec une habileté ingénieuse, comment les rayons solaires (mouvement) entraînent le mouvement nutritif de la plante et l’accumulation de carbone (force de tension)[6] ; puis comment l’animal change cette force de tension, en force vive, par l’action de l’oxygène.

Mais ce n’est que reculer la question, car le mouvement qui détermine la manifestation des rayons du soleil, d’où provient-il lui-même ? Quel est le mouvement primitif et inconnu qui l’a engendré ?… Ici vient se briser toute la puissance humaine ; sans nous arrêter aux opinions émises, nous croyons qu’il est plus sensé de répondre avec Bacon que « la recherche du pourquoi des choses, nous conduit toujours à une cause sourde qui ne répond plus à nos questions. »

Les plantes et les animaux sont ainsi sous la dépendance de deux forces : l’irritabilité nutritive et l’irritabilité fonctionnelle.

L’histologie a démontré que tous les êtres vivants sont composés de cellules ou de dérivés de cellules (fibres, granulations) auxquelles on a donné le nom d’organismes élémentaires.

Or, la cellule animale ne se distingue pas de la cellule végétale au point de vue de sa composition ; elles baignent l’une et l’autre dans un même liquide ou du moins dans des liquides identiques[7]. Du reste ne sait-on pas qu’arrivés aux derniers degrés de l’échelle animale, dans la classe des monocellulaires, les savants n’osent plus se prononcer et restent indécis entre le règne animal et le règne végétal ?

Toutes ces cellules possèdent la même propriété, celle d’absorber l’oxygène et de rejeter de l’acide carbonique (respiration). Cet O sert à brûler les hydrocarbonés qui composent le contenu de la cellule. Cette combustion entraîne un mouvement nouveau qui constitue l’irritabilité fonctionnelle et qui lui commande.

L’irritabilité fonctionnelle est ainsi sous la dépendance de l’irritabilité nutritive. Les expériences de Cl. Bernard à ce sujet, sont décisives. Le célèbre physiologiste a constaté que le manque d’O arrêtait l’irritabilité nutritive (animaux et végétaux) et par contre l’irritabilité fonctionnelle ; Tandis que cette dernière propriété peut être annulée sans que l’irritabilité nutritive en ressente le moindre effet. Ainsi, par les vapeurs mercurielles on arrête la fonction chlorophyllienne et cependant la plante continue de vivre[8]. Chez les animaux, l’éther détruit les mouvements vibratiles sans atteindre la vitalité des cellules qui les manifestent.

Ce qui permet de conclure que la vie est sous la dépendance de l’irritabilité nutritive, qu’elle en est la manifestation ; que l’irritabilité fonctionnelle dérive de la première et qu’elle n’est que la manière de réagir des tissus sous l’action des agents modificateurs. Mais dira-t-on, dans le monde organique, les combinaisons et les décompositions qui caractérisent l’action nutritive, ne se font plus comme dans un creuset, et n’obéissent plus aux lois de la chimie. Que se passe-t-il quand une étincelle électrique traverse un mélange de 2 volumes H pour 1 vol. O, plus 1 vol. C pour un vol. O. On obtient de la vapeur d’eau plus de l’acide carbonique. Ainsi, des éléments sont mis en présence et leur affinité (mouvement atomique) est excitée par un mouvement (électricité) en sorte qu’ils se combinent.

Or, qu’avons-nous dans une cellule des composés hydrogénés et carbonés De l’oxygène est apporté par le sang, sous l’influence de l’irritabilité nutritive ; cet oxygène se combine avec l’hydrogène et le carbone et nous voyons encore se produire de l’eau et de l’acide carbonique. Nous avions les mêmes éléments en présence, plus une force chargée d’agir sur eux (mouvement) que pouvions nous obtenir, si non le même résultat ; ce qui permet de déduire que ces deux faits sont identiques.

C’est-à-dire que l’irritabilité nutritive joue un rôle double qui peut se rapporter à ce qui suit. Supposons que H et O séparés par l’électrolyse viennent se réunir dans un vase commun, dans lequel passent constamment des étincelles électriques ; ces deux éléments séparés par l’électricité se combineront de nouveau sous l’influence de l’électricité.

Ainsi, sous l’action de l’irritabilité nutritive, des éléments nouveaux sont élaborés pour entrer dans la constitution intime de la cellule ; les premiers arrivés se séparent pour se combiner à l’oxygène du sang et entretenir le mouvement vital.


CONDITIONS INDISPENSABLES POUR LA MANIFESTATION DE L’IRRITABILITÉ. — Ces conditions sont au nombre de deux : Un organisme et un milieu ; elles sont aussi vraies que, le fameux axiome de Descartes.

En effet, retranchons l’organisme (atome, mouvement) ou les milieux (sphères dans lesquelles agit le mouvement) : plus de force, plus d’irritabilité. Il importe de voir si l’irritabilité appartient à tous les tissus. D’après ce que nous avons déjà exposé, il est certain que l’irritabilité nutritive existe dans tous ; il faut rechercher s’il en est de même pour l’irritabilité fonctionnelle.

Le corps, de tous les animaux est composé par la réunion d’un ou de plusieurs tissus, qui restent identiques, quel que soit l’échelon qu’occupe l’être considéré, mais variant par la qualité ou par la quantité.

Ces tissus sont : 1o le tissu nerveux ; le tissu musculaire ; 2o le tissu conjonctif. L’élément principal qui entre dans leur structure, c’est la cellule.


TISSU NERVEUX. — Il est presque superflu de parler de l’appareil de l’innervation ; l’irritabilité lui est propre ; cela est si vrai que tout le monde l’admet. On peut le prouver en prenant un animal quelconque, une grenouille par exemple ; on découvre un nerf et on l’excite. Si cet organe ne possédait pas ce principe, il resterait dans le domaine de la matière brute et ses éléments seraient inertes ; mais il n’en est pas ainsi, les atomes organiques entrent en mouvement réactionnel en déterminant une impression qui, si on agit sur un nerf sensitif, se réfléchit sur les nerfs du mouvement et produit des contractions musculaires ; si le nerf sur lequel on expérimente est moteur, contractions musculaires sont produites directement.


TISSU MUSCULAIRE. — On a nié et on nie même encore l’irritabilité fonctionnelle dans les muscles. On prétend qu’ils la tiennent des filets nerveux. Nous avons vu Haller trouver de nombreux contradicteurs, et jusqu’à ces derniers jours ils s’étaient faits forts d’objecter toujours les imperfections des expériences. Cl. Bernard a heureusement réduit à néant leur argument le plus précieux. Il empoisonne une grenouille par le curare, en introduisant cette substance sous la peau ; or, cet agent n’agit que sur les nerfs du mouvement qu’il paralyse ; si on excite un muscle, celui-ci se contracte ; donc le muscle est irritable quoique le système nerveux moteur soit mort. Cette expérience prouve en outre que le tissu nerveux et le tissu musculaire sont d’une essence différente, puisque le même agent tue l’un et laisse l’autre manifester sa propriété caractéristique.


TISSU CONJONCTIF. — Nous pourrions invoquer comme preuve de l’existence de cette propriété dans ce tissu, les phénomènes qui surviennent dans la cicatrisation ; car, pourquoi ne donne-t-il pas alors naissance aux mêmes éléments ? le tissu nouveau est tantôt osseux, tantôt cartilagineux, tantôt semblable à celui pris pour type. On pourrait peut-être contester. Ce qu’il y a de plus certain, c’est que ce tissu contient des cellules qui, nous le verrons, jouissent de la propriété qui nous occupe.


CELLULES. — Les cellules nerveuses sont irritables, c’est de toute évidence. Quant aux autres, il suffit pour le prouver de rappeler leur rôle selon le lieu où elles se trouvent. Les cellules intestinales se prêtent à l’absorption tandis que celles de la vessie s’y refusent au contraire. Les cellules des glandes salivaires secrètent un liquide alcalin, celles de l’estomac, un liquide acide, etc...etc...


LIQUIDES ORGANIQUES. — Les liquides eux-mêmes n’échappaient pas à l’Irritabilité, d’après Gaub et d’après Tiedman ; il suffit de s’entendre, : le sérum est inerte pour nous ; quand aux globules ils ne sont que des cellules[9], ils entrent dans la loi ordinaire. Sont exclus les liquides excrémentiels (urine, sueur etc.)

Nous avons vu plus haut que l’Irritabilité préside, soit à l’accomplissement des fonctions, soit à la nutrition des tissus, d’où les noms d’Irritabilité fonctionnelle et d’Irritabilité nutritive qu’on a donnés à ses deux modes de manifestations. Virchow était allé plus loin ; il avait distingué l’Irritabilité de développement qui n’est que la première période de l’Irr. de nutritrition[10], comme le fait comprendre Cl. Bernard.

L’origine de ces deux formes de l’Irritabilité est la même, mais elles se manifestent par des agents différents. Nous avons dit que l’Irritabilité est un mode du mouvement, or, quand ce mouvement s’exécute sous l’influence des centres encéphalo-rachidiens, on a l’Irr. de fonctionnement ; s’il s’exécute par l’action du sympathique on a l’Irr. de nutrition. D’où l’on peut déduire que ce mouvement est intermittent pour la première et continu pour la seconde.

Disons un mot maintenant des milieux. On appelle milieux, l’espace dans lequel plongent la cellule ou le corps lui-même. On distingue des milieux externes et internes relativement à l’organisme envisagé en général, mais, au point de vue des éléments, cette division est sans valeur.


AIR. — L’air doit être composé de 20, 80 0, 79, 20 Az ; il contient en outre de CO2 et des traces de HS, CO, H4C2.

Grâce au mélange des deux premiers gaz (nous pouvons considérer les autres comme non existant, vu leur faible proportion) mélange qui pénètre dans le sang à travers les cellules des poumons, les éléments nutritifs peuvent entrer dans le cercle vital et ceux qui sont usés en sortir ; c’est-à-dire que le mouvement peut se transformer en chaleur et la chaleur en mouvement.

Mais que de causes qui agissent à tout instant pour changer cette constitution de l’air atmosphérique ! que de sources d’impuretés, d’infections qui vicient l’agent par excellence de la vie ! Or il passe impur aussi bien que dans le premier cas et alors son action ne peut plus amener les mêmes effets.


EAU. — Pour que les éléments histologiques jouissent librement de leurs propriétés et par conséquent possèdent l’Irr. fonctionnelle, il faut une certaine humidité. C’est grâce à l’eau qu’un organisme peut résister dans un milieu à température élevée.


CHALEUR. — La chaleur est nécessaire. Pour les animaux supérieurs la température doit avoir une moyenne de 25° à 50° elle ne doit jamais s’abaisser au-dessous de 18° ni s’élever au-dessus de 45°


LUMIÈRE. — La lumière à une action très-importante, il suffit de rappeler que les êtres qui viennent en dehors de son action sont pâles, malingres et étiolés.


ÉLECTRICITÉ. — Elle exalte l’Irritabilité, mais la science n’a pas encore dit son dernier mot sur ce point.


ALIMENTS. — À chaque instant des molécules se détachent des organes vivants pour faire place à d’autres. L’Histochimie nous révèle la complexité des éléments histologiques. Ils sont dus à un agrégat particulier et proportionnel d’atomes d’H., d’O., d’Az., de C., de NaO, de KO, de Fe, de Nik et de quelques autres corps simples.

Dans la molécule qui s’élimine, ces éléments y sont contenus dans les proportions déterminées.

Mais cette molécule doit être remplacée, et celle qui va prendre sa place, dans le cercle vital, devra nécessairement apporter elle aussi les éléments contenus dans l’organisme et selon la proportion donnée.

Il découle de là que les aliments exigent, dans leur constitution, les mêmes corps simples que nous avons trouvés dans le corps animal, sinon, le mouvement moléculaire sera arrêté.


SANG. — Le sang constitue le milieu interne, il n’est pas indépendant des milieux externes[11] ; c’est lui qui reçoit leur influence, il est pour ainsi dire le trait d’union entre eux et les organismes élémentaires. Il baigne les tissus dans tous les sens et les pénètre en leur apportant les matériaux propres au mouvement vital.

Sa composition est complexe ; il renferme des globules et les entraîne avec lui sans les imbiber, car ces globules renferment un liquide potassique, tandis que le sérum contient de la soude. On rencontre divers autres éléments, de l’albumine, de la matière fibrino-plastique, des sels, des gaz, etc.

Nous ferons remarquer que le sang est on ne peut mieux disposé pour être modifié par les milieux cosmiques. Si sa composition s’altère, aussitôt il n’apporte plus les mêmes éléments aux organules ; les cellules, les fibres, les granulations ne reçoivent plus leur contingent, le mouvement moléculaire se modifie et l’Irritabilité peut disparaître peu à peu.

Nous n’entrerons pas dans de plus amples détails, ce serait dépasser notre but, et ces données suffisent pour l’explication de ce qui va suivre.


CHAPITRE III


Rôle de l’irritabilité dans la Pathogénie.


De ce que nous venons de voir, nous pouvons déduire, que la vie est l’ensemble du mouvement communiqué aux éléments organiques par l’Irritabilité, sous l’influence des milieux.

Pour que la manifestation vitale se présente sous sa forme type, il faut que les deux conditions indispensables à son existence soient normales.

Nous dirons même plus, il suffit uniquement que les milieux aient leur constitution intégrale.

En effet, nous savons que tout être vient d’une cellule ; cette cellule se multiplie, par division, en donnant toujours des cellules identiques à elle-même et possédant des propriétés analogues tant que les milieux ne changent pas et cela indéfiniment ; le mouvement communiqué à l’élément organique primitif se continue, et il n’est pas de raison pour qu’il s’arrête, à moins qu’une nouvelle force ne vienne contrebalancer la cause première ; et cela n’aura lieu que par l’intermédiaire du milieu ; cette force supposée ne peut se développer spontanément dans l’organule.

Considérons un organisme à son origine : ne prendra-t-il pas son développement complet si les milieux ne varient pas ? Au moment où il entre dans la sphère des êtres vivants, s’il est irrégulier, difforme, incomplet, n’est-ce pas dû à la modification du milieu dans lequel il a germé ?

Donc, pour que la vie soit telle que la représente la conception idéale, il faut que les milieux soient normaux.

Comme corollaire de ces données nous dirons que l’organisme qui se trouve dans ces conditions est à l’état normal.

Répétons-le et nous ne saurions trop insister sur ce point : le mouvement vital exige pour se manifester que le rapport qui existe entre les milieux et l’organisme soit déterminé et par contre invariable.

Tous ces milieux ont leur constitution arrêtée. Il est facile de comprendre, vu cette multiplicité des agents qui agissent sur l’organisme, la difficulté de pénétrer les faits morbifiques. Si l’on n’avait qu’un milieu à envisager dans un cas pathologique donné, on n’aurait qu’à chercher la modification subie par le milieu pour arriver à la cause. Mais il n’en est pas ainsi ; les agents sont complexes ; quel est celui qui a été modifié ? Comment les isoler pour agir alternativement sur l’une sur l’autre ?


DE LA MALADIE. — Bien souvent on a voulu faire une entité de la maladie, un être inconnu, immatériel, une puissance occulte contre laquelle le médecin devait lutter, et, si l’organisme ne succombait pas on ne manquait pas de s’écrier : la maladie est vaincue. Pourquoi vouloir que le corps malade n’obéisse plus aux lois ordinaires de la vie ?

N’était-on pas allé jusqu’à chercher à découvrir les lois pathologiques ? Du moment qu’une cause morbifique avait agi sur un être, ses organes, lui-même était soustrait aux lois ordinaires de la physiologie, et, comme sous l’effet d’une baguette magique, des forces nouvelles entraînaient l’organisme à sa destruction. Les plus fanatiques allaient jusqu’à créer des chimères, inventer des esprits malfaisants qui désorganisaient le corps animal.

Enfin la lumière se fit avec Broussais qui démontra en partie que l’organisme malade est soumis aux mêmes lois que lorsqu’il est en santé, aussi donna-t-on aussitôt le nom de Pathologie Physiologique à la science qui s’occupe des maladies. Cette expression, comme le fait si bien remarquer E. Wagner, est vide de sens[12] car la physiologie n’a pas créé sa méthode, aussi croyons-nous qu’il est préférable d’adopter le nom de Pathologie Naturelle.

Broussais est ainsi le premier qui ait indiqué la marche à suivre pour arriver à la connaissance réelle de la, pathogénie. Cependant, ce n’est que de nos jours qu’on a pu tracer une route sûre et certaine grâce à la délicatesse des expériences.

Toutes les maladies, comme nous l’avons dit ci-dessus, émanent de la même source, à savoir, de la modification des milieux. L’action de ceux-ci sur l’irritabilité, en dehors de leur constitution intégrale, peut varier de telle sorte que cette propriété soit augmentée, diminuée ou détruite. Dans ces trois cas différents viennent se ranger tous les faits pathologiques.


EXCÈS DE L’IRRITABILITÉ. — Une subdivision semblerait utile au premier abord selon que l’on a affaire à l’une des deux formes de l’irritabilité. Cependant rappelons que l’irritabilité nutritive commande à l’Irritabilité fonctionnelle, de sorte que la seconde n’est atteinte que lorsque la première n’exécute plus normalement ses fonctions. En effet, il est démontré aujourd’hui que tout ce qui s’accomplit dans l’organisme est le fait du rôle des cellules. Or, tant que celles-ci resteront les mêmes, leur rôle ne variera pas et les produits qu’elles donneront seront identiques. Pour plus de facilité observons ce qui se passe dans un rein en bon état. L’épithélium des tubes de Bellini laisse transsuder le sérum sanguin, reprend l’albumine et abandonne l’eau avec les sels. Cette fonction s’accomplira sans interruption tant que les cellules ne seront pas modifiées. D’un autre côté si nous prenons un sujet atteint d’albuminurie, nous verrons ces mêmes cellules ne plus retenir l’albumine, qui est ainsi entraînée par le sérum ; or, il faut que ces cellules n’aient plus la même constitution que dans le premier cas, c’est-à-dire que l’irritabilité nutritive ayant varié sous l’action d’une cause, l’effet qui en résulte est un changement dans l’irritabilité fonctionnelle.

Nous pourrions prendre d’autres exemples encore, le diabète sucré notamment, qui on le sait est déterminé expérimentalement par la piqûre du plancher du 4e ventricule vers le calamus scriptorius. Cette piqûre faite un peu plus en avant amène l’albuminerie. On pourrait nous dire que, la lésion existant sur le système nerveux, l’affection dépend de cette lésion et non de l’épithélium. Nous ne croyons pas qu’il en soit ainsi, vu le rôle des couches épithéliales, seulement ces deux faits, que nous avons choisis avec intention, démontrent que le système nerveux a par son irritabilité plus intense et plus exquise, une prépondérance marquée sur l’organisme animal.

Quand un milieu altéré agit en augmentant l’irritabilité, que se passe-t-il ? Ce milieu produit l’effet d’une force qui vient s’ajouter à la force vitale, ou mieux, est comme un mouvement venant du dehors qui s’unit au mouvement constituant l’irritabilité nutritive. Pourrait-il en être autrement puisque le mouvement n’est engendré que par le mouvement ? Cet excès d’irritabilité entraîne ce qu’on appelle l’Inflammation ; ce n’est en somme que la suractivité du mouvement nutritif et moléculaire.

Le premier élément atteint est la fibre ou la cellule nerveuse, puis aussitôt les cellules de la région fonctionnent beaucoup plus activement ; cet excès de travail entraîne forcément une modification de leur état. Au début il n’y a qu’une simple accélération du rôle des cellules, plus tard l’altération de ces éléments entraîne des faits pathologiques.

Le mouvement qui s’est ajouté au mouvement des organules a entraîné une plus grande rapidité d’élaboration, de telle sorte qu’il y a en plus, de la perte de mouvement dans le travail obtenu ; de là une augmentation du calorique.

Certains auteurs, se basant sur la suractivité des organes dans des conditions données, avaient prétendu que dans l’inflammation il y avait quelque chose de spécial et qu’elle ne pourrait être un simple excès d’activité des éléments. Cela paraît vrai au premier abord, mais qu’on fasse attention que l’irritabilité nutritive étant ainsi exagérée, ne peut laisser la cellule telle qu’elle était primitivement, que cet organisme élémentaire doit nécessairement et forcément varier ; nous n’insisterons pas, car nous serions obligé de revenir sur ce qui a été dit dans le deuxième chapitre. L’irritabilité fonctionnelle se modifie elle aussi et alors la formation de l’épanchement ou du pus ne paraît plus impossible.

Ainsi, l’inflammation n’est qu’une suractivité des éléments organiques, déterminée par une force émanée d’un milieu. Si ce milieu est externe, le processus est local, si c’est le sang, il est local ou général[13].

Le système nerveux prédominant dans l’organisme a été le premier atteint, les cellules ont précipité leurs fonctions, puis les vaisseaux se sont dilatés, leur couche musculaire étant devenue inerte par le fait de la paralysie des vaso-moteurs.

Le sang s’accumule dans la région atteinte, dont il ne peut s’écouler que difficilement, de plus il en arrive d’autre qui vient augmenter la pression, si bien qu’à un moment donné les parois vasculaires ne peuvent plus résister, étant elles-mêmes altérées, et le sérum s’épanche au dehors par l’imbibition des cellules, imbibition qui s’étend de proche en proche ; plus tard les globules blancs du sang, qui s’étaient accumulés contre les parois des vaisseaux, s’échappent au dehors grâce à leurs mouvements amiboïdes, à l’altération des tuniques qui les renferment et favorisés qu’ils sont dans leur fuite par l’épanchement lui-même. Ces faits avancés par Cohnheim ont été confirmés par les expériences de Khémianski et de E. Wagner.

Tels sont en résumé les faits qui s’observent dans le cas d’une inflammation ordinaire ; si la cause agit avec plus d’intensité, ces faits s’exagèrent, la pression qui résulte de l’épanchement oblitère les vaisseaux et, la région n’étant plus accessible au liquide sanguin, le mouvement moléculaire s’arrête, l’irritabilité s’éteint et la partie s’élimine ; c’est la gangrène[14].

Si la cause au contraire est plus légère il n’y a qu’une suractivité des éléments qui entrent alors en prolifération, se multiplient et donnent lieu à la formation d’une hyperplasie.

Le processus inflammatoire suit dans tous les cas son cours et finit par disparaître, c’est-à-dire que peu à peu les fonctions reviennent à leur état primitif.

Depuis le moment où l’affection s’est déclarée jusqu’à la fin de la guérison, que s’est-il passé ? Au début, nous avons vu le mouvement moléculaire nutritif se précipiter et amener des changements dans les éléments organiques, d’autre part on sait que ces éléments sont remplacés à chaque instant. Ils se détruisent en cédant la place à d’autres plus jeunes. Si nous envisageons une cellule de l’organe enflammé, nous la verrons bientôt précipiter ses fonctions puis deux noyaux se forment, la vieille enveloppe se détruit et cède la place à deux nouvelles cellules. Mais si cette cellule-mère était malade, les jeunes le seront elles aussi. À mesure que l’inflammation se dissipera, l’altération des cellules, par le seul fait de leur prolifération, deviendra de moins en moins appréciable et il arrivera un moment où elle semblera nulle et n’offrira plus aucun signe. Cependant il ne faut pas s’y tromper, au point de vue absolu, les cellules proliféreraient jusqu’à l’infini que jamais elles ne donneraient des cellules normales.

C’est-à-dire que, si nous désignons par une quantité l’altération de la cellule au moment où commence la guérison, par la multiplication cellulaire cette quantité sera divisée en deux parties qui se répartiront sur les deux globules nouveaux, puis ceux-ci continuant de se multiplier, la quantité de chacun sera divisée encore en deux, par conséquent le premier tout en quatre et ainsi de suite ; il arrivera un moment où la fraction pourra être considérée comme nulle mais jamais on n’obtiendra zéro. Il en est ici comme des fractions indéfinies qui ne donnent jamais un chiffre rond, on arrive à des quantités infiniment petites qu’on peut négliger mais qui ont une valeur mathématique.

Cependant, cette altération peut être considérée comme n’existant plus, la guérison est obtenue et l’organisme est revenu à l’état physiologique, mais il gardera une certaine prédisposition pour les phénomènes inflammatoires, en raison de ce que nous venons d’exposer.

Pour preuve nous invoquerons l’expérience : chacun sait que deux êtres ayant le même tempérament, la même constitution, étant soumis aux mêmes causes, l’un sera atteint par exemple d’une pharyngo-laryngite et l’autre n’éprouvera aucun dérangement. Après guérison complète du premier, on soumet de nouveau les mêmes sujets et dans les mêmes conditions, à des causes analogues aux premières, mais moins intenses, le premier sera de nouveau atteint de la même affection.

C’est ce qui a permis à E. Wagner de dire « que plus un organe a subi d’affections inflammatoires[15] plus il est exposé à en contracter de nouvelles[16]. »


DIMINUTION DE L’IRRITABILITÉ. — Si maintenant nous considérons un sujet débilité par une nourriture insuffisante, ou vivant dans un milieu humide, sombre, qu’arrivera-t-il si les causes de l’inflammation agissent sur un de ces organes ?

Les mauvaises conditions des milieux dans lesquels vivait cet animal ont agi peu à peu sur son organisme. Le sang qui constitue le milieu interne a subi lui-même l’influence des milieux externes. Il n’est plus aussi excitant pour les éléments histologiques [17], les matériaux nutritifs qu’il leur apporte ne possédant plus leur qualité première, n’ont plus répondu au mouvement atomique et moléculaire et l’irritabilité ne trouvant plus les conditions normales pour se manifester, a perdu de son intensité.

Prenez du soufre fondu, jetez-le dans l’eau, prenez-en du même et laissez refroidir à l’air, le groupement moléculaire n’est nullement le même. Eh ! que d’exemples ne pourrions-nous pas ajouter à celui-ci ! Il suffit ainsi de modifier un milieu pour que le rapport qui existe entre les atomes d’un corps varie aussitôt.

Les cellules, les fibres, enfin les organismes élémentaires, comme dit si bien Cl. Bernard, n’ont plus cette réaction qui les caractérise quand les milieux sont normaux. Si alors une cause de l’inflammation agit sur l’organisme, ce processus va se manifester, mais, comme il sera différent du premier cas !

On dirait que les nerfs de l’axe encéphale-rachidien font un dernier effort pour résister à l’action destructive qui vient de se manifester et que les vasomoteurs meurent de fatigue et de consomption. Les vaisseaux se dilatent, mais comme par atonie ; le sang, qui est dans ce cas toujours très-aqueux, baigne la partie affectée ; le sérum transsude avec facilité ; l’irritabilité fonctionnelle étant presque nulle, la fibre et la cellule n’ont presque plus de résistance ; les lymphatiques ne fonctionnent que très-lentement ; les glandes hématopoïétiques n’ayant plus assez de matériaux, ne fournissent que des globules blancs étiolés et ne pouvant presque plus devenir des globules rouges, si bien que le sérum se répand dans les tissus ambiants, les pénètre d’autant plus facilement qu’il n’y a aucune réaction et on obtient un œdème, une inflammation dynamique, enfin comme une destruction lente du corps, entraînée par la perle graduelle du principe vital.

La suppuration et les autres phénomènes s’accomplissent comme dans le premier cas.

Telles sont les deux phases de l’effet du changement des milieux sur l’organisme. Il est évident que les phénomènes ne se présentent pas toujours aussi simplement, car l’altération des milieux peut porter sur la quantité ou la qualité des éléments constituants, seulement on aura toujours un des effets que nous venons d’examiner.

Il ne suffit plus maintenant que de faire entrer dans notre cadre les affections parasitaires et celles dues aux effluves, aux miasmes et aux virus.

Or, n’est-il pas assez prouvé que les parasites entraînent l’inflammation des organes qu’ils habitent, et ne sont-ils pas un des altérants des milieux ?

Il en est de même des effluves ; des miasmes et des virus qu’on considère aujourd’hui comme des organismes végétaux ou animaux qui vicient les différents milieux. Leurs germes pénètrent dans le sang et sont entraînés dans tout le corps, ou bien ils se localisent là où se trouvent les conditions propres à leur développement. Ils s’approprient les éléments nutritifs du sujet et suractivent le mouvement moléculaire pour que ces éléments soient mieux élaborés et puissent leur être plus favorables, car ils vivent en parasites sur les fibres ou les cellules. L’irritabilité étant suractivée et ne trouvant pas assez de matériaux en emprunte aux organismes élémentaires et elle se détruit ainsi elle-même.

Du reste, les faits chimiques prouvent que dans toutes ces maladies existent des phénomènes inflammatoires ou tout au moins de suractivité organique.

Donc les modifications des milieux n’ont que deux effets sur l’organisme.


PERTE DE L’IRRITABILITÉ. — L’irritabilité anime l’être vivant à la condition que les milieux restent invariables. Or, si l’un de ces milieux se modifie de telle façon qu’il devienne une force antagoniste de la force vitale, soit directement, soit par son effet dans l’organisme, la dernière est détruite et les éléments histologiques rentrent dans le domaine de la nature brute.

Supposons pour plus de simplicité que l’oxygène ne puisse plus pénétrer dans le sang. Ce milieu interne continuera à aller baigner les organismes élémentaires, mais les matériaux nutritifs ne pourront plus se prêter aux réactions chimiques et venir remplacer les éléments usés, qui eux-mêmes ne seront pas éliminés. Le mouvement nutritif rencontrant des résistances et s’opérant aux dehors des rapports indispensables, se détruira. L’irritabilité fonctionnelle disparaît la première puis ensuite l’irritabilité nutritive. Alors surviennent des organismes (champignons) qui fixent l’oxygène, en dehors de l’action de la vie, sur les éléments des tissus et entraînent un mouvement par lequel ces éléments organiques se dédoublent, de telle sorte que chaque atome, doué de son mouvement primitif, se trouve livré à lui-même. Il revient dans le mode minéral d’où il est sorti ; c’est-à-dire qu’il n’est que l’expression la plus simple du mouvement, ce qu’il restera jusqu’à ce qu’une nouvelle force l’enchaîne à sa destinée et lui fasse recommencer une fois encore le cercle vital.

G.-J. DUMAS.




Lavaur — Marius VIDAL, imprimeur

  1. Colebrooke. — Essais, tome 1er, p. 245 et V. Cousin, Histoire de la philosophie, p. 52 et suiv.
  2. Voir Beaunis, revue des cours scientifiques, no 30, année 1874.
  3. Revue scientifique de 1873, no 16, conférence de Clerk-Maxwell.
  4. Cl. Bernard. Revue des cours scientifiques, 1873, no 15, p. 733.
  5. Voir Revue des cours scientifiques, année 1873. no 15, p. 338.
  6. Les rayons solaires venant frapper de leurs vibrations les parties vertes du végétal, la chlorophylle séparerait de l’acide carbonique et de quelques autres composés oxygénés (eau, ammoniacaux), l’oxygène qui serait rendu à l’air, et le carbone se fixerait ainsi que l’hydrogène. De cette façon les forces vives du mouvement des rayons lumineux s’accumuleraient sous forme de carbone dans les plantes, c’est-à-dire en forces de tension. D’autres parts, le carbone étant remis en présence de l’agent comburant (O) les forces de tension se transformeraient en forces vives. Or, l’animal en se nourrissant des végétaux, leur prendrait le carbone et l’hydrogène qui, entraînés dans l’organisme, seraient rendus propres à être brûlés par l’oxygène, apporté par le sang ; d’où chaleur et mouvement. Revue des cours scientifiques, sept. 1873, no 13, p. 276.
  7. Claude Bernard, Revue des cours de sep. 1873, p. 274.
  8. Cl. Bernard, Revue des cours sc. année 1873. no 15, p. 340.
  9. Physiologie, Küss et Duval, page 6.
  10. Tissus vivants, Cl. Bernard, page 85.
  11. Cl. B. Revue des cours scient. année 1S73. N. 13, p. 291.
  12. Pathologie générale de Uhle et Wagner, p. 40.
  13. On remarquera que nous n’émettons pas ici une hypothèse, chaque organe ayant sa circulation propre et indépendante de la circulation générale. — Cl. Bernard. Pathologie expérimentale pag, 309.
  14. M. L. Lafosse. Pathologie générale, Tome 1er, pag. 313.
  15. Voir Niémeyer, Pathologie interne, tome 1er, p. 130.
  16. Pathologie générale, Ulhe et Wagner, page 540.
  17. Cours sur la fièvre angéioténique, année 1874, par M. L. Lafosse.