Grains de mil/Les saisons au village

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Grains de mil : poésies et pensées
Joël Cherbuliez, libraire-éditeur (p. 64-65).

XXVIII

LES SAISONS AU VILLAGE.

À M. Adolphe Peschier.


Monts sublimes !
Si l’Hiver glace vos cimes
Qui blanchissent dans l’azur,
De vos flancs descend l’air pur,
L’eau jaillit de vos abîmes.

Alouettes !
Du Printemps les pâquerettes
Ont brillé parmi le thym ;
Gais troupeaux, c’est le matin ;
L’aube a lui ; tintez, clochettes !

Providence !
L’épi mûr, c’est l’abondance
Que pour nous l’Été blondit ;
Au soleil le champ sourit ;
Le fléau bat en cadence.


Meurs, feuillée !
Fruits tombez, l’herbe est mouillée ;
Automne, ouvre tes pressoirs ;
Courts sont les jours, doux les soirs ;
L’oiseau fuit, chante, ô veillée !

Harmonie !
Les Saisons ont un génie ;
Dans les champs et dans le cœur,
Partout il veut le bonheur ;
Œuvre sainte, oh ! sois bénie !

Tubingue, 1848.