Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Hœfer (Jean-Chrétien-Ferdinand)

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HŒFER (Jean-Chrétien-Ferdinand), écrivain et savant français d’origine allemande, né à Doaschnitz (Thuringe) en 1811. Destiné par ses parents à l’état ecclésiastique, il commença chez le curé de son village son éducation, qu’il termina à Rudolstadt. Là, il apprit les langues anciennes, l’hébreu, plusieurs langues vivantes, et travailla avec une telle ardeur, que sa santé en fut gravement altérée. Pour se rétablir, on lui ordonna de voyager, et le jeune homme se mit à visiter à pied l’Allemagne, la Hollande et la Belgique. Au moment où venait d’éclater la révolution de juillet 1830, Hœfer se trouvait à Lille, dénué de ressources et entendant fort mal le français. Pour sortir de sa fâcheuse position, il s’engagea dans le régiment de Hohenlohe, qu’il dut rejoindre à Marseille, et passa avec lui en Morée. Après avoir passé quelque temps à Navarin, son régiment fut licencié (mars 1831), et il revint en France, après avoir couru les plus grands dangers en tentant de se rendre à pied à Constnntinople. Arrivé k Lyon, il obtint, grâce à des lettres de recommandation, une place de professeur au collège de Nantua, où il enseigna l’allemand, le grec, l’anglais et l’italien. De là il passa, comme professeur de troisième, au collège de Saint-Étienne, où l’inspecteur général Burnouf, appréciant son mérite, le mit en rapport avec Cousin. Le célèbre philosophe éclectique le chargea de traduire la Critique de la raison pure de Kant, et il s’acquitta de ce travail difficile d’une façon si satisfaisante, que Cousin l’appela de Roanne, où il se trouvait alors, à Paris, pour se l’attacher comme secrétaire (1834). M. Hœfer aida ce savant tant dans ses recherches que dans ses traductions du Parménide, du Timée et du Critias de Platon ; puis il rompit avec lui k la suite d’une assez vive discussion au sujet d’un passage du traité d’Abailard intitulé Sic et non.

Tout en s’occupant de philosophie et de philologie, le jeune savant étudiait avec ardeur les sciences, particulièrement la physique et la chimie, suivait les cours de l’École de médecine, de la Sorbonne, du Collège de France, donnait pour vivre des leçons dans les institutions Barbet et Parchappe, et publiait des articles philosophiques, scientifiques et littéraires dans divers recueils, notamment dans l’Epoque, les Annales d’anatomie et de physiologie, l’Encyclopédie catholique, la Revue du Nord, le Corsaire, l’Interprète en cinq langues, dont il était rédacteur en chef, l’Hermès, etc. Une brillante discussion qu’il soutint dans ce dernier journal contre Geoffroy Saint-Hilaire, au sujet de l’unité de composition organique, fut très-remarquée, et lui attira l’amitié de ce savant. En 1840, M. Hœfer passa son doctorat en médecine avec une très-remarquable thèse sur la chlorose. Devenu médecin, il employa le premier, dans la pratique de son art, l’usage du platine comme agent thérapeutique. En 1843, le gouvernement le chargea d’aller étudier en Allemagne l’enseignement et la pratique de la médecine. De retour en France, M. Hœfer adressa au ministre de l’instruction publique un long rapport qui parut dans le Moniteur en avril 1844. En 1846, il retourna dans le même pays, avec la mission de se rendre compte de l’enseignement de l’économie rurale, reçut alors la croix de la Légion d’honneur et fut naturalisé Français après la révolution de 1848. En 1851, M. Firmin Didot chargea ce savant de diriger une Nouvelle biographie universelle, qui a paru de 1852 k 1866, en 46 vol. in-8o, et dont, à la suite d’un procès, le titra fut changé en celui de Nouvelle biographie générale. M. Hœfer a fourni à ce vaste recueil plusieurs des articles les plus importants, notamment ceux d’Alexandre, Aristote, Bacon, César, Colomb, Descartes, Érasme, Fermât, Frédéric II, Herschell Sumbotdt, Leibnitz, etc.

Parmi les nombreux ouvrages de ce savant, nous citerons : Éléments de chimie minérale (1841, in-8o) ; Histoire de la chimie (1842-1843, 2 vol. in-8o), livre très-estimé et qui a été traduit en plusieurs langues ; Nomenclature et classification chimiques (1845, in-12): Dictionnaire de chimie et de physique (1846) ; Dictionnaire de médecine pratique (1847) ; Dictionnaire de botanique (1850) ; Dictionnaire pratique d’agriculture et d’horticulture (1855) ; Sur le système qui transforme l’éditeur en auteur et coauteur, et de la composition des dictionnaires biographiques (1853) ; la Chimie enseignée par la biographie de ses fondateurs (1865) ; le Monde des bois (1867) ; les Saisons, étude de la nature (1867) ; Histoire de la physique et de la chimie depuis les temps les plus reculés (1872), livre clair et attrayant, etc. Il a publié dans l’Univers pittoresque : Histoire au Maroc (1848) ; Chaldée, Assyrie, Médie, Babylonie, Mésopotamie (1852) ; l’Ile de Socotora ; la Régence de Tripoli ; les Productions naturelles et la topographie de l’Égypte, etc. On lui doit en outre des traductions de l’Economique d’Aristote (1843). donnée pour la première fois en français, de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile (1846), des ’Tableaux de la nature de Humboldt (1850), du Traité de chimie de Berzélius (6 vol.), etc.


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