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Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Pronom/Paragraphe 144

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Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 446-447).
§ 144. Pronom interrogatif.

a Pour les personnes on emploie מִי qui ? (§ 37 a), p. ex. Gn 24, 23 בַּת־מִי אַתְּ la fille de qui es-tu ? (en fonction de génitif). En fonction d’accusatif on a toujours אֵת : Is 6, 8 אֶת־מִי אֶשְׁלַח qui enverrai-je ? (§ 125 g). מי au sens collectif : Agg 2, 3 מִי בָכֶם הַנִּשְׁאָר qui sont, parmi vous, les survivants… ? ; מי peut se rapporter à un groupe : Jug 21, 8 (malgré אֶחָד ; cf. v. 9) ; avec מי répété : Ex 10, 8[1].

b On trouve rarement מי pour les choses : Jug 13, 17 מי שְׁמֶ֑ךָ quel est ton nom ?[2] ; מי avec une idée latente de personne : Dt 4, 7 מִי־גוֹי ; Jug 9, 28 מי־שְׁכֶם ; 2 S 7, 18 מי בֵיתִי. Autres ex. : Gn 33, 8 ; Mich 1, 5 ; Ct 3, 6.

c Pour les choses on emploi מָה (§ 37 b). En fonction d’accusatif il ne prend jamais אֵת (§ 125 g). Il est naturellement très rare en fonction de génitif : Jér 8, 9 sagesse de quoi ? (quelle sorte de s. ?) ; Nb 23, 3 (§ 129 q N). Il peut s’employer en parlant d’une personne, pour demander ce qu’elle est : 1 S 29, 3 מָה הָֽעִבְרִים הָאֵ֫לֶּה qu’est-ce que ces Hébreux ? ; Ct 5, 9.

d Dans la construction du type 1 S 26, 18 מַה־בְּיָדִי רָעָה qu’y a-t-il de mal dans ma main ? מה garde sa valeur pronominale, et le nom, séparé de מה, est à l’accusatif (de limitation § 127 b) : 20, 10 ; 2 S 19, 29 ; 24, 13 ; 1 R 12, 16 ; Jér 2, 5 ; Eccl 11, 2 ; Esth 6, 3.

Dans la construction du type Gn 37, 26 מַה־בֶּ֫צַע quel avantage ? מה semble employé en fonction adjectivale[3].

e Avec un adjectif ou un verbe מה a le sens adverbial de comme ! combien ! comment ?, pourquoi ? : Ps 8, 2 מָה־אַדִּיר combien glorieux ! ; 36, 8 מַה־יָּקָר combien précieux ! ; Nb 24, 5 מַה־טֹּ֫בוּ אֹֽהָלֶ֫יךָ que tes tentes sont belles ! (exclamatif) ; Gn 44, 16 מַה־נִּצְטַדָּ֑ק comment nous justifierons-nous ; Ex 14, 15 מַה־תִּצְעַק אֵלָ֑י pourquoi cries-tu vers moi ? — Avec זֶה enclitique cf. § 143 g.

f מה a parfois la valeur d’un pronom indéfini. Dans la plupart des exemples il est après le verbe : 1 S 19, 3 וְרָאִ֫יתִי מָה וְהִגַּ֫דְתִּי לָ֑ךְ et si je vois quelque chose, je te l’annoncerai ; 2 S 18, 22 וִיהִי מָה qu’il arrive n’importe quoi ! = advienne que pourra ! (cf. Job 13, 13) ; Nb 23, 3 (§ 129 q N) ; 2 S 18, 29 לֹא יָדַ֫עְתִּי מָה je ne sais rien (cf. Pr 9, 13)[4].

g En combinaison avec le relatif on trouve Ex 32, 33 מִי אֲשֶׁר celui qui[5] ; 2 S 20, 11 † (comp. aram. מַן דִּי Dn 5, 21) ; — Eccl 1, 9 מַה־שֶּׁ׳ ce qui ; 3, 15 (comp. aram. מָא דִי Esd 6, 8).

h Un מָה oratoire, en certaines circonstances, peut équivaloir à une négation[6] : 1 R 12, 16 מַה־לָּ֫נוּ חֵ֫לֶק quelle part avons-nous ? = nous n’avons pas de part (cf. 2 S 20, 1 אֵין לנוּ חלק) ; Ct 8, 4 (opp. 5, 8).

  1. Avec הוּא enclitique : מי הוּא qui donc ? Is 50, 9 ; Job 4, 7 ; avec הוּא־זה Jér 30, 21 ; Ps 24, 10 ; cf. מי זה § 143 g.
  2. Par contamination de deux constructions : מִי אַתָּה et מַה־שְּׁמֶ֑ךָ (Gn 32, 28 ; Ex 3, 13), contamination d’autant plus explicable que pour le Sémite le nom est conçu comme une sorte d’équivalent de la personne. De même en araméen מַן Esd 5, 4. Cf. Biblica, 1, 365 N.
  3. Comp. un phénomène semblable pour זה § 143 i.
  4. Avec מי le seul exemple serait 2 S 18, 12, où il faut lire לי.
  5. Il y a passage du sens interrogatif au sens relatif : Qui est celui qui a péché contre moi ? je l’effacerai devient Qui(conque) a péché… (Brockelmann, 2, 580) ; comp. Dt 20, 5 ; Jug 10, 18.
  6. En arabe مَا est usuel comme négation.