Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LEBRUN (Jean-Baptiste-Pierre), critique d’art et marchand de tableaux

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 293).

LEBRUN (Jean-Baptiste-Pierre), critique d’art et marchand de tableaux, né à Paris en 1748, mort en 1813. C’était un des plus fins connaisseurs en matière d’art de son temps. Il fit dans le commerce des tableaux, dont il avait réuni une belle collection, une brillante fortune, que sa passion pour le jeu et pour les femmes finit par engloutir. Au temps de sa splendeur, il connut Mlle Vigée, qui habitait la même maison que lui, lui prêta des tableaux de maître pour ses études, contribua ainsi à ses progrès artistiques et finit par la demander en mariage. Bien qu’il fût aimable et d’un extérieur agréable, la jeune artiste, qui se sentait peu de sympathie pour lui, accueillit froidement sa demande ; mais, sur les instances de sa mère, charmée de voir sa fille épouser un homme riche, elle consentit à épouser Lebrun (1776). Cette union fut loin d’être heureuse. Les deux époux ne tardèrent pas à vivre chacun de son côté, Lebrun ne s’occupant que d’une chose : toucher tout l’argent que gagnait sa femme. Ses affaires étaient fort embarrassées, et ce supplément de revenu lui échut à point. Pendant la Révolution, Mme Lebrun ayant quitté la France, Lebrun resta à Paris, où il ne fut pas inquiété. En 1793, il envoya à la Convention une pétition pour demander que sa femme, alors en Italie, fût rayée de la liste des émigrés. Lorsque celle-ci revint à Paris, en 1802, Lebrun la reçut dans son hôtel de la rue du Gros-Chenet, et ils continuèrent à vivre sous le même toit, mais séparés et presque comme étrangers l’un à l’autre, sauf en ce qui touchait à la question d’argent. On doit à Lebrun des écrits qui prouvent l’étendue de ses connaissances en peinture. Nous citerons de lui : Almanach historique et raisonné des architectes, peintres, sculpteurs, etc. (1776) ; Galerie des peintres flamands, hollandais et allemands (1792-1796, 3 vol. in-fol.), avec 201 planches gravées, ouvrage fort remarquable ; Réflexions sur le Muséum national (1793) ; Quelques idées sur l’agencement et la décoration du musée national (1794) ; Précis historique de la vie de la citoyenne Lebrun (1794) ; Essai sur les moyens d’encourager la peinture, la sculpture, l’architecture et la gravure (1794), etc.