Fables de Florian (1838)/1/Le Vacher et le Garde-Chasse

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LE VACHER ET LE GARDE CHASSE.

FABLE XII.

LE VACHER ET LE GARDE-CHASSE.


C

olin gardait un jour les vaches de

son père ;
Colin n’avait pas de bergère,
olin gardait un jour les vaches deEt s’ennuyait tout seul. Le garde sort du bois :
Depuis l’aube, dit-il, je cours dans cette plaine
Après un vieux chevreuil que j’ai manqué deux fois,
Et qui m’a mis tout hors d’haleine.
Il vient de passer par là-bas,
Lui répondit Colin ; mais si vous êtes las,
Reposez-vous, gardez mes vaches à ma place,
Et j’irai faire votre chasse ;
Je réponds du chevreuil. Ma foi ! je le veux bien :
Tiens, voilà mon fusil, prends avec toi mon chien ;
Va le tuer. Colin s’apprête,

S’arme, appelle Sultan. Sultan, quoique à regret,
Court avec lui vers la forêt.
Le chien bat les buissons : il va, vient, sent, arrête,
Et voilà le chevreuil… Colin impatient
Tire aussitôt, manque la bête,
Et blesse le pauvre Sultan.
À la suite du chien qui crie,
Colin revient à la prairie.
Il trouve le garde ronflant ;
De vaches point ; elles étaient volées.
Le malheureux Colin, s’arrachant les cheveux,
Parcourt en gémissant les monts et les vallées.
Il ne voit rien. Le soir, sans vaches, tout honteux,
Colin retourne chez son père,
Et lui conte en tremblant l’affaire.
Celui-ci, saisissant un bâton de cormier,
Corrige son cher fils de ses folles idées,
Puis lui dit : Chacun son métier,
Les vaches seront bien gardées.