Filles et garçons/La Convalescence

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Hachette (p. 11-15).

FILLES ET GARÇONS

LA CONVALESCENCE


Germaine est malade. On ne sait pas comment cela est venu. Le bras qui sème la fièvre est invisible comme la main pleine de sable, du vieillard qui vient, chaque soir, verser le sommeil dans les yeux des enfants.



Mais Germaine n’est pas restée longtemps malade et elle n’a pas beaucoup souffert, et voici qu’elle est convalescente. La convalescence est plus douce encore que la santé qu’elle précède. C’est ainsi que l’espérance et le désir sont meilleurs, bien souvent, que tout ce qu’on désire et que tout ce qu’on espère. Germaine est couchée dans sa jolie chambre bleue et ses rêves sont de la couleur de la chambre.



Elle regarde de ses yeux encore languissants sa poupée qui repose près du lit. Il y a des sympathies profondes entre les petites filles et leurs poupées. La poupée de Germaine fut malade en même temps que sa petite maman, et maintenant elle est convalescente avec elle. Elle fera sa première sortie en voiture avec Germaine.


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Aussi a-t-elle revu la visite du médecin. Alfred est venu tâter le pouls de la poupée. C’est le médecin Tant-pis. Il ne parle que de couper les bras et les jambes Mais Germaine l’a tant prié, qu’il a consenti à guérir la poupée sans la mettre en morceaux. Il a seulement prescrit les tisanes les plus amères.

La maladie a du moins un avantage : elle nous fait connaître nos amis. Germaine sait maintenant qu’elle peut compter sur le bon Alfred. Elle sait aussi que sa sœur Lucie est la meilleure des sœurs.



Pendant les neuf jours qu’a duré la maladie Lucie est venue étudier ses leçons et coudre dans la chambre bleue. Elle veut apporter elle-même la tisane à la petite malade. Et ce n’est pas une tisane amère comme en ordonnait Alfred, non, c’est une boisson tout embaumée du parfum des fleurs sauvages.

Lorsqu’elle la respire, Catherine songe aux sentiers fleuris de la montagne, connus des enfants et des abeilles, où elle a tant joué l’an passé. Alfred aussi se rappelle ces beaux chemins, et les bois, et les sources, et les mulets qui montaient sur le bord des précipices avec un bruit de grelots.