Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BEAUFRANCHET D’AYAT (le comte Louis-Charles-Antoine DE), général, fils présumé ou prétendu de Louis XV et de la demoiselle Morphise

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 2p. 434).

BEAUFRANCHET D’AYAT (le comte Louis-Charles-Antoine DE), général, fils présumé ou prétendu de Louis XV et de la demoiselle Morphise, qui épousa le comte de Beaufranchet d’Ayat ; né en 1757 au château d’Ayat-Saint-Hilaire, en Auvergne, mort en 1812. D’abord page de Louis XV, il était capitaine au régiment de Berry-cavalerie, à l’époque de la Révolution. L’émigration des officiers supérieurs, qu’il n’imita point, lui procura un avancement rapide, malgré sa qualité de noble. En 1793, il était chef d’état-major du camp sous Paris, et il assista, en cette qualité, au supplice de Louis XVI. Il est un de ceux à qui l’on a attribué le fameux roulement de tambours qui interrompit le discours du roi. Certes, c’est là un épisode bien capable de frapper l’imagination : un petit-fils de Louis XV est sur l’échafaud, et le signal qui doit faire tomber sa tête est donné par un fils naturel du même prince. Mais ce fait n’est pas établi d’une manière incontestable. Les tambours, d’ailleurs, battaient depuis le matin et accompagnaient le défilé des troupes qui venaient se ranger sur la place, et ils ne s’interrompirent un moment que sur la demande du roi. Que l’ordre de battre de nouveau ait été donné par Beaufranchet, le fait n’a rien d’impossible ni d’invraisemblable ; mais en tout état de cause, cet officier n’eût fait que transmettre l’ordre du général Berruyer, qui commandait en chef. Au reste, cette question sera discutée aux articles Berruyer et Santerre. Beaufranchet fut ensuite employé dans la Vendée comme général de brigade, demeura longtemps en non-activité, et devint, sous l’empire, inspecteur général des haras.

Son neveu, le vicomte Beaufranchet de la Chapelle, à l’occasion de la publication des Girondins de Lamartine, a publié dans les journaux une réclamation contre l’opinion commune, qui fait de son oncle un bâtard de Louis XV. Il considère cette assertion comme blessante pour sa famille, qui possède, dit-il, une généalogie remontant, par filiation directe, jusqu’à saint Louis. Quant à la demoiselle Morphise (dont quelques-uns ont fait une danseuse), il donne son véritable nom, Marie-Louise 0’Murphy de Boistailly, fille d’un gentilhomme irlandais. Son mariage avec le major général Jacques de Beaufranchet d’Ayat eut lieu en 1755. De ce mariage naquit, deux ans plus tard, le personnage dont nous avons donné la notice. M. de La Chapelle regarde l’historiette des amours de sa grand’tante et de Louis XV comme une supposition dénuée de preuve. Notre impartialité nous faisait un devoir de mentionner cette protestation, que nous exhumons de la nécropole des vieux journaux, et que M. Nettement a insérée dans sa critique des Girondins. M. de La Chapelle proteste également contre l’assertion relative au roulement de tambours, qui, nous devons le dire, a été, ainsi que la précédente, reproduite par des écrivains royalistes. On les retrouve l’une et l’autre, notamment dans une note de l’Histoire de la Révolution, de Bertrand de Molleville (t. X, p. 430), où se lit en outre : « Dans une pétition au Directoire, il (Beaufranchet) se faisait lui-même un mérite d’avoir conduit à l’échafaud le dernier des tyrans. »