Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BAUDOUIN II, dernier empereur latin de Constantinople

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 1p. 387).

BAUDOUIN II, dernier empereur latin de Constantinople ; né en 1217, mort en 1273, était fils de Pierre de Courtenay et d’Yolande. Ayant succédé, en 1228, à son frère Robert, il associa à l’empire son beau-père, Jean de Brienne, un des chefs les plus célèbres de la cinquième croisade, et tenta de s’opposer aux progrès de Vatace, empereur de Nicée, et d’Azan, roi des Bulgares ; il parvint à repousser ses ennemis, qui l’assiégèrent deux fois dans Constantinople, pendant que la flotte vénitienne battait la flotte grecque (1234). Vatace et Azan cherchèrent de nouveau, en 1236, à s’emparer de la capitale de l’empire ; mais ils furent encore une fois repoussés, grâce à la valeur de Jean de Brienne, de Geoffroy de Villehardouin et des chevaliers français. Ces victoires, en épuisant les vainqueurs, portaient en elles-mêmes leur avertissement. Baudouin résolut d’aller demander des secours en Europe. Parfaitement accueilli par saint Louis, à qui il fit cadeau de la couronne d’épines, l’empereur de Constantinople rentra en possession des biens patrimoniaux des Courtenay, et obtint des secours. Jean de Brienne étant mort à Constantinople, Baudouin avait hâte de revenir dans ses États ; mais les compagnons d’armes qu’il avait si péniblement recrutés (1239) le quittèrent en route et gagnèrent la Palestine. Sans se décourager, l’empereur revint en France, visita l’Angleterre et l’Italie, et, avec quelques soldat», il regagna Constantinople. Ayant forcé Vatace à conclure une trêve de trois ans, Baudouin se hâta de revenir en Occident, espérant y organiser de nouveaux secours. En vain démontra-t-il au concile de Lyon (1244) l’intérêt qu’avait la France à soutenir l’empire latin de Constantinople ; l’expédition de saint Louis en Égypte était résolue, et Baudouin dut se résoudre à essayer de se défendre avec ses seules forces ; mais, en 1251, effrayé des progrès toujours croissants de Vatace, il parcourut de nouveau l’Europe, demandant partout des secours, et ne trouvant partout qu’indifférence. Sous le successeur de Vatace, Lascaris, le dernier empereur latin, découragé, presque seul au milieu d’un pays ennemi, se retira au fond de son palais, attendant les événements qu’il n’était plus en son pouvoir de diriger. Michel Paléologue, qui s’était fait associer à l’empire de Nicée, vint mettre le siège devant Constantinople, y pénétra par un souterrain, le 29 juillet 1261, et força, sans combat, la faible garnison à se rendre. De son palais, Baudouin put contempler l’incendie de la ville ; il se fit porter par une barque à Négrepont, puis se retira en Italie. En 1270, Baudouin fut sur le point de conduire une nouvelle croisade à Constantinople ; mais les désastres de saint Louis lui enlevèrent sa dernière espérance, et il mourut bientôt après.