Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Révolution de février 1848 (PAGES D’HISTOIRE DE LA), par M. L. Blanc

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Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 3p. 1123).

Révolution de février 1848 (PAGES D’HISTOIRE DE LA), par M. L. Blanc (1850, in-18). L’auteur a reproduit sous ce titre la brochure intitulée Appel aux honnêtes gens, publiée par lui sous forme de mémoire justificatif au moment où s’assemblait la haute cour de Bourges (7 mars 1849) ; mais il l’a modifiée en retranchant ce qui était uniquement de circonstance et en développant ce qui se rapportait à l’histoire. Néanmoins !e livre reste, au fond, une justification personnelle ; ce n’est pas une histoire de la révolution de Février, mais les historiens y trouveront des indications précises sur certains points particuliers. « Quand on connaîtra, dit Louis Blanc, le secret des journées du 17 mars et du 16 avril, si importantes l’une et l’autre et si diversement célèbres ; quand j’aurai montré la contre-révolution accroupie à l’Hôtel de ville et s’enveloppant dans le drapeau tricolore, l’espionnage organisé par le gouvernement contre lui-même, les sources de l’élection empoisonnées, tant d’impures manœuvres, tant de trahisons inouïes, les destins de la République égarés dans des alliances sans pudeur, on saura sur qui doit retomber la responsabilité des malheurs de la patrie, et cette responsabilité sera terrible. »

Cette phrase explique le ton général du livre. Ces Pages d’histoire ne sont que le développement de la défense que Louis Blanc prononça dans la séance de nuit du 25 août 1848, lorsqu’on autorisa les poursuites contre lui et Caussidière. Elles éclairent les événements d’un jour nouveau. Louis Blanc y démontre par des preuves irréfutables que les ateliers nationaux, dont le public ignorant lui reproche la création, ont été établis non-seulement sans sa participation, mais encore contre lui, et qu’il n’y a jamais mis le pied. Il repousse énergiquement les accusations qu’on a portées contre sa conduite dans la journée du 15 mai et demande quelle foi on peut avoir en ses dénonciateurs, en ses adversaires, qu’il flétrit ainsi : « Ils ont rendu la générosité suspecte de folie ; de leurs violences couronnées de succès ils ont composé un sophisme plein de sang à l’usage des terroristes futurs ; ils auraient donné au peuple, si cela était possible, le remords de sa modération. Leur nom restera maudit dans l’histoire. »

« Ce n’est pas moi qu’on a voulu frapper ; c’est le socialisme qu’on a proscrit en ma personne ; » tel est le résumé du livre. Et, dans la démonstration qu’il veut donner de cette affirmation, M. Louis Blanc expose son système politique et social. Nous l’avons analysé en rendant compte de son Organisation du travail ; il est donc inutile d’en parler ici. Quant à la partie apologétique de ses Pages d’histoire, elle paraît conforme à la vérité ; mais, tout en comprenant l’indignation d’un homme calomnié et en excusant ses vivacités de style, on regrette qu’il ait compromis sa cause par la violence de son langage. Il valait mieux terrasser ses adversaires par la vigueur de ses raisonnements qu’en accumulant contre eux des épithètes. Peut-être aussi aurait-il dû conserver plus de ménagements envers des hommes comme le général Cavaignac, dont le caractère, malgré ses fautes, commande l’estime.