Glenfinlas ou le Coronach de Lord Ronald

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Glenfinlas ou le Coronach de Lord Ronald


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ROMANS POÉTIQUES

ET POÉSIES

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GLENFILAS

OU
LE CORONACH[1] DE LORD RONALD



Cette ballade est fondée sur la tradition suivante :

Deux chasseurs des montagnes d’Écosse passaient la nuit dans un bathy[2] solitaire. Ils découpaient joyeusement leur gibier, et se versaient à grands flots la liqueur appelée whisky. L’un d’eux exprima le désir d’avoir deux jolies filles pour compléter la partie. Il avait à peine dit ces paroles que deux femmes habillées de vert, jeunes et belles, entrèrent dans la hutte en dansant et en chantant. Celui qui avait parlé fut séduit par la sirène qui s’attacha à lui de préférence, et il la suivit. Son compagnon demeura, se méfiant de ces belles enchanteresses, et il se mit à chanter des hymnes à la Vierge, en s’accompagnant de sa cythare. Le jour revint enfin, et la séductrice disparut. Ne voyant point retourner son ami, le chasseur alla le chercher dans la forêt, et ne trouva plus que ses ossemens. Il avait été dévoré par le démon qui l’avait fait tomber dans le piège. Le lieu témoin de cet événement s’appelle depuis ce temps-là le Vallon des femmes vertes.

Glenfinlas est une forêt dans les Highlands du Perthshire ; elle faisait autrefois partie du domaine de la couronne, et appartient aujourd’hui au comte de Moray. Cette contrée, avec le canton adjacent de Balquidder, fut jadis habitée surtout par les Mac-Grégor. À l’ouest de la forêt de Glenfinlas est le Loch-Katrine, et son entrée romantique appelée Troshachs. Le Teith passe à Callender, au château de Doune, et se jette dans le Forth, près de Stirling. Le défilé de Lenny est immédiatement au-dessus de Callender, et conduit aux Highlands. Glenartney est une forêt près de Benvoirlich. L’ensemble de ces sites forme un tableau digne du spectacle sublime des Alpes.

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«Les habitans invisibles de l’air obéissent à leurs voix et accourent à leurs signes. Ils connaissent les esprits qui préparent les tempêtes, et, immobiles de stupeur, ils contemplent les secrètes opérations des fantômes.»


Ô Hone a rie’ ! ô Hone a rie’[3] ! Hélas, plaignons le Chef ! L’orgueil des enfans d’Albyn n’est plus ; l’arbre superbe de Glenartney couvre la terre de son tronc renversé ; nous ne verrons plus lord Ronald.

Ô toi, noble fils du grand Mac-Gillianore, tu n’as jamais tremblé devant un ennemi ! Quelle claymore pouvait se comparer à la tienne ? Qui put jamais éviter ta flèche rapide ?

Les veuves saxonnes sauront dire comment les plus hardis guerriers des plaines firent retentir de leur chute le rivage sonore du Teith, lorsque tu fondis sur eux du défilé de Lenny.

Mais qui oubliera ces jours de fête où l’on voyait briller sur la colline le beltane de lord Ronald ; à la clarté de la flamme, les jeunes filles des montagnes et leurs amans dansaient gaiement.

Animés par la lyre de Ronald, les vieillards eux-mêmes oubliaient leurs cheveux blancs ! Hélas ! aujourd’hui nous chantons l’hymne funèbre ! Nous ne reverrons plus lord Ronald.

Un Chef d’une île éloignée vint partager les plaisirs du château de Ronald, et chasser avec lui la bête fauve qui bondit sur les coteaux escarpés d’Albyn.

C’était Moy, que l’esprit prophétique du Seer éclaira dans l’île de Colomba, où, brillant du feu des ménestrels, il réveillait l’harmonie de sa harpe.

Il connaissait maintes paroles magiques qui font trembler les Esprits errans, et ces airs puissans qui n’étaient point faits pour les oreilles des mortels.

Car on dit que ces prophètes ont des entretiens mystérieux avec les morts, et voient souvent d’avance le fatal linceul qui doit envelopper un jour ceux qui vivent encore.

Or, il advint qu’un jour les deux Chefs avaient été ensemble harceler le chevreuil dans ses repaires. Ils étaient loin de leur demeure, et parcouraient les taillis épais de Glenfinlas.

Aucun vassal ne les suit pour les aider dans leur chasse, les défendre dans le péril, ou préparer leurs repas. Le simple plaid des Highlands couvre les deux Chefs ; leurs fidèles claymores sont leurs seuls gardiens.

Pendant trois jours leurs flèches sifflantes volèrent à travers les taillis du vallon ; et quand l’humidité du soir les ramenait dans leur hutte, ils y portaient leur gibier.

La cabane solitaire était élevée dans le lieu le plus reculé de la forêt de Glenfinlas, auprès du sombre ruisseau de Moneira, qui murmure à travers cette solitude.

La nuit était belle, l’horizon calme depuis trois jours, et une rosée bienfaisante répandait la fraîcheur sur la bruyère et sur les rochers tapissés de mousse.

La lune à demi voilée sous les flocons d’un nuage d’argent laissait tomber ses douteuses et tremblantes clartés sur les ondes du lac de Katrine, et semblait dormir sur le front du Benledi.

Renfermés dans leur hutte, les deux Chefs font un repas de chasseurs et d’amis ; le plaisir anime les yeux de Ronald, et il porte maintes santés à Moy :

— Que nous manque-t-il pour compléter notre bonheur et répondre aux douces émotions qui nous font palpiter ?…… le baiser d’une jeune et facilebeauté, son sein palpitant et ses regards humides.

Les deux beautés de nos montagnes, les filles du fier Glengyle, ont quitté ce matin le château de leur père pour chasser le daim dans la forêt.

J’ai long-temps cherché à intéresser le cœur de Mary : elle a vu couler mes larmes, elle a entendu mes soupirs. Tous les artifices de l’amant ont échoué contre la vigilance d’une sœur.

Mais tu pourrais, cher Moy, pendant que je m’écarterais avec Mary, apprendre à cette gardienne sévère qu’elle doit cesser de veiller sur le cœur des autres, et que c’est déjà assez pour elle de veiller sur le sien.

Pince seulement ta harpe : tu verras bientôt l’aimable Flore de Glengyle, oubliant sa sœur et Ronald, rester en extase devant toi, l’œil humide et le sourire sur les lèvres.

Ou si elle consent à écouter un conte d’amour sous l’abri du feuillage, dis-moi, chasseur au front sévère, la règle du bon saint Oran ne sera-t-elle pas violée ?

— Depuis le combat d’Enrick, depuis la mort de Morna, répond Moy, mon cœur a cessé de répondre par ses transports aux doux baisers, au sein haletant et au sourire de la beauté !

C’est depuis lors que, chantant mes regrets sur ma harpe dans la triste bruyère qui vit périr celle qui était ma gloire et mon amour, je reçus le don fatal de prophétie.

La dernière preuve que le ciel m’envoya de sa colère, ce fut ce pouvoir de pressentir les malheurs futurs, qui éteint en mon cœur toute lueur d’espérance par des visions lugubres et des sons de douleur.

Te souvient-il de cet esquif qui partait gaiement cet été de la baie d’Oban ?… Je le voyais déjà échoué et brisé contre les côtes rocailleuses de Colonsay.

Fergus aussi….. le fils de ta sœur… tu l’as vu partir comme en triomphe des flancs escarpés du Bemmore, marchant à la tête des siens contre le seigneur de Downe.

Tu n’as vu que les plis flottans de leurs tartans pendant qu’ils descendaient les hauteurs de Benvoirlich ; tu n’as entendu que le pibroch[4] guerrier mêlé au choc des boucliers sonores des Highlands.

Moi j’entendais déjà les gémissemens, je voyais couler les larmes, et Fergus percé d’une blessure mortelle, en se précipitant sur les lances des Saxons à la tête de son clan au choc irrésistible.

Et toi qui m’invites au bonheur et au plaisir ; toi qui voudrais me faire partager ta joie et appeler le baiser d’une femme, mon cœur, cher Ronald, gémit sur ta destinée.

Je vois la sueur de la mort glacer ton front ; j’entends les cris de ton Esprit protecteur ; je vois ton cadavre… c’est tout ce qu’il est donné au prophète de voir.

— Prophète de malheur, livre-toi seul à tes rêveries funèbres, répond lord Ronald : faut-il donc fermer les yeux aux clartés passagères de la joie parce que l’orage peut gronder demain !

Vraies ou fausses, tes prédictions n’inspireront jamais la crainte au chef de Clangillian ; les transports de l’amour feront bondir son cœur, quoiqu’il soit condamné à sentir l’atteinte de la lance saxonne.

Tu crois entendre les brodequins de Mary fouler la rosée du gazon : elle m’appelle dans le bois.

  1. On appelle coronach le chant funèbre d’un guerrier. Ce sont les vieillards du clan qui chantent le coronach. — Ed.
  2. Hutte bâtie pour la chasse. — Ed.
  3. Ces mots gaëliques sont expliqués par la phrase qui les suit : Hélas, etc. — Ed.
  4. Airs nationaux et guerriers adaptés à la cornemuse (hagpipe) des Highlands. — Ed.

Il ne dit point adieu à son ami : il appelle ses limiers et sort gaiement de la hutte.

Au bout d’une heure ses limiers reviennent : ces compagnons fidèles du chasseur accourent en faisant retentir les airs de leurs tristes gémissemens. Ils s’étendent aux pieds du prophète.

Point de Ronald encore ! il est minuit. Moy est agité par de noirs présages, pendant que, penché sur la flamme mourante, il entretient le feu à demi éteint de la cabane.

Soudain les limiers redressent leurs oreilles ; soudain leurs hurlemens ont cessé : ils se pressent autour de Moy, et expriment leur terreur par le tremblement de leurs membres et leur murmure étouffé.

La porte s’ouvre doucement : les cordes de la harpe vibrent d’elles-mêmes et répondent par un son à chaque pas léger qui presse le sol.

Le ménestrel voit à la lueur du feu une femme brillante de beauté, en costume de chasse, et dont la robe verte trempée de rosée dessine les contours gracieux de son corps.

Son front semble glacé ; elle découvre l’ivoire arrondi de son sein, en se penchant vers la flamme vacillante pour tordre les tresses humides de sa chevelure.

Elle rougit comme une vierge timide, et dit avec douceur : — Aimable ménestrel, n’as-tu pas rencontré dans la clairière de Glenfinlas une jeune chasseresse en robe verte ?

Avec elle est un vaillant Chef de nos montagnes. Ses épaules sont chargées du carquois du chasseur ; une dague écossaise orne sa ceinture ; son tartan flotte au gré de la brise.

— Et qui es-tu ? quels sont ceux que tu cherches ? reprit Moy en la regardant d’un œil effaré. Pourquoi erres-tu ainsi au clair de la lune dans la forêt de Glenfinlas ?

— Le château de notre père projette son ombre sur le lac profond de Katrine qui entoure mainte île de ses

flots azurés. Nous sommes les filles du fier Glengyle.

Parties ce matin pour venir chasser le chevreuil dans la forêt de Glenfinlas, le hasard nous a fait rencontrer le fils du grand Mac-Gillianore.

Aide-moi donc à chercher ma sœur et le lord Ronald, égarés sans doute dans le bois. Je n’ose me hasarder seule dans des sentiers où l’on trouve, dit-on, des fantômes cruels.

— Oui, dit le ménestrel, il est en effet des fantômes à redouter : je dois accomplir mon vœu et achever ici la prière nocturne que j’ai juré de prononcer pendant le sommeil des autres hommes.

— Ah ! daigne d’abord, au nom de la douce pitié, guider une chasseresse solitaire ! il faut que je traverse le bois et que je revoie avant le jour le château de mon père.

— J’y consens ; mais répète avec moi trois Ave et trois Pater ; baise la sainte croix, et alors nous pourrons poursuivre notre route en sûreté.

— Honte à un chevalier tel que toi ! Va te couvrir la tête du froc d’un moine : cet ornement convient à ton vœu étrange !

Jadis, dans le château de Dunlathmon, ton cœur ne fut point de glace pour l’amour et le bonheur ; alors ta lyre harmonieuse chantait les appas séduisans de Morna, et tu aurais tout fait pour un de ses sourires.

Les yeux du ménestrel étincelèrent, exprimant tour à tour la colère et l’effroi. Ses noirs cheveux se hérissèrent sur sa tête, et son teint changea plusieurs fois de couleur.

— Et toi, dit-il, pendant que je chantais Morna et l’amour auprès du foyer de Dunlathmon, planais-tu sur la sombre fumée du foyer ou sur l’aile de l’orage ?

Non, non, tu n’es point d’une race mortelle ni la fille du vieux Glengyle ; ta mère fut la fée des torrens, ton père le roi des mines.

Moy répéta trois fois l’antienne de saint Oran, et trois fois encore la puissante prière de saint Fillan. Il se tourna ensuite vers l’horizon oriental et secoua sa chevelure noire.

Puis, penché sur sa harpe, il en tira les accords les plus séduisans ; l’écho surpris répète cette harmonie mystérieuse et magique qui se marie au murmure des vents.

L’Esprit irrité change de forme, et sa taille devient gigantesque ; puis, se mêlant soudain à l’orage qui commence à gronder, il disparaît après avoir poussé un cri lamentable.

Les nuages crèvent, la grêle et l’ouragan assiègent la hutte, la brisent, et couvrent la terre de ses débris ; mais le ménestrel n’eut pas un seul de ses cheveux soulevé par le vent ou mouillé par la pluie.

De bruyans éclats de rire se mêlent aux mugissemens de l’orage ; le ménestrel les entend au-dessus de sa tête ; mais déjà ils expirent du côté du nord.

La voix du tonnerre ébranle la forêt au moment où ces cris surnaturels cessent, et une pluie de sang vient éteindre les tisons à demi consumés.

Le ménestrel voit tomber un bras dont la main tenait une épée, et puis une tête séparée du tronc : il en ruisselle un sang encore tiède.

Le cimier de Benmore a souvent orné cette tête dans les combats ; cette main a frappé de terribles coups, lorsque le sang des Saxons teignit de pourpre les ondes du Teith.

Malheur aux sombres ruisseaux de Moneira ! Malheur au funeste vallon de Glenfinlas ! Jamais le fils des montagnes d’Albyn n’y viendra vider son carquois.

Le pèlerin fatigué évitera même cet ombrage à l’heure brûlante du midi : il craindrait d’être la proie des cruelles fées de Glenfinlas.

Pour nous, c’en est fait ! nous ne trouverons plus un asile derrière le bouclier du chef de Glangillian ; il ne

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guidera plus nos guerriers au combat ; et nous sommes condamnés à chanter son hymne funèbre.

Hélas ! plaignons un Chef valeureux ; l’orgueil des enfans d’Albyn n’est plus. L’arbre superbe de Glenartney couvre la terre de son tronc renversé. Nous ne verrons plus lord Ronald.

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NOTES.

NOTE 1. — Paragraphe III. — Les veuves saxonnes.

Les Saxons ou Sassenachs dont il est ici question sont les habitans des plaines, Lowlanders, appelés ainsi par leurs voisins des montagnes (the Highlanders).

NOTE 2. — Paragraphe IV. — À la clarté de la flamme.

Les Highlanders allument des feux sur les hauteurs le premier jour du mois de mai. C’est un usage qui vient des temps du paganisme, et qu’on retrouve aussi dans la principauté de Galles.

NOTE 3. — Paragraphe VII. — Doué de l’esprit prophétique.

C’est ce qu’on appelle en anglais la seconde vue (the second sight). On ne peut que répéter la définition qu’en donne le docteur Johnson, qui l’appelle « une impression de l’esprit sur l’œil ou de l’œil sur l’esprit, par le moyen de laquelle les événemens éloignés et futurs sont perçus et vus comme s’ils étaient présens. » J’ajouterai seulement que les apparitions de fantômes présagent ordinairement des malheurs, que cette faculté est pénible pour ceux qui en sont doués, et qu’ils ne l’acquièrent généralement que lorsqu’ils sont eux-mêmes sous l’influence d’un tempérament mélancolique.

NOTE 4. — Paragraphe XXII. — La règle du bon saint Oran.

Saint Oran était l’ami et l’acolyte de saint Columba, et il fut enterré à Icolmkill. Ses droits à la canonisation sont un peu douteux. Selon la légende, il consentit à être enterré tout vivant pour rendre propices certains démons indigènes qui s’opposaient aux pieux desseins de saint Columba, et s’obstinaient à l’empêcher de bâtir une chapelle.

Au bout de trois jours, Columba fit exhumer le corps de son ami. Saint Oran, au grand scandale des spectateurs, déclara qu’il n’y avait ni Dieu, ni jugement dernier, ni enfer, ni paradis. Il allait sans doute faire des révélations encore plus singulières ; mais Columba ne lui en donna pas le temps, et le fit au plus vite réenterrer. La chapelle et le cimetière conservèrent cependant le nom de Reilig Ouran ; et en mémoire du rigide célibat qu’avait gardé le saint, aucune femme ne pouvait y venir prier ni s’y faire enterrer. C’est à ce régime de continence que le paragraphe XXII fait allusion.

NOTE 5. — Paragraphe IV. — La puissante prière de saint Fillan.

Saint Fillan a donné son nom à plusieurs chapelles et sources saintes en Écosse. C’était, selon Camerarius, un abbé de Pittenweem, comté de Fife ; fonction dont il se démit pour aller mourir dans les solitudes de Glenurchy, l’an du Seigneur 649. Pendant qu’il était occupé à transcrire les Ècritures, sa main gauche jetait un éclat de lumière si vif, qu’il y voyait suffisamment, sans autre clarté ; ce miracle économisa beaucoup de chandelles au couvent, le saint passant des nuits entières à écrire. Le 9 de janvier est dédié à ce saint, qui a laissé son nom à Kilfillan, dans le canton de Renrew, et à Saint-Phillans, ou Forgend, dans le comté de Fife. L’historien Lesley, liv. VII, nous dit que Robert le Bruce avait en sa possession le bras miraculeusement lumineux de saint Fillan enfermé dans une châsse d’argent, et qu’il portait à la tête de son armée. Avant la bataille de Bannockburn le chapelain du roi, homme de peu de foi, s’empara de cette relique, et la cacha en lieu sûr, de peur qu’elle ne tombât entre les mains des Anglais. Mais soudain, pendant que Robert adressait sa prière à la châsse vide, on la vit s’ouvrir et se refermer aussitôt, et l’on reconnut que le saint avait déposé son bras dans la châsse comme un gage de la victoire. Quoique Bruce n’eût guère besoin que le bras de saint Fillan vînt au secours du sien, il lui dédia en reconnaissance une abbaye à Kiliin, sur le Loch Tay.

Dans le Scots Magazine de juillet 1802 (recueil périodique qui vient d’être continué avec un grand talent) on trouve la copie d’une curieuse charte de la couronne, datée du 11 juillet 1487, par laquelle Jacques III confirma à Malise Doire, habitant de Srathfillan dans le Perthshire, la jouissance paisible d’une relique de saint Fillan appelée le Quegrich, qu’il avait héritée de ses ancêtres depuis le temps de Robert le Bruce. Comme le Quegrich servait à guérir des maladies, ce document est probablement la patente la plus ancienne accordée à un remède de charlatan (quack-medicine). L’ingénieux correspondant qui l’a fourni ajoute qu’on peut lire des renseignemens plus détaillés sur saint Fillan dans le Bœce de Belienden, tom. IV, fol. CCXIII, et dans le Voyage de Pennant en Écosse, 1772, pag. 11 et 15.