Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Damilaville (etienne-noël)

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Administration du grand dictionnaire universel (6, part. 1p. 48).

DAMILAVILLE (Etienne-Noël), littérateur français, né vers 1721, mort en 1768. Il était garde du corps lorsqu’il abandonna, en 1741, la carrière des armes pour devenir premier commis au bureau du vingtième. Grâce aux privilèges de sa place, il pouvait envoyer francs de port des paquets et des lettres. Ayant fait passer de cette façon différents paquets à Voltaire, il entra en relations avec le célèbre philosophe (1760), eut avec lui une correspondance suivie, devint son ami, et se lia par son intermédiaire avec Diderot, d’Alembert et les hommes les plus distingués du temps. Homme médiocre, sans idées à lui et de peu d’instruction, il devint, selon l’expression de d’Holbach, le gobe-mouches de la philosophie. Il composa pour l’Encyclopédie l’article vingtième, qu’il signa du nom de Boulanger, et publia, en 1767, sous le titre de l’Honnêteté théologique, un pamphlet contre la condamnation du Bélisaire de Marmontel. Damilaville était un ardent ennemi du christianisme. Si l’on en croit Voltaire et La Harpe, il fut l’auteur du Christianisme dévoilé ou Examen des principes et des effets de la religion chrétienne (Londres, 1756, in-8o), qui passa pour un ouvrage posthume de Boulanger, et qui, d’après certains bibliographes, serait l’œuvre de d’Holbach. Pendant sa dernière et longue maladie, Damilaville fut entouré d’illustres et nombreux amis. Voltaire, qui avait pour lui un véritable attachement, et qui l’appelle avec beaucoup trop de bienveillance un de nos plus savants écrivains, publia sous son nom, après sa mort, des Eclaircissements historiques, dans lesquels il prend à partie Nonotte, qui avait critiqué son livre des Mœurs et de l’esprit des nations.