Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MARGUERITE D’AUTRICHE, duchesse de Parme, gouvernante des Pays-Bas

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 4p. 1171-1172).

MARGUERITE D’AUTRICHE, duchesse de Parme, gouvernante des Pays-Bas, née à Bruxelles en 1522, morte en Italie en 1586. C’était une fille naturelle de Charles-Quint et d’une Flamande, Marguerite van Gest. Elle épousa, en 1535, Alexandre, duc de Florence, qui mourut en 1537, et se remaria, l’année suivante, avec un enfant de douze ans, Octave Farnèse, qui devint duc de Parme et de Plaisance. Nommée par Philippe II gouvernante des Pays-Bas en 1559, elle se conduisit avec une grande prudence au milieu de la surexcitation des esprits, obtint le renvoi du cardinal Granvelle (1564), qui s’était rendu odieux aux Flamands, et envoya le comte d’Egmont à Madrid pour demander à Philippe II d’adoucir les édits de religion et de réorganiser les conseils ; mais le roi d’Espagne répondit qu’il voulait qu’on poursuivît avec rigueur les hérétiques et refusa la convocation des états généraux (1565). Cette réponse et la protestation contre l’établissement de l’inquisition, connue sous le nom de compromis des Nobles, rendirent une révolte imminente. Marguerite dut s’apprêter à combattre l’insurrection ; mais elle ne cessa de demander à Philippe de faire des concessions, et fit appliquer avec la plus grande modération les peines contre les hérétiques. Une insurrection générale ayant éclaté en 1566, Marguerite prit des mesures énergiques, réprima les excès commis et étouffa la révolte. Bien que l’ordre fût rétabli, Philippe II envoya en 1567 le farouche duc d’Albe avec de pleins pouvoirs qui réduisaient à un vain titre l’autorité dont Marguerite de Parme avait été jusqu’alors investie. Cette princesse crut de sa dignité de se démettre de ses hautes fonctions et alla rejoindre son mari en Italie, où elle passa le reste de sa vie. Marguerite joignait à un air tout viril, qui la faisait ressembler à un homme habillé en femme, des goûts peu en harmonie avec son sexe. C’est ainsi qu’elle aimait avec passion la chasse à courre. « Elle avait, dit Prescott, un jugement excellent, une compréhension prompte ; elle s’accommodait avec une grande souplesse aux exigences de sa position, et montrait dans la conduite des affaires une rare adresse, acquise peut-être à l’école des politiques italiens. »