Gazette d’Art (La Revue Blanche)/01 avril 1900

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TEN CATE, CLARY, WILDER[1]

Wilder : Ces premiers essais révèlent à travers quelque imprégnation, toute indiquée, de l’initiateur, Maufra, une individualité naissante : un tempérament. L’œil prend d’un seul coup, on le sait, possession de tout un panorama (ici, le littoral breton), et la main transportant avec autorité et décision la vision comme stéréoscopée, étage par plans et à leurs plans rivage, roches, les tranches d’eau marine jusqu’à l’horizon ; chaque chose en sa matière et sa coloration, les falaises, rouges, pesantes, impénétrables et rèches ; le sable jaune et roux, humide et graniteux, et l’eau, l’eau surtout, lourde, puissante, au bleu cru magnifiquement enrichi d’un foisonnement irisé. Le défaut — défaut précieux — de cette crânerie impétueuse serait le tumulte, et quelque superficialité ; moins sensible au reste dans les aquarelles, d’une belle sérénité.

Clary, paysages exacts, humbles, sobres à la sécheresse, calmes à la froideur.

Ten Cate, sites parisiens dramatisés par l’anecdote et pour l’illustration (Mazas : un bec de gaz, solitaire, dans la rue déserte, pleure sa lueur funéraire contre le haut mur nu de la prison… un fiacre est arrêté…). Apitoiements faciles, et tant d’habileté ! Des paysages hollandais dégagent une moins cherchée : plus réalisée émotion.

Félicien Fagus
  1. Galeries Bernheim jeune, rue Laffitte, Paris.