Histoire de Miss Clarisse Harlove/Lettre 10

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Traduction par Abbé Prévost.
Boulé (Ip. 45-51).


Miss Howe, à Miss Clarisse Harlove.

27 février.

Quelle est la bisarrerie de certaines gens ! Miss Clarisse Harlove sacrifiée en mariage à M. Roger Solmes ! En vérité, je ne reviens pas de mon étonnement.

mon avis, dites-vous, ne doit pas être favorable à cet homme-là . Me voilà convaincue à demi, ma chère, que vous tenez un peu de la famille qui a pu former l’idée d’un mariage si bien assorti ; sans quoi il ne vous serait jamais entré dans l’esprit, que je pusse vous parler en faveur de Solmes.

Demandez-moi son portrait. Vous savez que j’ai la main bonne pour tirer des ressemblances hideuses. Mais je veux être un peu sûre de mon fait auparavant ; car, qui sait ce qui peut arriver, puisque l’affaire est en si bon train, et que vous n’avez pas le courage de vous opposer au torrent qui vous entraîne ?

Vous me priez de vous communiquer un peu de mon esprit. Parlez-vous sérieusement ? Mais je crains qu’il ne vous fût déjà fort inutile. Vous êtes la fille de votre mère, pensez-en ce qu’il vous plaît, et vous avez à combattre des esprits violens. Hélas ! Ma chère, il fallait emprunter plutôt un peu du mien ; plutôt, c’est-à-dire, avant que vous eussiez abandonné le maniement de votre bien à ceux qui croyaient y avoir droit avant vous. Qu’importe que ce soit à votre père ? N’a-t-il pas deux autres enfans ? Et ne portent-ils pas plus que vous son empreinte et son image ? De grace, ma chère, ne me demandez pas compte d’une question si libre, de peur que mon explication ne fût aussi libre que la question même.

à présent que je me suis un peu échappée, passez-moi un mot de plus dans le même goût. Je serai décente, je vous le promets. J’aurais cru que vous n’ignoriez pas que lavarice et lenvie sont deux passions qu’il est impossible de satisfaire, l’une en donnant, l’autre en continuant d’exceller et de mériter de l’admiration. Huile au feu, qui produit, sur toute la face de la terre, des flammes dévorantes et insatiables.

Mais puisque vous me demandez mes avis, vous devez m’apprendre tout ce que vous savez ou tout ce que vous vous imaginez de leurs motifs. Si vous ne me défendez pas de faire des extraits de vos lettres, pour l’amusement de ma cousine, qui meurt d’envie d’être mieux informée de vos affaires dans sa petite île, on vous sera fort obligé de cette complaisance. Vous êtes si tendre sur les intérêts de certaines personnes qui n’ont de tendresse que pour elles-mêmes, qu’il faut vous conjurer de parler librement. Souvenez-vous qu’une amitié telle que la nôtre n’admet aucune réserve. Vous pouvez vous fier à mon impartialité. Ce serait faire injure à votre jugement que d’en douter ; car ne me demandez-vous pas mon avis ? Et ne m’avez-vous pas appris vous-même que l’amitié ne doit jamais inspirer de prévention contre la justice ? Il est donc question de justifier vos amis, si vous le pouvez. Voyons s’il y a du bon sens dans leur choix, ou s’il peut être soutenu du moins avec quelque apparence de raison. à présent, quoique je connaisse beaucoup votre famille, je ne puis m’imaginer comment tous, autant qu’ils sont, votre mère en particulier et votre tante Hervey, peuvent se joindre avec le reste contre des jugemens portés. à l’égard de quelques-uns des autres, rien ne peut me surprendre de leur part dans tout ce qui concerne leur intérêt propre. Vous me demandez pourquoi votre frère ne s’engage pas le premier dans les liens du mariage ? Je vous en apprendrai la raison. Son humeur emportée et son arrogance sont si connues, que, malgré ses grandes acquisitions indépendantes, et ses espérances encore plus considérables, aucune des femmes auxquelles il pourrait aspirer n’est disposée à recevoir ses soins. Souffrez que je vous le dise, ma chère, ces acquisitions lui ont donné plus d’orgueil que de réputation. à mes yeux, c’est la plus insupportable créature que je connaisse. La manière dont vous me blâmez de l’avoir traité, il la méritait de la part d’une personne à laquelle il croyait plutôt faire une faveur qu’il n’espérait d’en recevoir. J’ai toujours pris plaisir à mortifier les orgueilleux et les insolens. Pourquoi vous imaginez-vous que je souffre Hickman ? C’est parce qu’il est humble et qu’il sait se tenir à la distance qui convient.

Vous voulez savoir aussi pourquoi votre sœur aînée n’est pas pourvue la première ? Je réponds : parce qu’elle est faite pour épouser un homme fort riche ; première raison ; la seconde, parce qu’elle a une sœur cadette. Faites-moi la grace de me dire, ma chère, où est l’homme fort riche qui voulût penser à cette sœur aînée, tandis que la cadette est à marier. Apprenez de moi, mon enfant, que vous êtes trop riches pour être heureux. Chacun de vous, par les maximes fondamentales de votre famille, ne doit-il pas se marier pour le devenir encore plus ? Laissez-les s’agiter, gronder, se chagriner et accumuler ; s’étonner de n’être pas heureux avec leurs richesses ; croire que le mal vient de ce qu’ils n’en ont pas davantage, et continuer ainsi d’entasser, jusqu’à ce que la mort, qui entasse et qui accumule avec autant d’avidité qu’eux, vienne les moissonner pour grossir son magasin.

Ma chère, encore une fois, apprenez-moi ce que vous savez de leurs motifs ; et je vous donnerai plus de lumières sur leurs fautes que je n’en puis recevoir de vous. Votre tante Hervey, dites-vous, ne vous les a pas cachés. Mais pourquoi faut-il que je vous les demande, lorsque vous me pressez de vous en dire mon avis. Qu’ils veuillent s’opposer à notre correspondance, c’est un acte de sagesse qui ne me surprend point, et dont je suis fort éloignée de les blâmer. J’en conclus qu’ils connaissent leur folie ; et s’ils la connaissent, est-il étrange qu’ils craignent de l’exposer au jugement d’autrui ? Je suis fort aise que vous ayez trouvé un moyen d’entretenir notre commerce. Je l’approuve beaucoup, et je l’approuverai encore plus, si les premiers essais sont heureux ; mais ne le fussent-ils pas, et ma lettre tombât-elle entre leurs mains, je n’en serais fâchée que par rapport à vous.

Nous avions entendu dire, avant que vous m’eussiez écrit, qu’il y avait eu quelque différent dans votre famille à votre arrivée, et que M. Solmes vous avait rendu une visite, avec quelque espérance de succès. Mais j’avais jugé que l’erreur tombait sur les personnes, et que ses prétentions étoient pour Miss Arabelle. Au fond, si elle était d’aussi bon naturel que vos joufflues le sont ordinairement, je l’aurais crue trop bonne de moitié pour lui. Voilà le mystère, pensais-je en moi-même ; et l’on aura fait revenir ma chère amie pour aider sa sœur dans les préparatifs de la noce. Qui sait, disais-je à ma mère, si cet homme-là, lorsqu’il aura supprimé sa perruque jaune à petites boucles, et son grand chapeau bordé, que je suppose avoir été du meilleur goût sous le regne du protecteur, ne fera pas une figure supportable à l’église, pendu au côté de Miss Arabelle ? La femme, suivant l’observation de ma mère, aura quelque chose de mieux que le mari dans les traits. Et quel meilleur choix pourrait-elle faire pour en tirer du lustre.

Je m’étais livrée à cette imagination, malgré les bruits publics, parce que je ne pouvais me persuader que les plus sottes gens d’Angleterre le fussent assez pour vous proposer un homme de cette trempe.

On nous avait dit aussi que vous ne receviez aucune visite. Je ne pouvais expliquer cette circonstance, qu’en supposant que les préparatifs pour votre sœur ne devaient pas être publics, et qu’on voulait brusquer la cérémonie. Miss Loyd et Miss Biddulph vinrent me demander ce que j’en savais, et pourquoi vous n’aviez pas paru à l’église le dimanche qui a suivi votre retour, au grand chagrin, pour répéter leurs expressions, d’une centaine de vos admirateurs. Sur ce point, il me fut aisé de juger que la raison était celle que vous me confirmez, c’est-à-dire, la crainte qu’on avait que Lovelace ne s’y trouvât, et qu’il n’entreprît de vous reconduire chez vous.

Ma mère est fort sensible aux témoignages de votre amitié. Miss Clarisse Harlove, m’a-t-elle dit, après avoir lu votre lettre, est une jeune personne qui mérite l’admiration de tout le monde. Va-t-elle quelque part ? Sa visite est une faveur. Sort-elle d’une maison ? Elle n’y laisse que du regret. Et puis un mot de comparaison : ô ma Nancy ! Que n’avez-vous un peu de son obligeante douceur ?

N’importe ; l’éloge vous regardoit. J’en ai joui, parce que vous êtes moi-même. D’ailleurs… vous dirai-je la vérité ? Je me trouve aussi bien comme je suis ; ne fût-ce que par cette raison, que, si j’avais vingt frères James et vingt sœurs arabelles, aucun d’eux, et tous ensemble, n’oseraient me traiter comme vous êtes traitée par les vôtres. Celui qui a la patience de souffrir beaucoup, s’apprête à beaucoup souffrir.

C’est votre propre maxime, fondée sur le plus grand exemple qu’on en puisse donner, dans le sein même de votre famille, quoique vous en ayez tiré si peu de profit.

Le résultat, ma chère, c’est que je suis plus propre que vous pour ce bas monde, et que vous l’êtes plus que moi pour l’autre. Voilà la différence qui est entre nous. Mais pour mon bonheur et pour celui de mille autres, puissiez-vous nous demeurer bien, bien long-temps, avant que de joindre une compagnie de votre espèce, et plus digne de vous !

J’ai communiqué à ma mère, le récit que vous me faites de votre étrange réception. Je lui ai dit aussi quel horrible animal on veut vous donner, et le traitement qu’on emploie pour vous forcer de le prendre. Elle s’est mise uniquement à relever son indulgence pour ma conduite tyrannique (c’est le nom qu’elle lui donne, et comme vous savez, il faut laisser parler les mères) à l’égard de l’homme qu’elle me recommande avec tant de chaleur, et contre lequel, à l’entendre, il n’y a point de juste objection. De-là elle s’est étendue sur la complaisance que je lui dois pour tant de bonté. Ainsi, je crois qu’il faut ne lui rien communiquer de plus, sur-tout, parce que je sais qu’elle condamnerait notre correspondance, et la vôtre avec Lovelace, comme clandestine et contraire au devoir ; car obéissance implicite est son cri. D’ailleurs elle ouvre assez volontiers l’oreille aux sermons de ce vieux garçon empesé, votre oncle Antonin ; et pour donner un exemple à sa fille, elle ne prendrait pas aisément votre parti, quelque justice qu’il y eût dans votre cause. C’est pourtant une assez mauvaise politique ; car on refuse tout à ceux qui n’accordent rien. En d’autres termes, ceux qui demandent trop de choses à la fois n’en obtiennent aucune.

Mais pourriez-vous deviner, ma chère, ce que ce bon vieux prédicateur , votre oncle Antonin, se propose ici par ses fréquentes visites ? Je remarque tant de mystères et de sourires entre ma mère et lui ! Ce sont des louanges mutuelles de leur économie ! Ce sont tant de petits propos ! Et, voilà ma méthode. Et, voilà ce que je fais toujours. Et, je suis bien aise, monsieur, d’avoir votre approbation. Et, votre attention s’étend à tout, madame. Hélas ! Monsieur, rien ne serait bien, si je ne le faisais moi-même. Ce sont des éloges d’eux-mêmes ! Des exclamations sur les domestiques ! Et des hélas continuels, et des regards, et des expressions si tendres ! Quelquefois, le ton de leur entretien s’abaisse jusqu’à ne pouvoir être entendu, lorsque je viens les troubler. Je vous déclare, ma chère, que je n’approuve tout cela qu’à demi. Si je ne savais que l’usage de ces vieux garçons est de prendre autant de temps pour se résoudre au mariage qu’ils peuvent espérer raisonnablement d’en avoir à vivre, je ferais du vacarme sur ces visites, et je recommanderais M. Hickman à ma mère, comme un homme qui lui convient beaucoup mieux. Ce qui lui manque du côté de l’âge est compensé par sa gravité. Et, si vous voulez ne me pas gronder, je vous dirai qu’il y a un air de minauderie entr’eux, sur-tout lorsque cet homme s’est un peu émancipé avec moi, par le fond qu’il fait sur la faveur de ma mère, et que je le tiens en bride à cette occasion, qui me fait trouver beaucoup de ressemblance dans leur caractère. Alors tombant comme dans l’admiration de mon arrogance et de ce qu’ils en ont tous deux à souffrir, ils se mettent à soupirer ; et leur compassion paroît si vive l’un pour l’autre, que, si la pitié est une préparation à l’amour, je ne suis pas fort en danger, tandis qu’ils y sont extrêmement, sans le savoir.

à présent, ma chère, n’allez-vous pas tomber sur moi avec vos airs graves ? Qu’y faire ? Mais ce dernier trait a plus de rapport à vous que vous ne pensez. Prenez garde à ce qui se passe autour de vous ; c’est une secousse que j’ai voulu vous donner, pour me faire un mérite de vous avoir avertie d’avance. Annibal, ai-je lu quelque part, attaquait toujours les romains sur leurs propres terres.

Vous avez bien voulu me dire, et même en vérité , que " vos attentions , (joli mot et bien expressif pour celui d'affections ) ne sont pas aussi engagées pour une autre personne, que quelques-uns de vos amis le supposent". Qu’était-il besoin, ma chère, de me donner à penser que le mois passé, ou les deux derniers, ont été un temps extrêmement favorable pour cette autre personne, en mettant la nièce dans le cas de lui avoir quelque obligation pour sa patience à l’égard des oncles ?

Mais passons là-dessus. Aussi engagées ! Combien donc, ma chère ? Suis-je en droit de demander. quelques-uns de vos amis supposent qu’elles le sont beaucoup. vous avouez, ce me semble, qu’elles le sont un peu. Ne vous fâchez point. Vous ne risquez rien avec moi. Mais ce peu , pourquoi me l’avoir voulu déguiser ? Je vous ai entendu dire qu’en affectant du secret, on excite toujours de la curiosité.

Vous continuez néanmoins, avec une espèce de retractation, comme s’il vous était survenu quelque doute en y pensant : vous-même, vous ne savez pas si elles le sont ; autant qu’on le suppose, voulez-vous dire ? Quelle nécessité de me tenir ce langage, à moi ? Et d’y joindre même, en vérité ?

mais vous en savez plus que vous ne dites. Ou plutôt, je m’imagine en effet que vous ne le savez pas ; car les commencemens de l’amour sont l’ouvrage d’un esprit subtil, et se découvrent souvent aux yeux d’un spectateur, tandis que la personne possédée (ce mot me plaît assez) ignore elle-même quel démon l’agite.

Mais vous ajoutez que " si vous aviez effectivement quelque préférence pour lui, il la devrait moins à des considérations personnelles, qu’au traitement qu’il a reçu et qu’il a souffert par rapport à vous".

Rien de plus généreux. Je reconnais là du caractère. Mais, ô chère amie ! Comptez que vous êtes en danger. Que vous vous en apperceviez ou non, comptez que vous n’y êtes pas moins. C’est votre générosité naturelle et la grandeur de votre ame qui vous y jettent. Tous vos amis sont de mauvais politiques, qui, en l’attaquant avec cette violence, combattent réellement pour lui ; et j’engage ma vie que Lovelace, malgré toute sa vénération et ses assiduités, a vu plus loin que ses assiduités et cette vénération, si bien calculée à votre méridien , ne lui permettent de l’avouer. En un mot, il a vu que sa conduite opère plus efficacement pour lui, qu’il ne pourrait le faire directement lui-même. Ne m’avez-vous pas dit autrefois que rien n’est si pénétrant que la vanité d’un amant, puisqu’elle lui fait voir souvent en sa faveur ce qui n’est point, et qu’elle manque rarement de lui faire découvrir ce qui est. Et qui accuse Lovelace de manquer de vanité ?

Enfin, ma chère, c’est mon opinion, fondée sur l’air dégagé que j’aperçois dans ses manières et dans ses sentimens, qu’il a vu plus loin que moi, plus loin que vous ne vous imaginez qu’on le puisse, et plus loin, je crois, que vous ne voyez vous-même ; car vous n’auriez pas manqué de me le dire.

Déjà, dans la vue de contenir son ressentiment pour les indignités qu’il a reçues, et qui se renouvellent tous les jours, vous vous êtes laissée engager dans une correspondance particulière. Je sais que dans tout ce que vous lui avez écrit, il n’y a rien dont il puisse se vanter. Mais n’est-ce pas un grand point que de vous avoir fait consentir à recevoir ses lettres et à lui répondre ? La condition que vous y avez attachée, que cette correspondance sera secrète, ne marque-t-elle pas qu’il y a un mystère entre vous et lui, dont vous ne souhaitez pas que le monde soit informé ? Il est le maître de ce secret. Ce secret, en quelque sorte, c’est lui-même. Dans quelle intimité cette faveur n’établit-elle pas un amant ? à quelle distance ne met-elle pas une famille ?

Cependant qui peut vous blâmer, dans la situation où sont les choses ? Il est certain que votre condescendance a prévenu, jusqu’à présent, de grands malheurs. Les mêmes raisons doivent la faire durer aussi long-temps que sa cause. C’est un destin pervers qui vous entraîne contre votre inclination. Mais, avec des vues si louables, l’habitude fera disparaître ce qui vous blesse, et donnera naissance au penchant. Ma chère, comme vous souhaitez, dans une occasion si critique, de vous conduire avec la prudence qui gouverne toutes vos actions, je vous conseille de ne pas craindre d’entrer dans un sévère examen des véritables motifs de votre générosité pour cet heureux mortel.

En vous examinant bien, je vous le dis franchement, il se trouvera que c’est de l’amour. Ne vous évanouissez pas, ma chère. Votre homme lui-même n’a-t-il pas assez de philosophie naturelle pour avoir déjà observé que l’amour pousse ses plus profondes racines dans les ames les plus fermes ? Au diantre la lenteur de sa pénétration ! C’est une remarque qu’il faisait il y a six ou sept semaines.

J’ai eu, vous le savez, ma bonne part de la même teinture ; et dans mes plus froides réflexions, je n’aurais pu dire comment, ni quand cette jaunisse avait commencé. Mais j’en aurais eu, comme l’on dit, par-dessus les yeux et les oreilles, sans le secours de quelques-uns de vos avis, que je vous rends aujourd’hui de bonne grace. Cependant l’homme qui m’avait fait tourner la tête, n’était pas de la moitié si… si quoi ? Ma chère. Assurément Lovelace est un homme charmant, et s’il ne lui manquait pas… mais je ne veux pas vous faire monter de la chaleur au visage en lisant cet endroit de ma lettre. Non, non, j’en serais bien fâchée. Cependant, ma chère, ne sentez-vous pas ici que le cœur vous bat ? Si je devine juste, n’ayez pas honte de me l’avouer. C’est générosité, chère amie ; voilà tout. Mais, comme disait l’augure romain : César, gardez-vous des ides de mars. Adieu, la plus chère de mes amies, et pardon. Hâtez-vous d’employer votre nouvel expédient, pour me dire que vous me pardonnez.