Essai sur la poésie épique/Édition Garnier/9

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CHAPITRE IX.
MILTON[1].

 On trouvera ici, touchant Milton, quelques particularités omises dans l’abrégé de sa Vie qui est au-devant de la traduction française de son Paradis perdu[2]. Il n’est pas étonnant qu’ayant recherché avec soin en Angleterre tout ce qui regarde ce grand homme, j’aie découvert des circonstances de sa vie que le public ignore.

Milton, voyageant en Italie dans sa jeunesse, vit représenter à Milan une comédie intitulée Adam, ou le Péché originel, écrite par un certain Andreino[3], et dédiée à Marie de Médicis, reine de France. Le sujet de cette comédie était la chute de l’homme. Les acteurs étaient Dieu le père, les diables, les anges, Adam, Ève, le serpent, la Mort, et les sept Péchés mortels. Ce sujet, digne du génie absurde du théâtre de ce temps-là, était écrit d’une manière qui répondait au dessein.

La scène s’ouvre par un chœur d’anges, et Michel parle ainsi au nom de ses confrères : « Que l’arc-en-ciel soit l’archet du violon du firmament ; que les sept planètes soient les sept notes de notre musique ; que le Temps batte exactement la mesure ; que les vents jouent de l’orgue, etc. » Toute la pièce est dans ce goût. J’avertis seulement les Français qui en riront que notre théâtre ne valait guère mieux alors ; que la Mort de saint Jean-Baptiste, et cent autres pièces, sont écrites dans ce style ; mais que nous n’avions ni Pastor fido ni Aminte.

Milton, qui assista à cette représentation, découvrit, à travers l’absurdité de l’ouvrage, la sublimité cachée du sujet. Il y a souvent, dans des choses où tout paraît ridicule au vulgaire, un coin de grandeur qui ne se fait apercevoir qu’aux hommes de génie. Les sept Péchés mortels dansant avec le diable sont assurément le comble de l’extravagance et de la sottise ; mais l’univers rendu malheureux par la faiblesse d’un homme, les bontés et les vengeances du Créateur, la source de nos malheurs et de nos crimes, sont des objets dignes du pinceau le plus hardi : il y a surtout dans ce sujet je ne sais quelle horreur ténébreuse, un sublime sombre et triste qui ne convient pas mal à l’imagination anglaise. Milton conçut le dessein de faire une tragédie de la farce d’Andreino : il en composa même un acte et demi. Ce fait m’a été assuré par des gens de lettres, qui le tenaient de sa fille, laquelle est morte lorsque j’étais à Londres.

La tragédie de Milton commençait par ce monologue de Satan, qu’on voit dans le quatrième chant de son poème épique : c’est lorsque cet esprit de révolte, s’échappant du fond des enfers, découvre le soleil qui sortait des mains du Créateur :

Toi, sur qui mon tyran prodigue ses bienfaits[4],
Soleil, astre de feu, jour heureux que je hais,
Jour qui fais mon supplice, et dont mes yeux s’étonnent,
Toi qui sembles le dieu des cieux qui t’environnent,
Devant qui tout éclat disparaît et s’enfuit,
Qui fais pâlir le front des astres de la nuit ;
Image du Très-Haut, qui régla ta carrière.
Hélas ! j’eusse autrefois éclipsé ta lumière ;
Sous la voûte des cieux, élevé plus que toi,
Le trône où tu t’assieds s’abaissait devant moi.
Je suis tombé, l’orgueil m’a plongé dans l’abîme[5].

Dans le temps qu’il travaillait à cette tragédie, la sphère de ses idées s’élargissait à mesure qu’il pensait. Son plan devint immense sous sa plume ; et enfin, au lieu d’une tragédie, qui, après tout, n’eût été que bizarre et non intéressante, il imagina un poëme épique, espèce d’ouvrage dans lequel les hommes sont convenus d’approuver souvent le bizarre sous le nom de merveilleux.

Les guerres civiles d’Angleterre ôtèrent longtemps à Milton le loisir nécessaire pour l’exécution d’un si grand dessein. Il était né avec une passion extrême pour la liberté : ce sentiment l’empêcha toujours de prendre parti pour aucune des sectes qui avaient la fureur de dominer dans sa patrie ; il ne voulut fléchir sous le joug d’aucune opinion humaine ; et il n’y eut point d’Église qui pût se vanter de compter Milton pour un de ses membres. Mais il ne garda point cette neutralité dans les guerres civiles du roi et du parlement : il fut un des plus ardents ennemis de l’infortuné roi Charles Ier : il entra même assez avant dans la faveur de Cromwell ; et, par une fatalité qui n’est que trop commune, ce zélé républicain fut le serviteur d’un tyran. Il fut secrétaire d’Olivier Cromwell, de Richard Cromwell, et du parlement, qui dura jusqu’au temps de la restauration. Les Anglais employèrent sa plume pour justifier la mort de leur roi, et pour répondre au livre que Charles II avait fait écrire par Saumaise[6] au sujet de cet événement tragique. Jamais cause ne fut plus belle, et ne fut si mal plaidée de part et d’autre. Saumaise défendit en pédant le parti d’un roi mort sur l’échafaud, d’une famille royale errante dans l’Europe, et de tous les rois même de l’Europe, intéressés dans cette querelle. Milton soutint en mauvais déclamateur la cause d’un peuple victorieux, qui se vantait d’avoir jugé son prince selon les lois. La mémoire de cette révolution étrange ne périra jamais chez les hommes, et les livres de Saumaise et de Milton sont déjà ensevelis dans l’oubli. Milton, que les Anglais regardent aujourd’hui comme un poëte divin, était un très-mauvais écrivain en prose.

Il avait cinquante-deux ans lorsque la famille royale fut rétablie. Il fut compris dans l’amnistie que Charles II donna aux ennemis de son père ; mais il fut déclaré, par l’acte même d’amnistie, incapable de posséder aucune charge dans le royaume. Ce fut alors qu’il commença son poëme épique, à l’âge où Virgile avait fini le sien. À peine avait-il mis la main à cet ouvrage, qu’il fut privé de la vue. Il se trouva pauvre, abandonné, et aveugle, et ne fut point découragé. Il employa neuf années à composer le Paradis perdu. Il avait alors très-peu de réputation ; les beaux esprits de la cour de Charles II ou ne le connaissaient pas, ou n’avaient pour lui nulle estime. Il n’est pas étonnant qu’un ancien secrétaire de Cromwell, vieilli dans la retraite, aveugle, et sans biens, fût ignoré ou méprisé dans une cour qui avait fait succéder à l’austérité du gouvernement du Protecteur toute la galanterie de la cour de Louis XIV, et dans laquelle on ne goûtait que les poésies efféminées, la mollesse de Waller, les satires du comte de Rochester, et l’esprit de Cowley.

Une preuve indubitable qu’il avait très-peu de réputation, c’est qu’il eut beaucoup de peine à trouver un libraire qui voulût imprimer son Paradis perdu : le titre seul révoltait, et tout ce qui avait quelque rapport à la religion était alors hors de mode. Enfin Thompson[7] lui donna trente pistoles de cet ouvrage, qui a valu depuis plus de cent mille écus aux héritiers de ce Thompson. Encore ce libraire avait-il si peur de faire un mauvais marché, qu’il stipula que la moitié de ces trente pistoles ne serait payable qu’en cas qu’on fît une seconde édition du poëme, édition que Milton n’eut jamais la consolation de voir. Il resta pauvre et sans gloire : son nom doit augmenter la liste des grands génies persécutés de la fortune.

Le Paradis perdu fut donc négligé[8] à Londres, et Milton mourut sans se douter qu’il aurait un jour de la réputation. Ce fut le lord Somers et le docteur Atterbury, depuis évêque de Rochester, qui voulurent enfin que l’Angleterre eût un poëme épique. Ils engagèrent les héritiers de Thompson à faire une belle édition du Paradis perdu. Leur suffrage en entraîna plusieurs : depuis, le célèbre M. Addison écrivit en forme, pour prouver que ce poëme égalait ceux de Virgile et d’Homère. Les Anglais commencèrent à se le persuader, et la réputation de Milton fut fixée.

Il peut avoir imité plusieurs morceaux du grand nombre de poèmes latins faits de tout temps sur ce sujet, l’Adamus exul de Grotius, un nommé Mazen ou Mazenius[9], et beaucoup d’autres, tous inconnus au commun des lecteurs. Il a pu prendre dans le Tasse la description de l’enfer, le caractère de Satan, le conseil des démons : imiter ainsi, ce n’est point être plagiaire, c’est lutter, comme dit Boileau, contre son original ; c’est enrichir sa langue des beautés des langues étrangères : c’est nourrir son génie et l’accroître du génie des autres ; c’est ressembler à Virgile, qui imita Homère. Sans doute Milton a jouté contre le Tasse avec des armes inégales ; la langue anglaise ne pouvait rendre l’harmonie des vers italiens,

Chiama gli abitator dell’ombre eterne[10]
Il rauco suon della tartarea tromba ;
Treman le spaziose atre caverne,
E l’aer cieco a quel romor rimbomba, etc…

Cependant Milton a trouvé l’art d’imiter heureusement tous ces beaux morceaux. Il est vrai que ce qui n’est qu’un épisode dans le Tasse est le sujet même dans Milton ; il est encore vrai que sans la peinture des amours d’Adam et d’Ève, comme sans l’amour de Renaud et d’Armide, les diables de Milton et du Tasse n’auraient pas eu un grand succès. Le judicieux Despréaux, qui a presque toujours eu raison, excepté contre Quinault, a dit à tous les poëtes :

Et quel objet enfin à présenter aux yeux[11]
Que le diable toujours hurlant contre les cieux !

Je crois qu’il y a deux causes du succès que le Paradis perdu aura toujours : la première, c’est l’intérêt qu’on prend à deux créatures innocentes et fortunées qu’un être puissant et jaloux rend par sa séduction coupables et malheureuses ; la seconde est la beauté des détails.

Les Français riaient encore quand on leur disait que l’Angleterre avait un poëme épique, dont le sujet était le diable combattant contre Dieu, et un serpent qui persuade à une femme de manger une pomme : ils ne croyaient pas qu’on pût faire sur ce sujet autre chose que des vaudevilles. Je fus le premier qui fis connaître aux Français quelques morceaux de Milton et de Shakespeare. M. Dupré de Saint-Maur donna une traduction en prose française de ce poëme singulier. On fut étonné de trouver, dans un sujet qui parait si stérile, une si grande fertilité d’imagination ; on admira les traits majestueux avec lesquels il ose peindre Dieu, et le caractère encore plus brillant qu’il donne au diable, on lut avec beaucoup de plaisir la description du jardin d’Éden, et des amours innocentes d’Adam et d’Ève. En effet, il est à remarquer que dans tous les autres poëmes l’amour est regardé comme une faiblesse ; dans Milton seul il est une vertu. Le poëte a su lever d’une main chaste le voile qui couvre ailleurs les plaisirs de cette passion ; il transporte le lecteur dans le jardin de < délices ; il semble lui faire goûter les voluptés pures dont Adam et Ève sont remplis : il ne s’élève pas au-dessus de la nature humaine, mais au-dessus de la nature humaine corrompue ; et comme il n’y a point d’exemple d’un pareil amour, il n’y en a point d’une pareille poésie.

Mais tous les critiques judicieux, dont la France est pleine, se réunirent à trouver que le diable parle trop souvent et trop longtemps de la même chose. En admirant plusieurs idées sublimes, ils jugèrent qu’il y en a plusieurs d’outrées, et que l’auteur n’a rendu que puériles en s’efforçant de les faire grandes. Ils condamnèrent unanimement cette futilité avec laquelle Satan fait bâtir une salle d’ordre dorique au milieu de l’enfer, avec des colonnes d’airain et de beaux chapiteaux d’or, pour haranguer les diables, auxquels il venait de parler tout aussi bien en plein air. Pour comble de ridicule, les grands diables, qui auraient occupé trop de place dans ce parlement d’enfer, se transforment en pygmées, afin que tout le monde puisse se trouver à l’aise au conseil.

Après la tenue des états infernaux, Satan s’apprête à sortir de l’abîme ; il trouve la Mort à la porte, qui veut se battre contre lui. Ils étaient prêts à en venir aux mains, quand le Péché, monstre féminin, à qui des dragons sortent du ventre, court au-devant de ces deux champions : « Arrête ; ô mon père ! dit-il au diable ; arrête, ô mon fils ! dit-il à la Mort. — Et qui es-tu donc, répond le diable, toi qui m’appelles ton père ? — Je suis le Péché, réplique ce monstre ; tu accouchas de moi dans le ciel ; je sortis de ta tête par le côté gauche ; tu devins bientôt amoureux de moi ; nous couchâmes ensemble ; j’entraînai beaucoup de chérubins dans ta révolte ; j’étais grosse quand la bataille se donna dans le ciel ; nous fûmes précipités ensemble. J’accouchai dans l’enfer, et ce fut ce monstre que tu vois dont je fus père : il est ton fils et le mien. À peine fut-il né, qu’il viola sa mère, et qu’il me fit tous ces enfants que tu vois, qui sortent à tous moments de mes entrailles, qui y rentrent, et qui les déchirent. »

Après cette dégoûtante et abominable histoire, le Péché ouvre à Satan les portes de l’enfer ; il laisse les diables sur le bord du Phlégéton, du Styx, et du Léthé : les uns jouent de la harpe, les autres courent la bague ; quelques-uns disputent sur la grâce et sur la prédestination. Cependant Satan voyage dans les espaces imaginaires : il tombe dans le vide, et il tomberait encore si une nuée ne l’avait repoussé en haut. Il arrive dans le pays du chaos ; il traverse le paradis des fous, the paradise of fools (c’est l’un des endroits qui ne sont point traduits en français) ; il trouve dans ce paradis les indulgences, les Agnus Dei, les chapelets, les capuchons, et les scapulaires des moines.

Voilà des imaginations dont tout lecteur sensé a été révolté ; et il faut que le poème soit bien beau d’ailleurs pour qu’on ait pu le lire, malgré l’ennui que doit causer cet amas de folies désagréables.

La guerre entre les bons et les mauvais anges a paru aussi aux connaisseurs un épisode où le sublime est trop noyé dans extravagant. Le merveilleux même doit être sage ; il faut qu’il conserve un air de vraisemblance, et qu’il soit traité avec goût. Les critiques les plus judicieux n’ont trouvé dans cet endroit ni goût, ni vraisemblance, ni raison : ils ont regardé comme une grande faute contre le goût la peine que prend Milton de peindre le caractère de Raphaël, de Michel, d’Abdiel, d’Uriel, de Moloch, de Nisroth, d’Astaroth, tous êtres imaginaires dont le lecteur ne peut se former aucune idée, et auxquels on ne peut prendre aucun intérêt, Homère, en parlant de ses dieux, les caractérisait par leurs attributs que l’on connaissait ; mais un lecteur chrétien a envie de rire quand on veut lui faire connaître à fond Nisroth, Moloch, et Abdiel. On a reproché à Homère de longues et inutiles harangues, et surtout les plaisanteries de ses héros : comment souffrir dans Milton les harangues et les railleries des anges et des diables pendant la bataille qui se donne dans le ciel ? Ces mêmes critiques ont jugé que Milton péchait contre le vraisemblable, d’avoir placé du canon dans l’armée de Satan, et d’avoir armé d’épées tous ces esprits, qui ne pouvaient se blesser ; car il arrive que, lorsque je ne sais quel ange a coupé en deux je ne sais quel diable, les deux parties du diable se réunissent dans le moment.

Ils ont trouvé que Milton choquait évidemment la raison par une contradiction inexcusable, lorsque Dieu le père envoie ses fidèles anges combattre, réduire, et punir les rebelles. « Allez, dit Dieu à Michel et à Gabriel ; poursuivez mes ennemis jusqu’aux extrémités du ciel ; précipitez-les, loin de Dieu et de leur bonheur, dans le Tartare, qui ouvre déjà son brûlant chaos pour les engloutir. » Comment se peut-il qu’après un ordre si positif la victoire reste indécise ? et pourquoi Dieu donne-t-il un ordre inutile ? Il parle, et n’est point obéi ; il veut vaincre, et on lui résiste : il manque à la fois de prévoyance et de pouvoir. Il ne devait point ordonner à ses anges de faire ce que son fils unique seul devait faire.

C’est ce grand nombre de fautes grossières qui fit sans doute dire à Dryden, dans sa préface sur l’Énéide, que Milton ne vaut guère mieux que notre Chapelain et notre Lemoyne ; mais aussi ce sont les beautés admirables de Milton qui ont fait dire à ce même Dryden que la nature l’avait formé de l’âme d’Homère et de celle de Virgile. Ce n’est pas la première fois qu’on a porté du même ouvrage des jugements contradictoires : quand on arrive à Versailles du côté de la cour, on voit un vilain petit bâtiment écrasé avec sept croisées de face, accompagné de tout ce que l’on a pu imaginer de plus mauvais goût ; quand on le regarde du côté des jardins, on voit un palais immense, dont les beautés peuvent racheter les défauts.

Lorsque j’étais à Londres, j’osai composer en anglais un petit Essai sur la poésie épique[12], dans lequel je pris la liberté de dire que nos bons juges français ne manqueraient pas de relever toutes les fautes dont je viens de parler. Ce que j’avais prévu est arrivé, et la plupart des critiques de ce pays-ci ont jugé, autant qu’on le peut faire sur une traduction, que le Paradis perdu est un ouvrage plus singulier que naturel, plus plein d’imagination que de grâces, et de hardiesse que de choix, dont le sujet est tout idéal, et qui semble n’être pas fait pour l’homme.


  1. Voyez aussi le long article que Voltaire, en 1771, consacra, dans ses Questions sur l’Encyclopédie, à Milton.
  2. La traduction du Paradis perdu, par Dupré de Saint-Maur, ne parut qu’en 1729. Le premier alinéa du chapitre sur Milton est de 1733. (B.)
  3. Ginguené (Biographie universelle, II, 138) dit que c’est faire trop d’honneur à l’ouvrage d’Andreino que de prétendre que Milton y puisa l’idée de son poëme ; Johnson, dans sa Vie de Milton, regarde comme une histoire bizarre et dénuée de fondement le récit de Voltaire. (B.)
  4. Paradis perdu, liv. IV, v. 32.
  5. Voltaire ajouta, en 1771, onze vers à ceux qu’on lit ici.
  6. Le livre de Saumaise intitulé Defensio regia, imprimé en 1649, réimprimé en 1651, fut réfuté par l’ouvrage de Milton ayant pour titre Defensio pro populo anglicano, 1651, in-folio. (B.)
  7. Milton, le 26 avril 1667, vendit son manuscrit à Samuel Simmons pour cinq livres sterling payées comptant, avec promesse du libraire d’en payer cinq de plus quand il aurait vendu plus de treize cents exemplaires de la première édition, cinq autres après la vente d’un même nombre de la seconde, et enfin cinq après un pareil débit lors de la troisième. Il n’avait paru que deux éditions quand Milton mourut, le 10 novembre 1674 (vieux style), n’ayant ainsi reçu que quinze livres sterling. Sa veuve, en 1680, vendit tous ses droits moyennant huit livres sterling à S. Simmons. Celui-ci transporta, moyennant vingt-cinq livres sterling, tous ses droits à Brabazon Aylmer, qui les vendit à Jacob Tonson, une moitié le 17 avril 1683, et l’autre moitié le 21 mars 1690, moyennant une somme plus considérable. Voyez les Vies de Milton et d’Addison, par S. Johnson (traduit par Boulard), in-18, tome Ier, pages 100-101. (B.)
  8. Johnson observe que les livres ne se vendaient pas du temps de Milton comme aujourd’hui. La lecture n’était pas alors l’amusement général… Dans l’espace de quarante-un ans, depuis 1623 jusqu’à 1664, l’Angleterre se contenta de deux éditions des œuvres de Shakespeare, qui probablement ne formaient pas ensemble mille exemplaires. (B.)
  9. Voltaire a reparlé, en 1771, Du reproche de plagiat fait à Milton. (B.)
  10. Le Tasse, chant IV, stance III.
  11. Boileau, Art poétique, chant III.
  12. C’est en partie celui-ci même, qui, en plusieurs endroits, est une traduction littérale de l’ouvrage anglais. (Note de Voltaire, 1756.)