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Grammaire de l’hébreu biblique/Écriture/Paragraphe 6

La bibliothèque libre.
Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 18-27).
§ 6. Les voyelles : graphie et prononciation.

a Les voyelles se différencient essentiellement entre elles par le timbre. Deux voyelles ayant le même timbre peuvent différer par la quantité, à savoir par le temps employé à les prononcer. Le timbre (ou qualité) et la quantité des voyelles doivent être rigoureusement distingués. Nous examinerons d’abord le timbre des voyelles hébraïques.

b L’échelle naturelle des principaux timbres, en distinguant pour chacun une nuance fermée et une nuance ouverte, est la suivante :

⤜⤜⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⟶ ⟵⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⤛⤛
í ì ù ú

Les voyelles i et u sont les plus fermées (i avec la fermeture en retrait, u[1] avec la fermeture en avant) et la voyelle a est la plus ouverte[2].

L’échelle vocalique du sémitique primitif, comme on l’admet généralement, comportait seulement les trois voyelles i, a, u, les trois seules que note la vocalisation de l’arabe.

L’échelle des voyelles hébraïques, à l’époque où elles ont été notées par les Naqdanim de Tibériade, comportait sept timbres, désignés par les signes suivants :

⤜⤜⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⟶ ⟵⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⤛⤛
i u
◌ִ ◌ֵ ◌ֶ ◌ַ ◌ָ ◌ֹ ◌ֻ
ḥireq ṣéré segol pataḥ qameṣ ḥolem[3] qibbuṣ[4]

Dans cette échelle l’ est la voyelle centrale.

En répartissant ces sept timbres en trois classes, d’après les trois voyelles primitives du sémitique, on a le groupement phonétique suivant :

1re Classe a :.
2e Classe i :i, , .
3e Classe u :u, , .

c Ces sept timbres nous sont connus par la tradition, les descriptions anciennes, la comparaison des langues. Ils ont leurs correspondants exacts dans plusieurs langues, p. ex. en italien qui a comme l’hébreu un seul a (ouvert), mais deux e et deux o ; et en français moderne qui a poussé à l’extrême la distinction des voyelles ouvertes et des voyelles fermées.

La notation graphique de sept timbres est un indice de la finesse d’oreille des Naqdanim et de la perfection de leur système[5]. On peut croire que ce système renferme toutes les voyelles existant vers le VIIe siècle, à Tibériade.

Ce système exprime seulement des timbres ; il ne tient pas compte de la quantité ni de l’origine des voyelles. Ainsi ◌ֹ (écrit souvent וֹ) représente très souvent un ā long primitif, p. ex. לֹא non (du primitif *). Ainsi ◌ָ représente souvent un a bref primitif, p. ex. šålọ̄m שָׁלוֹם paix (de *šalām). Ainsi encore ◌ֶ représente assez souvent un a bref primitif, p. ex. ʾe̦ḥåd אֶחָד un (pour *ʾaḥad), he̦ʿårīm הֶֽעָרִים les villes (pour *haʿarīm), i̯e̦ḏeḵe̦m יֶדְכֶם votre main (pour *i̯adke̦m).

d La prononciation des deux voyelles extrêmes ◌ִ i, ◌ֻ u n’offre aucune difficulté.

La voyelle ◌ֵ est un e fermé, comme dans le fr. pré, blé, désir, l’ital. nero. Ce son est voisin de i, dont il est le premier degré d’altération (par ouverture). Ainsi le primitif *ʿinab devient ʿẹnåḇ עֵנָב raisin[6].

La voyelle ◌ֶ est un e ouvert, comme dans le fr. près, règle, terrain, miel, l’ital. mie̦le. Ce son est intermédiaire entre ◌ֵ et ◌ַ ; phonétiquement il appartient à la classe i. Au point de vue de la prononciation, il n’y a aucune différence entre le ◌ֶ provenant de a, p. ex. dans אֶחָד ʾäḥåḏ = ʾe̦ḥåḏ et le ◌ֶ provenant de i ou , p. ex. dans be̦n בֶּן fils (de בִּן, בֵּן). Quand il provient d’un a, le ◌ֶ peut se transcrire étymologiquement ä.

La voyelle ◌ַ est un a ouvert, voisin de la voyelle ◌ֶ , avec laquelle il alterne fréquemment[7].

La voyelle ◌ָ est un o ouvert, comme dans le fr. sort, pomme, bonne, l’ital. buo̦na, l’angl. do̦ll « poupée » (comp. p. ex. all « tous » avec un son å assez voisin). La voyelle ◌ָ provient soit d’un u bref primitif, soit d’un a bref primitif. Quand elle provient d’un a on peut l’écrire (conventionnellement) ◌ָֽ avec meteg (§ 14), et la transcrire (étymologiquement) par å. Mais phonétiquement, au point de vue du timbre, å se confond avec dans la tradition de Tibériade[8]. (Pour le détail, cf. § j).

La voyelle ◌ֹ est un o fermé, comme dans le fr. dos, rose, l’ital. crọce. Ce son est voisin de u, dont il est le premier degré d’altération (par ouverture). Ainsi le primitif *kul devient kọl כֹּל « tout »[9].

On voit que dans le système vocalique de Tibériade les voyelles extrêmes fermées i, u sont symétriques, et de même les voyelles fermées , et les voyelles ouvertes .

e De la quantité des voyelles. La quantité d’une voyelle est le temps employé à la prononcer. En dehors de la pause (§ 32) où toutes les voyelles reçoivent un allongement secondaire, il faut distinguer en hébreu quatre degrés quantitatifs[10]. Une voyelle peut être longue, moyenne (ou semi-longue), brève, très brève, avec des durées respectives qui pourraient être exprimées par deux temps, un temps et quart, un temps, un quart de temps[11]. — Les voyelles longues sont souvent écrites en ajoutant י ou ו (mater lectionis) ; ainsi ī est souvent écrit ◌ִי, ọ̄ souvent écrit וֹ, ū souvent écrit וּ ; cf. § 7 c. Les voyelles moyennes et brèves sont généralement écrites sans mater lectionis[12].

Les voyelles très brèves sont surtout les trois ḥaṭef : ḥaṭef pataḥ ◌ֲ (), ḥaṭef segol ◌ֱ (), ḥaṭef qameṣ ◌ֳ () (§ 9). Dans l’indication de la quantité, on peut, pour simplifier, se contenter d’indiquer les longues, p. ex. ọ̄, et les très brèves, p. ex. .

f Les voyelles, relativement à la quantité, peuvent se répartir dans les 3 classes phonétiques, comme il suit :

Classe i Classe a Classe u
Longues ◌ִי וּ, וֹ (de ā), ◌ָֽ (de ā, rart)
Moyennes ◌ֵ ◌ֹ, ◌ָֽ (de a)
Brèves ◌ִ, ◌ֶ ◌ַ ◌ֻ, ◌ָ (de u)
Très brèves ◌ֱ ◌ֲ ◌ֳ

On voit, par ce tableau, que dans la classe a l’hébreu n’a plus de voyelle longue ni de voyelle moyenne : elles ont passé, par altération symétrique, dans la classe u. L’ā primitif long est devenu ordinairement ọ̄ וֹ, rarement ō̦ (å̄) ◌ָֽ ; de même l’a primitif bref est devenu (en certaines positions) (å) ◌ָֽ (cf. § i).

On voit aussi qu’une même voyelle peut avoir plusieurs quantités.

Ainsi i, u : long, bref.

Ainsi ,  : bref, très bref.

Ainsi  : long (rart), moyen, bref, très bref.

Ainsi  : long, moyen.

Ainsi  : moyen.

La quantité indiquée dans le tableau est la quantité normale. Le ton (ou accent) augmente légèrement la durée, et la pause l’augmente notablement. (Nous négligeons ici les cas moins ordinaires).

g La différence de durée entre les longues et les moyennes est considérable. Au contraire la différence de durée entre les moyennes et les brèves est légère[13]. La raison est que les longues hébraïques proviennent de longues primitives, tandis que les moyennes et les brèves proviennent de brèves primitives ; ainsi ī primitif devient ◌ִי, i bref primitif devient normalement ◌ִ, ◌ֵ, ◌ֶ selon la nature de la syllabe[14], p. ex. סִפְרִי sip̄rī, de *sip̄rī « mon livre », עֵנָב ʿẹnåḇ, de *ʿinab « raisin », חֶלְקִי ḥe̦lqī, de *ḥilqī « ma part ».

Les voyelles (moyennes) ◌ָֽ å, ◌ֵ , ◌ֹ sont normalement plus longues que les voyelles (brèves) correspondantes ◌ַ , ◌ֶ , ◌ָ . Cela ressort notamment du fait que les moyennes deviennent brèves dans des formes qui, de leur nature, demandent une vocalisation plus légère. Ainsi עוֹלָם ʿọ̄lǻm « siècle » devient עוֹלַם ʿọ̄la̦m à l’état construit (§ 92) où la forme doit être plus légère à cause de la diminution ou de la perte du ton. De même שֵׁם « nom » (état absolu et construit), כֹּל « tout » (état absolu et construit), deviennent en liaison étroite (indiquée par le maqqef § 13 c) שֶׁם־, כָּל־.

D’autre part, les voyelles (moyennes) ◌ָֽ, ◌ֵ, ◌ֹ n’ont nullement la durée des longues. Autrement il faudrait admettre qu’un très grand nombre de brèves primitives seraient devenues des longues en hébreu, et seulement en hébreu. Ainsi, tandis qu’on a des voyelles brèves dans arabe ذَقَن ḏaqan « barbe », syr. ܕܩܰܢ deqan, akkad. ziqnu, on aurait deux longues dans héb. זָקָן zåqån. Il est invraisemblable également qu’une voyelle qui est brève, par exemple, en syllabe fermée devienne une vraie longue par le seul fait que la syllabe devient ouverte. Si l’on essaie de donner aux trois voyelles moyennes la durée des longues on obtient une prononciation d’une lenteur invraisemblable et absolument impossible en pratique. Le fait que les voyelles moyennes n’ont pas sur une voyelle précédente primitive i, u l’effet qu’ont les voyelles longues montre qu’elles ne sont pas longues. Ainsi une voyelle longue fait tomber un i primitif : *ṣirār > צְרוֹר « sac » ; au contraire *ʿinab > עֵנָב « raisin ». De même *ruḥāb > רְחוֹב « place » (Brockelmann, Grundriss 1, p. 351), mais *šuʿar > שֹׁעָר « horrible » (cf. § 30 d).

h Remarques. 1. La distinction de cinq voyelles longues ā, ē, ī, ō, ū, et de cinq voyelles brèves a, e, i, o, u, introduite par Joseph Qimḥi (XIIe siècle) et généralement reçue jusqu’à nos jours, est une déformation violente du système vocalique de Tibériade. Elle a peut-être été suggérée par le dialecte roman parlé par J. Qimḥi, ou par le latin, ou encore par l’arabe (qui distingue trois longues ā, ī, ū et trois brèves a, i, u).

2. Les questions relatives au timbre et à la quantité des voyelles de Tibériade n’ont guère été étudiées que depuis la fin du XIXe siècle. Voir en particulier H. Grimme, Akzent und Vokallehre (1896), p. 32 sqq.

i Du timbre et de la quantité des voyelles hébraïques par rapport aux voyelles primitives.

On admet que le sémitique primitif avait trois voyelles longues ā, ī, ū et trois voyelles brèves a, i, u. En considérant le sort de ces voyelles en hébreu, il semble que les voyelles longues avaient un son fermé par rapport aux voyelles brèves correspondantes.

Le tableau suivant montre les principaux changements ordinaires des voyelles sémitiques en voyelles hébraïques dans les diverses espèces de syllabes (ouverte, fermée ; tonique, atone) :

Évolution des voyelles primitives en hébreu, suivant le type de syllabe

Il ressort de ce tableau que les longues primitives restent longues en hébreu ; quant aux brèves primitives, ou elles restent brèves (en syllabe fermée), ou elles deviennent moyennes (en syll. fermée tonique [souvent] et en syll. ouverte). Les voyelles moyennes hébraïques sont donc des voyelles brèves primitives devenues en hébreu un peu plus longues que les brèves soit primitives, soit hébraïques.

Quant au timbre, les voyelles longues primitives ī, ū sont conservées en hébreu, p. ex. *i̯adīn > יָדִין « il jugera », *i̯aqūm > יָקוּם « il se lèvera ». Mais ā est devenu généralement ọ̄, p. ex. *šalām > שָׁלוֹם « paix », *qāṭil > קֹטֵל « tuant », rarement å̄, p. ex. *kitāb > כְּתָב « un écrit » (mot aramaïsant). Les voyelles brèves primitives a, i, u se maintiennent souvent[15] en syllabe fermée atone, p. ex. type מַלְכִּי, type סִפְרִי, ordinairement en syllabe aiguë atone, p. ex. יַמִּים « mers », אִמּוֹת « mères », חֻקִּי « mon droit ». Mais en syllabe fermée tonique (souvent) et en syllabe ouverte, leur timbre (comme leur quantité) est altéré ; elles deviennent les moyennes å (= ), , . Exemples en syll. fermée tonique : יָם « mer », אֵם « mère », חֹק « droit » ; en syllabe ouverte : שָׁלוֹם, עֵנָב, גְּבֹהָה « haute » de *gabuha(h).

On remarquera que l’altération de ạ̄ en ọ̄ et celle de en (å) sont parallèles : chacune des deux voyelles primitives devient plus fermée de deux degrés. Au contraire les deux voyelles symétriques primitives i, u en devenant , s’ouvrent d’un degré, en devenant , s’ouvrent de deux degrés.

j De la voyelle ◌ָ en particulier. Cette voyelle présentant des difficultés spéciales, à cause de sa double origine, demande quelques explications complémentaires (cf. § d). Le signe ◌ָ est une déformation du signe primitif ◌̱̣ composé du trait du pataḥ et du point du ḥolem. Ce symbole exprime assez heureusement le son , intermédiaire entre et [16].

Quant à son origine, la voyelle ◌ָ provient tantôt d’une voyelle primitive u, et alors elle est brève, tantôt d’une voyelle primitive a, et alors elle est moyenne[17]. Dans ce dernier cas on peut l’écrire conventionnellement ◌ָֽ pour indiquer qu’elle est moyenne, et la transcrire å pour indiquer qu’elle provient d’un a primitif. Le signe ◌ָ exprime un timbre unique , malgré sa double origine, exactement comme le signe ◌ֶ, malgré sa double origine, exprime le timbre unique . Il est invraisemblable que le système graphique de Tibériade, qui pousse la précision jusqu’à distinguer deux nuances de la voyelle e et deux nuances de la voyelle o, ait exprimé par un signe unique deux voyelles telles que o et a. Il semble téméraire d’accuser les Naqdanim d’erreur sur un point aussi important. — Plusieurs phénomènes phonétiques de détail montrent que le å sonnait réellement dans la bouche des Naqdanim. Ainsi, dans le cas du dagesh euphonique (§ 18 i), p. ex. לְכָה־נָּ֫א leḵånnå, le premier å en cette position (syllabe aiguë atone) a dû avoir la nuance ouverte . Une nuance fermée, telle que , est aussi peu naturelle en cette position que les voyelles fermées , . Si l’on dit לְכָה־נָּא, comme on dit נַכֶּה־בּוֹ, et comme on dit מַה־זֶּה, c’est que le ◌ָ est une voyelle de nuance ouverte () comme ◌ֶ et ◌ַ (cf. § 18 i). Voir encore la loi d’harmonisation du type אֶחָד (§ 29 f). D’autres indices révélateurs seront signalés dans la Phonétique et dans la Morphologie (§§ 6 l 1 ; b N ; e 2 ; 32 c ; 88 B g ; f).

k L’altération de a primitif en a un parallèle en araméen occidental, et donc dans la même région que l’hébreu. En araméen occidental ā primitif est devenu ō̦ (écrit ◌ָ en araméen biblique, ◌ܳ [originairement ὂ μικρόν] en syriaque occidental)[18]. L’altération de a en o (soit soit ) est un phénomène qui se retrouve dans beaucoup de langues et de dialectes (comp. p. ex. anglais what = u̯ho̦t, avec un comme dans no̦t).

Le passage de primitif à héb. a dû se faire probablement par un son intermédiaire [19].

Le ◌ָֽ provenant de a est prononcé par les Juifs du Yémen, de la Perse, du Daghestan. Les Juifs allemands le prononcent fautivement (qui est le son du ◌ֹ). Les Juifs des autres pays le prononcent a. Cf. Idelsohn, Die gegenwärtige Aussprache des Hebräischen bei Juden… dans Monatschrift für Gesch. und Wissensch. des Judentums, 1913 (75 Jahrgang), pp. 527-545 ; 697-721).

l Remarques pratiques sur les deux ◌ָ. Le ◌ָ provenant de u est normalement bref ; on l’appelle קָמֵץ חָטוּף qameṣ abrégé (littért : enlevé). Le ◌ָֽ provenant de a est ordinairement moyen, rarement long ; on l’appelle קָמֵץ רָחָב qameṣ large.

Le ◌ָ tonique est moyen, et donc provient de a, p. ex. עֵנָ֫ב ʿẹnǻb, וַיָּ֫קֶם u̯a̦i̯i̯ǻqe̦m. Le ◌ָ atone en syllabe ouverte est moyen, donc å, p. ex. קָֽטְל֫וּ qå-ṭelū́ ; en syll. fermée il est bref, donc , p. ex. אָכְלָ֫ה ʾo̦ḵ-lǻ(h) « nourriture », וַיָּ֫קָם u̯a̦i̯i̯ǻqo̦m, חָנֵּ֫נִי ḥo̦nnẹ́nī « aie pitié de moi ».

Donc ne se trouve normalement qu’en syllabe fermée atone ; å se trouve dans les autres espèces de syllabes, à savoir en syllabe fermée tonique et en syllabe ouverte (tonique et atone).

Les exceptions sont peu nombreuses. Voici les principales :

  1. 1) Auprès de la forme קֳדָשִׁים[20] qḏåšīm, on a קָֽדָשִׁים qo̦-ḏåšīm, avec en syllabe ouverte ; mais en réalité, ici, en syllabe ouverte, l’ a dû devenir moyen (cf. § 28 e). Cette graphie insolite suppose que le ◌ָ a le son unique . De même on a שָֽׁרָשִׁים[21] šo̦-råšīm, pour שֳׁרָשִׁים* ; cf. § 96 A g[22].
  2. 2) Le pluriel de בַּ֫יִת bái̯it « maison » est בָּֽתִּ֫ים båt-tīm (§ 98 f) avec å en syll. fermée atone. Le meteg invite à garder à la voyelle sa quantité de voyelle moyenne (§ 14 b).
  3. 3) La forme pausale de שָׁכֹ֫לְתִּי šåḵọ́ltī « je suis privé d’enfants » est שָׁכָ֑לְתִּי šåḵṓ̦ltī avec un (pour ) allongé secondairement et plus long que l’ (voir d’autres exemples § 32 c).

m Cas pratique où la quantité du ◌ָ est indiquée indirectement par la graphie. La 3e personne fém. du parfait est קָֽטְלָה qå-ṭelå(h) « elle a tué » du primitif *qaṭalat. Le meteg du qameṣ indique ici la division syllabique . Au contraire le type קָטְלָה[23] sans meteg est qo̦ṭ-lå(h) « tue », à savoir l’impératif קְטֹל avec ◌ָה paragogique, § 48 d (la voyelle a passé sous le ק et s’est abrégée en ), p. ex. אָכְלָה « mange ».

n Le ◌ָֽ précédant le ḥaṭef qameṣ (◌ֳ) est un (malgré le meteg), sauf dans le cas où ◌ָֽ représente la voyelle a de l’article (הָ), p. ex. פָּֽעֳלִי po̦ʿ « mon œuvre », de פֹּ֫עַל, נָֽעֳמִי No̦ʿ (nom de femme) de נֹ֫עַם « suavité ». Mais une forme telle que בָּֽאֳנִיָּה est équivoque : elle représente soit bo̦ʾnii̯i̯a(h) « dans (un) navire », sans l’article, soit bå-ʾnii̯i̯a(h) « dans le navire », avec l’article (§ 35 e).

  1. La transcription u représente la voyelle u de l’italien (= ou français), non l’u français.
  2. Par nécessité typographique on emploie ici í, ú pour la nuance fermée, ì, ù pour la nuance ouverte. — La différence entre les deux nuances de i et de u est beaucoup moins sensible que dans les autres voyelles a, e, o.
  3. Le ḥolem, seule voyelle au-dessus de la lettre, s’omet, par économie, quand il devrait être tout proche du point diacritique du שׁ et du שׂ. Ainsi on écrit משֶׁה mọše̦(h) « Moïse » (non מֹשֶׁה), נְשׂא neśọʾ « porter ». — Un א quiescent prend à droite le ḥolem de la consonne précédente : רֹאשׁ rọ̄(ʾ)š « tête », חַטֹּאת ou חַטֹּאות « péchés de » (mais cet usage n’est pas toujours observé).
  4. La voyelle u, quand elle est longue, s’écrit souvent וּ (shureq).
  5. Le système de Tibériade imite problablement celui des Syriens orientaux qui comprend aussi sept voyelles, tandis que celui des Syriens occidentaux n’en comprend que cinq. Cf. Bergsträsser, § 9 c.
  6. Comparer l’ italien provenant de i latin, p. ex. dans vẹrgine, vẹndico, sẹno, capẹllo (capillus ; opposer cappe̦llo dérivé de cappa).
  7. Dans la prononciation babylonienne le est devenu ä (= ) ; cf. Bauer 1, p. 100. Nous verrons (§ i) que dans la prononciation de Tibériade, l’altération a porté au contraire sur l’ fermé, qui est devenu å (= ). La symétrie des deux phénomènes est remarquable.
  8. Si l’on veut s’en tenir à la tradition de Tibériade il faut prononcer tous les ◌ָ avec le même timbre (mais avec une quantité variable suivant les cas). Beaucoup de Juifs prononcent le ◌ָֽ, provenant d’un a primitif, comme un a (et pratiquement comme le ◌ַ ). L’origine de cette prononciation ne peut guère être une préoccupation étymologique ou un souci pédagogique. C’est un élément d’une prononciation non tibérienne, probablement babylonienne, dans la prononciation de Tibériade. La distinction de ◌ָ en deux timbres et a, contraire au système de Tibériade, est déclarée fausse par plusieurs grammairiens récents. Déjà Ibn Ezra († 1167) reconnaissait que la prononciation du ◌ָֽ comme a est vicieuse. (Cf. Bacher : Abr. Ibn Ezra als Grammatiker, 1892). Voir sur cette question J. Derenbourg dans Journal asiatique, 6e série, 13 (1869) p. 513 sq. ; Bergsträsser, § 10 a ; Bauer, 1, p. 100. Peut-on espérer que la prononciation scientifique finira par l’emporter, du moins, chez les chrétiens, sur la prononciation fautive devenue comme traditionnelle ? C’est douteux, en particulier parce que la double prononciation du ◌ָ a l’avantage pédagogique d’obliger le débutant à reconnaître immédiatement si le ◌ָ vient d’un u ou d’un a. — Dans cette grammaire nous transcrivons ◌ָ phonétiquement par , étymologiquement par ou å selon les cas. En dehors des transcriptions nous écrivons simplement a pour å, selon l’usage reçu, p. ex. dans les termes de grammaire qameṣ, ḥaṭef, au lieu de qåmẹṣ, ḥåṭẹp̄.
  9. Comparer l’ italien provenant de u latin, p. ex. dans mọlti, mọglie, sọpra, vọlto (de vultus ; opposer vo̦lto de volgere), cọlto (de cultus ; opposer co̦lto de cogliere).
  10. Darmesteter, dans son Dictionnaire général, distingue trois quantités dans les voyelles du français moderne : longue, moyenne, brève.
  11. On pourrait exprimer symboliquement les quatre degrés quantitatifs de l’hébreu par les symboles ◌̄ ◌̄̆ ◌̆ ◌̆̆.
  12. Ici nous employons la mater lectionis pour indiquer la longue et nous l’omettons pour indiquer la moyenne ou la brève.
  13. Il est donc peu utile de la noter graphiquement. Dans la plupart des cas la nature de la syllabe indique clairement si la voyelle est brève ou moyenne ; cf. § 28.
  14. Sur la syllabe voir §§ 27, 28.
  15. Mais u beaucoup moins souvent que a, i ; ainsi dans le type nominal *qutl on a ordinairement קָטְלִי, p. ex. קָדְשִׁי ; dans le type verbal i̯uqtal on a יָקְטַל plutôt que יֻקְטַל.
  16. Comparer les trois voyelles ◌ִ ◌ֵ ◌ֶ de la classe i avec un, deux, trois points.
  17. Ainsi כָּל־ « totalité de » de *kul, כֹּל (rac. כלל) = ko̦l ; mais כָּל « il a mesuré » (Is 40, 12 †) = kål (rac. כיל ou כול).
  18. Ainsi le primitif * « non » devient (= lō̦) : aram. bibl. לָא, syr. ܠܳܐ (au contraire en héb. lọ̄ לֹא).
  19. L’ provenant de a a pu originairement être vélaire. L’ vélaire est la voyelle homogène de la vélaire ק, celle qu’on perçoit quand on veut prononcer ק sans voyelle déterminée.
  20. Pluriel de קֹ֫דֶשׁ qọ́ḏe̦š « sainteté ».
  21. Pluriel de שֹׁ֫רֶשׁ šọ́re̦š « racine ».
  22. Le mot דָּֽרְבוֹן* « aiguillon » est lu do̦-reḇọ̄n. Cependant Bauer et Leander, 1, p. 500, supposent . Malheureusement l’étymologie est obscure. C’est un des très rares cas où l’origine du qameṣ nous échappe.
  23. Nous négligeons ici, pour la simplicité, la question du shewa moyen (cf. § 48 d).