Feunteun Santez Dwinen

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Feunteun Santez Dwinen
Traduction par Anatole Le Braz.
Feunteun Santez Dwinen (p. 1-3).
A. LE BRAZ
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FEUNTEUN SANTEZ DWINEN
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La pièce du poète gallois Ceiriog Hughes, dont M. Loth a donné le texte et la traduction dans le dernier numéro des Annales, m’a tellement séduit par son charme celtique que je n’ai pu résister au désir de la traduire en breton. Je me suis efforcé de suivre l’original pas à pas. Je ne me suis permis qu’une addition dans le second hémistiche du dernier vers de la pièce, encore est-ce une image proverbiale dans notre poésie populaire et même dans le langage journalier.


LA FONTAINE DE SAINTE TWINA


1

De la fontaine de sainte Twina[1] l’eau toujours s’épanche ; — Cependant l’amour est toujours vivant dans le monde, — Et quelque vertu qu’ils aient, les Esprits de l’eau, — Ils ne me détacheront jamais de ma maîtresse exquise !

2

J’allai à Laandwinen, un jour, au cœur de l’été, — Si affolé par la fillette que j’en étais tout défait et malade. — Je bus à la fontaine, mais j’avais beau y boire, — Je ne faisais qu’aimer d’autant plus celle que j’aimais.

3

Je demandai que faire à un homme vénérable : — Jette-toi dans l’eau, dit-il. et tu seras exaucé ! — Et moi, de me précipiter dans la fontaine, mais, sur le point d’en sortir, — Deux fois pis qu’avant j’aimais ma maîtresse.

4

J’allai me marier, en été, par une matinée belle, — A l’église paroissiale de Landwinen, et, pour parler bref, — En dépit de vous, sainte Twina, en dépit de toute la peine que j’ai prise, — Aujourd’hui plus que jamais mon cœur est ensorcelé.

5

Honneur grand à Landwinen et à sa fontaine d’eau courante ! — Mais vous, jeunes gens à venir, souvenez-vous toujours — Qu’il n’y a sainte ni eau capable de couper — La vieille fièvre d’amour qui se tremble à deux.





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  1. Nous avons aussi en Basse-Bretagne notre sainte Twina. Elle a sa chapelle dans le pays de Goélo, paroisse de Plouha. On l’invoque sous le vocable de santez Twina-ar-mor, sainte Twina de la mer. Elle est restée parmi nous la guérisseuse de la fièvre et par conséquent, j’imagine, de la pire fièvre de toutes, de la « fièvre d’amour. »