Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/DUROY (Jean-Michel), conventionnel montagnard

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Administration du grand dictionnaire universel (6, part. 4p. 1440).

DUROY (Jean-Michel), conventionnel montagnard, né à’Bernay (Eure) en 1754, décapité le 29 prairial an III (17 juin 1795). Il était avocat dans sa ville natale, fut nommé juge au tribunal du district dés le début do la Révolution, puis député suppléant à l’Assemblée législative, enfin membre de la Convention nationale. Il siégea à la Montagne, vota la mort du roi sans appel ni sursis, combattit les girondins, demanda, après le 31 mai, la mise en accusation de Buzot, fut envoyé en mission dans son département, et contribua à la répression de cette Vendée normande, suscitée par les girondins, et qu’on a nommée la guerre du fédéralisme. À son retour dans l’Assemblée, en septembre 1793, il prit la défense des officiers qu’on destituait comme ex-nobles, et dont beaucoup, disait-il, pour avoir ce malheur, ■ n’en étaient pas moins de bons sans-culottes, » Montagnard de la nuance la plus tranchée, il n’en était pas moins fort indépendant. C’est ainsi qu’il réclama, en pleine l’erreur, l’entière liberté des opinions sur les opérations du comité de Salut public, et qu’il attaqua Merlin (de Thion-Ville), qu’il regardait comme fin agent orléaniste. Après le 9 thermidor, il combattit la réaction croissante, et le 1er prairial an III, lors de l’envahissement de l’Assemblée, il se joignit à ses collègues de la Montagne pour appuyer les demandes du peuple ; ce fut même lui qui rédigea quelques-unes des principales propositions votées ait milieu du tumulte et sous la pression de l’émeute. Après l’expulsion des envahisseurs, Duroy fut décrété d’accusation avec Romme, Goujon, Soubrany, Bourbotto et Duquesnoy, transféré au château du Taureau, dans le Finistère, puis ramené à Paris après quelques jours de détention, traduit devant une commission militaire et condamné à mort ainsi que ses amis. Comme eux il se plongea un couteau dans le cœur au sortir de 1audience, mais il conserva assez de vie pour être porté sanglant sur l’échafaud. Sous le couteau fatal, ses dernières paroles avaient été : " Vive la République ! Unissez-vous, embrassez-vous tous : c’est le seul moyen de sauver la République. »

Pour les détails sur ce tragique événement, V. prairial an III (journée du 1er) ; V. aussi Goujon, Romme, Duquesnoy, etc.