Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/THOU (Christophe DE), magistrat français

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Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 1p. 160).

THOU (Christophe de), magistrat français, né à Paris en 1508, mort dans la même ville en 1582. Il appartenait à une famille noble originaire de l’Orléanais et dont plusieurs membres avaient acquis de hautes positions dans la magistrature. Christophe de Thou avait été successivement conseiller et avocat du roi au siège de la table de marbre, contrôleur en la chancellerie, prévôt des marchands de la ville de Paris, lorsque Henri II le nomma, en 1554, président au parlement de cette ville. Ardent catholique, il fut l’organe du parlement, qui refusait d’enregistrer l'édit de tolérance du 17 janvier 1562, et accusa le gouvernement de la reine mère de favoriser l’établissement d’une religion nouvelle au détriment du catholicisme. Cette même année, il succéda à Le Maistre comme premier président du parlement. Après le massacre de la Saint-Barthélemy, on vit ce magistrat, dont le caractère était naturellement doux et bienveillant, approuver Charles IX, dans un discours public, d’avoir ordonné cette épouvantable boucherie et appliquer au roi la maxime de Louis XI : « Qui ne sait pas dissimuler ne sait pas régner. » Pendant les troubles qui agitèrent le règne de Henri III, de Thou se fit remarquer par sa modération, se prononça contre la Ligue, dans laquelle il voyait un danger pour le trône, mais y adhéra néanmoins lorsque le roi s’en fut déclaré le chef (1576). Ce magistrat, qui jouit de son temps de la considération la plus haute, soumit les avocats à une rigoureuse discipline, rédigea les Coutumes de France et apporta un zèle extrême au jugement des procès criminels. Il était lettré, savant et avait réuni un grand nombre de matériaux, dans le but d’écrire une histoire de France. Il aimait le luxe, la magnificence et fut le premier habitant de Paris qui ait eu un carrosse. Son fils lui fit élever par Prieur un admirable mausolée.