Grande Paix de Montréal

La bibliothèque libre.
Signataires : (Nouvelle-France) & les représentants de plusieurs nations autochtones
Ratification de la paix conclue entre la Colonie de Canada, les Sauvages ses alliés et les Iroquois (Grande Paix de Montréal)
mss (p. 1-5).

Ratification De la Paix
faite au mois de septembre Dernier entre La Colonie de Canada, Les Sauvages Ses alliéz, et les iroquois dans vne assembléé generalle des chefs de chacune de ces nations Convoquéé par monsieur le Cheualier de Callieres gouuerneur et Lieutenant general pour le Roy en la nouuelle France,
A Montreal le quatriême aoust 1701

Comme il ny auoit icy L’annéé Derniere que Des deputez des hurons et des outaouaes lorsque ie fis la paix auec les Iroquois pour moy et tous mes alliéz, ie iugeay qu’il estoit necessaire d’enuoyer le Sieur de Courtemanche, Et le R. P. Anjalran, chéz toutes les autres nations mes alliéz qui estoient absents pour leur apprendre ce qui s’estoit passé, et les inuiter a descendre des Chefs de chacune avec les prisonniers iroquois qu’ils auoient affin d’Ecouter tous ensemble ma parolle.
Say vne extreme ioye de voir icy presentement tous mes enfans assembléz, vous hurons, outaouaes du Sable, kiskakons, outaouaes Simago, nation de la fourche, Sauteurs, P[otrou]atamis, Sakis, puants, folles auoines, renards, maskoutins, Miamis, Ilinois, amikois, nepissingues, algonquin temiskamingues, Cristinaux, gens des terres, Kikapoux, gens du Sault, de la montagne, Abenakis, et vous nations iroquoises, et que m’ayant remis les vns, et les autres vos interets entre les mains ie puisse vous faire viure tous En tranqulité; ie ratiffie dont auiourd’huy la paix que nous auons faitte au mois d’aoust dernier voulant qu’il ne Soit plus parté detous les coups faits pendant la guerre, et Je me saisy de nouueau detouttes vos haches, et detous vos autres instruments de guerre, que ie mets auec les miens dans vne fosse Sy proffonde que personne ne puisse les reprendre, pour trubler la tranquilité que ie retablis parmy mes Enfans, en vous recommandant lorsque vous vous rencontrerez de vous traiter Comme freres, et de vous accomoder ensemble pour la chasse, demanière qu’il n’arrive aucune Brouillerie les vns auec les autres, et pourque cette paix ne puisse estre troubléé, ie repete ce que i’ay desja Dit dans le traité que nous auons fait, que S’il arriuoit que quelqu’un de mes enfans en frappass vn autre, celuy qui auras esté frapé ne se vangera point, ny parluy ny par aucun desapart, mais il viendra me trouuer pour que ie luy en fasse faire raison, vous declarant que, si l’offençant refusoit d’en faire vne Satisfaction raisonnable, ie me ioindra[i] auec mes autres alliéz a l’offensé pour l’y Contraindr[e] ce que ie ne croit pas qui puisse arriuer, par l’obeissance que me doiuent mes enfans qui se ressouuiendront de ce que nous arrestons presentement ensembles, et pour qu’ils ne puissent l’oublier, j’attache mes parolles aux colliers que ie vais donner a chacune de vos nations affin que les antiens les fassent executer par leurs jeunes gens, ie vous inuite tous a fumer dans ce calumet de paix ou ie com̃ence le premier, et a manger dela viande et du bouillon que ie vous fais preparer pour que i’aye comme un bon pere la satisfaction de voir tous es enfans reunis,
Je garderay ce calumet qui m’a esté presenté par les miamis affin que ie puisse vous faire fumer quand vous viendréz me voir,

apres que toutes les nations cy desſus eurent entendu ce que monsieur le Chevalier de Callieres leur dit, ils repondirent comme il suit,

Le Chef des kiskakons
Je n’ay pas voulu manquer mon pere ayant Sçû que vous me demandiéz les prisonniers des Iroquois, a vous les amener en voila quatre que ie vous presente pour en faire ce qu’il vous plaira, C’est auuec cette porcelaine que ie les ay deliéz, et voicy un calumet que ie presente aux iroquois pour fumer ensemble quand nous nous rencontrerons, ie me rejouy de ce que vous auéz uny la terre qui estoit bouluerséé, et ie souscris volontiers atout ce que vous auez fait,

Les Iroquois
Nous voila assembléz nostre pere comme vous l’auéz souhaitté, vous plantates l’annéé derniere vn arbre de paix Et vous y mĩtes des racines et des feuilles pour que nous y fussions a l’abry, nous esperons presentement que tout le monde entend ce que vous dites, qu’on ne touchera point a cet arbre, pour nous, nous vous asſurons, par ces quatre colliers que nous suiurons tout ce que vous auez reglé; nous vous presentons deux prisoniers que voicy et nous vous rendrons les autres que nous auons, Nous esperons aussy presentement que les portes sont ouuertes pour la paix, qu’on nous renuoyera le reste des nostres,

Les hurons,
Nous voila icy comme vous l’auéz demandé, nous vous presentons douze prisonniers, dont cinq veullent retourner auec nous, pour les sept autres vous en feréz ce qu’il vous plaira, nous Vous remercions dela paix que vous nous auez procuréé et nous la ratifions avec ioye,

Jean le blanc outaouae du Sable,
Je vous ay obey mon pere aussy tost que vous m’auez demandé en vous ramenant deux prisonniers dont vous estes le maistre quand vous m’auez commandé d’aller ala guerre ie l’ay fait, et a present que vous me le deffendez iy obey, ie vous demande mon pere par ce collier que les iroquous dellient mon corps qui est chéz eux, et qu’il me le renvoyent (C’est adire les gens de Sa nation)

Sangouessy outaouae Sinago,
Je n’ai pas voulu manquer a vos ordres mon pere quoique ie nusſe point de prisonniers, Cependant voila vne femme et vn enfant que i’ay rachepteé dont vous feréz ce qu’il vous plaira, et voila un calumet que ie donne aux iroquois pour fumer com̃e freres quand nous nous rencontrerons.

Chichicatalo, Chef des Miamis
Je vous ay obey mon pere en vous ramenant 8 prisonniers Iroquois pour en faire ce qu’il vous plaira, Si i’auois eu des Canots, ie vous en aurois amené dauantage, quoy que ie ne voye point icy des miens qui sont chéz les iroquois, ie vous rameneray ce qui m’en reste, si vous le souhaitté, ou ie leur ouuriray les portes pour qu’ils S’en retournent,

Onanguisset pour Les Sakis,
Je ne fais qu’on mesme corps avec vous mon Pere, voila Un prisonnier Iroquois que j’auois fait a la guerre, souffréz qu’en vous le presentant ie luy donne un calumet pour emporter chéz les Iroquois et fumer quand nous nous rencontrerons, ie vous remercie De ce que vous eclairez le soleil qui estoit obscure depuis la guerre

Onanguisset Chef des Potrouatamis,
Je ne vous ferai point vn long discours mon pere, ie n’ay plus que deux prisonniers que ie mets a vos deux costez pour en faire ce qu’il vous plaira, voila vn calumet que ie vous presente pour que vous le gardiéz, ou que vous le donniez a ces deux prisonniers afin qu’ils fument dedans chéz eux, ie suis tousiours prest a vous obeir iusqu’a la mort,

Misgensa Chef Ontagamis,
Je n’ay point de prisonniers a vous rendre mon pere, mais ie vous remercie du beau jour que vous donnéz a toute la Terre par la paix, pour moy ie ne perdray iámais cette Clarté,

Les Maskoutins
Je ne vous amene point d’Esclaue iroquois par ce que ie n’ay pas esté en party contre eux depuis quelque tem̂s, m’estant amusé a faire la guerre a d’autres nations, mais ie suis venu pour vous obeir et vous remercier dela paix que vous nous procuréz,

Les folles auoines
Je suis seulement venu mon pere pour vous obeir et embrasser la paix que auéz faite entre les Iroquois et nous,

Les Sauteurs et les Puants
Je vous aurois amené mon pere des Esclaues iroquois Sy J’en auois eu, voulant vous obeir en ce que vous m’ordonneréz, ie vous remercie dela clarté que vous nous donnéz et ie souaitte quelle dure,

Les Nepissingues
Je n’ay pas voulu manquer a me rendre icy comme les autres pour écouster vostre voix, i’avois vn prisonnier iroquois l’annéé pasſéé que ie vous ay rendu, voila vn calumet que ie vous presente pour le donner aux iroquois si vous le souaitté affin de fumer ensembles quand nous nous rencontrerons,

Les Algonquins
Je n’ay point de prisonniers a vous rendre mon pere, l’algon^quin est vn devos enfans qui atous iours colé a vous, et qui y Sera tant qu’il viura, ie prie le maistre dela vie que ce que vous faites aujourd’huy Dure,

La Mikois
N’ayant point d’autre volonté que la vostre j’obey a ce que vous venez de faire,

L’Abenakis, Quoy que ie parle des
Derniers ie ne suispas moins auous mon pere, vous Sçauez que ie vous ay tousiours esté attach[é] ie n’ay plus de haches vous l’auez mise dans vne fosse l’année derniere et ie ne la reprendray que quand vous me l’ordonnerez

Les Gens Du Sault
Vous n’ignoréz pas vous autres Iroquois que nous ne soyons attachéz a nostre pere nous qui demeurons auec luy et qui sommes dans son sein, vous nous enuoyaste vn collier il y a trois ans pour nous inuiter a vous procurer la paix nous vous en enuoyasmes vn, en reponse, nous vous donnon̉ encorre celuy cy pour vous dire que nous y auons trauaillé, nous ne demandons pas mieux qu’elle Soit de Duréé faite aussy devostre Costé ce qu’il faut pour Cela,

Les Gens dela Montagne
Vous auez fait assembler icy nostre pere toutes Les Nations pour faire vn amas de haches et les mettre dans la terre, auec la vostre, pour moy qui n’en auoit pas d’autre, ie me rejouy de ce que vous faites auiourd’huy, et J’invite Les Iroquois a nous regarder commeleurs freres