Histoire de l’abbaye d’Hautecombe en Savoie/II-CHAPITRE VI

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CHAPITRE VI


Malheureux règne d’Humbert le Bienheureux. — Ses mariages, d’après les chroniques de Savoie. — Les dépouilles mortelles de Germaine de Zœringen et d’Humbert inaugurent les convois funèbres à Hautecombe.

Nous avons laissé Humbert III retournant à Hautecombe, après avoir défait, sous les murs de Montmélian, le dauphin de Viennois, et nous avons vu que, pendant la première période de son règne, les constructions de la nouvelle abbaye s’élevèrent par enchantement, grâce à la bonne administration des abbés et à l’influence justement présumée du prince, qui en avait fait une de ses résidences.

L’amour d’Humbert pour la retraite fut souvent troublé par l’ambition de Frédéric Barberousse. Cet empereur avait succédé à Conrad II, en 1132, et rêvait le retour à la pleine puissance impériale, comme l’entendait Justinien et comme l’exerçait Henri III. Ne tenant nul compte des événements accom()lis de|)uis un siècle, des libertés conquises par les communes, des privilèges établis autour des seigneuries féodales, il voulait faire table rase de tous les droits qui ne résultaient pas d’un diplôme impérial.

En 1137, il se rend à Besançon et se fait proclamer roi des deux Bourgognes par une assemblée de seigneurs ecclésiastiques et laïques. Ce simulacre d’élection n’était point fait, suivant toute probabilité, dans le but de ressusciter cette souveraineté passée, mais pour montrer aux deux plus puissants princes qui régnaient dans l’ancien royaume de Bourgogne, le comte de Savoie représentant l’élément français, et le duc de Zœringen représentant l’élément allemand, qu’il considérait comme non avenus des faits qui les avaient élevés à une si grande prospérité.

L’année suivante, Frédéric descend pour la seconde fois en Italie et, sur les rives du Pô, il réunit des jurisconsultes et les délégués des nombreuses souverainetés que ses prédécesseurs avaient laissé se former sur le sol italien. Là, on discute l’étendue des droits de l’empereur, et les jurisconsultes déclarent, d’après les textes du droit romain, que le César allemand a le pouvoir absolu. C’était anéantir tous les droits acquis pendant un siècle par les républiques et les seigneuries italiennes.

Humbert ne parut point à cette célèbre assemblée, connue sous le nom de Diète de Roncaglia, et s’y fit représenter par les évêques de Maurienne, de Turin et d’Ivrée. Il dut être singulièrement troublé par la décision qui y fut prise, car la Maison de Savoie avait étendu et consolidé sa puissance en même temps que les républiques italiennes : pendant la longue période d’inaction des empereurs, elle avait acquis des droits qui n’avaient point été confirmés par un diplôme impérial, seul titre efficace aux yeux de Frédéric Barberousse.

D’autres motifs contribuèrent encore à éloigner d’Humbert la faveur impériale. En 1139, Adrien IV étant mort, le cardinal Roland Bandinelli, de Vienne,détesté de l’empereur depuis l’assemblée de Besançon, fut porté sur le siège de Rome et prit le nom d’Alexandre III. Les partisans de l’empereur élurent un anti-pape, Victor III, auquel succédèrent deux autres anti-papes pendant le pontificat d’Alexandre. Le comte de Savoie ne voulut jamais adhérer au schisme et resta fidèle au pape légitime. De là une nouvelle cause de malveillance de la part de l’empereur, de là l’origine des malheurs de ce règne. Aussi, les prélats de Turin, d’Aoste, de Tarentaise et de Maurienne reçurent, à ce que l’on croit, l’investiture du territoire de la majeure partie de leurs diocèses, et Berthold, duc de Zœringen, les droits régaliens sur l’évèché de Sion[1].

Humbert III tenait cependant à remplir ses devoirs de vassal et à rendre à César ce qui était dû à César. Bien qu’il s’efforçât de oe point se mêler à ces luttes du pape et de l’empereur et à rester en deçà des Alpes, nous le voyons paraître, en 1175, à la trêve de Montebello, destinée à amener la paix entre la ligue lombarde et l’empereur, et figurer comme garant de ce dernier. Et quand, huit ans plus tard (1183), la paix de Constance vint couronner les efforts persévérants des communes italiennes, en reconnaissant comme un droit l’existence de dix-sept républiques, Humbert paraît encore dans les préliminaires de ce traité.

La fin de son règne fut des plus tristes. A la suite de démêlés avec l’évèque de Turin, prétendant qu’il détenait injustement le château de Pianezza, appartenant à son église, Humbert fut cité devant le légat impérial. Connaissant ses mauvaises dispositions à son égard, il demanda délais sur délais, et, ne comparaissant point, il fut condamné par contumace et mis au ban de l’empire, ce qui équivalait à la perte légale de tous ses États. L’année suivante (1186), Henri, fils de Frédéric et roi d’Italie, l’attaqua dans le château d’Avigliana et le mit en déroute. Tels sont les principaux événements politiques et militaires qui signalèrent ce règne aussi malheureux pour les sujets que pour le souverain.

Si vous parcourez la galerie des portraits des comtes et ducs de Savoie, vous serez frappés de l’expression triste et mélancolique que l’artiste a donnée à Humbert III. Cette expression est néanmoins le reflet exact de l’âme de ce prince. Aux ennuis causés par la difficulté de rendre à l’empereur l’obéissance qu’il lui devait et de demeurer en même temps fidèle au pape, chef de l’Église, vinrent se joindre d’autres peines de conscience.

Un prêtre du diocèse de Belley ayant été tué par les hommes d’Humbert, celui-ci fut sommé par Anthelme de Chignin, alors évêque de ce diocèse, de faire justice du sang répandu. D’autres questions touchant les droits de son église ayant envenimé cette réclamation, Anthelme excommunia le comte[2]. Celui-ci, fort du privilège qu’il tenait du pape, de ne pouvoir être excommunié que par lui, ne fit nul cas de l’anathème épiscopat et s’en plaignit à Alexandre III.

Le pape manda Pierre de Tarentaise et un autre évêque auprès d’Anthelme, pour lui faire lever l’excommunication comme ayant été lancée légèrement. Anthelme ayant refusé, les deux envoyés n’osèrent la lever eux-mêmes, malgré leur pouvoir, et le pape termina le différend en donnant directement l’absolution au comte.

Depuis lors, leurs rapports ne furent jamais très bienveillants. La délicatesse de conscience d’Humbert III lui suggérait de ne pas se tenir pour absous complètement avant de l’avoir été par Anthelme lui-même, alors moribond. Il se rend auprès de lui, promet de ne jamais rien réclamer de l’église de Belley et s’avoue coupable du meurtre d’un des prêtres de cette église. « Alors l’homme de Dieu lui imposa les mains, béait lui et son fils, mot prophétique qui se réalisa plus tard par la naissance du prince Thomas[3]. »

Tout portait donc Humbert vers la vie religieuse : sa piété, ses inclinations, ses infortunes. Son vif désir eut été de s’enfoncer dans un cloître, d’y vivre ignoré, dans la prière et la pratique des vertus chrétiennes. Mais il dut souvent se faire violence pour courir sur le champ de bataille ou pour faire cortège à son suzerain. Néanmoins, au milieu de l’accomplissement de ses devoirs de seigneur féodal, il sut trouver de longues journées, qu’il allait passer à Hautecombe, à Aulps et à la Grande-Chartreuse. Au dire de Guichenon, il revêtait même l’habit de Cistercien.

Sa grande piété ne lui fit pas seulement pratiquer les austérités cénobitiques, mais elle le rendit aussi généreux envers l’Église. Guichenon rapporte quatorze titres de fondation d’établissements religieux ou iW concession de quelques pieuses libéralités, passés de 1130 à sa mort. Qu’il nous suffise de rappeler la fondation de la chartreuse d’Aillon en Bauges, vers 1183, et ses donations à l’abbaye d’Aulps, aux chanoines de Saint-Jean de Maurienne et aux églises de Notre-Dame de Suse et d’Oulx.

Ses devoirs de souverain et le vœu de ses sujets le poussèrent, malgré ses aspirations monastiques, à se marier plusieurs fois.

Ayant à peine atteint sa vingt-et-unième année, il s’était uni à Faydide, fille du comte de Toulouse, qui bientôt le laissa veuf sans lui avoir donné de descendant[4].

En 1157, il épousa Anne de Zœringen, appelée souvent Germaine, à cause de son origine allemande. Elle était fille de Berthold IV, duc de Zœringen, dont les possessions vaudoises, à l’extinction de sa famille, vinrent grossir l’héritage de la Maison de Savoie. Cette union fut encore de courte durée. En 1163, Anne mourut, laissant une fille, Alix ou Agnès[5], et un mari inconsolable. Sa dépouille mortelle fut transportée à Hautecombe, et inaugura la série des convois funèbres qui devaient, pendant plusieurs siècles, sillonner le lac de Châtillon. Un cénotaphe lui a été élevé dans la nef gauche de l’église avec cette inscription :

Anna, cognomento. Germana.

A. Zœringen. divi. Humberti.

Uxor.
Rien ne fait présumer qu’en fondant le monastère, Amédée III ait eu l’intention d’en faire la nécropole de sa famille. Peut-être le comte Humbert n’y fit-il transporter les cendres de sa seconde femme qu’afin de pouvoir prier plus fréquemment sur celle tombe chérie, et le même sentiment de piété conjugale le détermina-t-il à vouloir y être inhumé. L’exemple donné fui suivi par ses successeurs, et Hautecombe serait devenue fortuitement le champ de repos de sa dynastie.

Le second veuvage d’Humbert III abattit son âme douce et aimante. Il mena, disent les chroniques, « dure et griefve douleur, et de fait se mist en voulante de non soy jamais marier, et print en son corage de soy oster du monde. » Il parait qu’il s’enferma dans la solitude d’Hautecombe pour y passer ses jours dans la prière ; « et là se tint le conte par plusieurs ans, jusqu’à ce que les estas de son pays len degetterent par force. »

Nous continuons d’emprunter au plus ancien récit des faits et gestes de nos premiers souverains[6] les détails relatifs à la retraite d’Humbert III et à son troisième mariage. La naïveté de cet exposé, dont l’exactitude n’a point été contredite jusqu’à ce jour, nous servira d’excuse de nous appesantir sur ces particularités.

Quand les prélats et le clergé, les barons, les nobles et le reste du peuple virent l’obstination du comte à laisser ses pays sans maître futur, ils tinrent une réunion des trois États. « Et là fust ordonné que l’on allast vers leur signieur le conte, et que l’on ly remontrast bon gré mal gré son erreur ; sy furent par les troys estais escluz (élus) tant de leglise comme des noblez et du commung, ceuls qui yroyent, que furent assez en bon nombre, et se partirent de Chamberye et vindrent jusqu’au Bourget, et de là se mistrent sur le lac, et vogarent jusqu’au Haute Combe. Quant ils furent arrivez, le conte les fist venir et les receust moult doucement, et bien penssa la cause pour quoy ils venoyent, maiz semblant nen fist. Et fist apporter la colacion, et ne fist des montrance nulle quilz ly vaussissent (voulussent) aucune chose dire. Et quant les ambayxeurs (ambassadeurs) des trois estas virent quil ne leur disoit riens, le chief des ecclésiastiques » prit la parole pour lui demander audience. « Et le conte, qui biei panssoit ce que ils ly vouloyent dire, leur outtroya (octroya) à parler. Lors le chief de lembayxade dist ainsy :

« Très redoubte et nostre droitturier sigiieur, ne vous desplaise, nous sumes certains que plus de sentement et de cognoissance aves que remonstrer ne vous saurions, maiz ne vous desplaise : quel choses faittes vous ysy, et qui vous a mis ceste fantasie en teste, que ne vous mariez vous, mieulx vauldroit qu’il ne fust jamaiz religion, que ce que vostre terre desmeure sans hoir et sans successeurs. Ellas ! se vous naves lignee, qui nous gardera, qui nous deffandra, qui nous governera, qui nous regira ? A pays désole bien porra dire, que ce signieur sera cause de ta destruccion ! Ellas ! hautain signieur, ne vulliez estre cause de telle destruccion et « de tel mal, de delaissier vostre terre veuve, seulle et morne. Pour tant, chier signieur, plaise vous a remarier, affin que de vous puissons avoir hoir et lignée dont le pays puist estre restore. »

« Et le conte avoir oyes toutes ces parolles, leur respondist : « Vous parles envain, et battes leaune, car je suis ou je desmourray et la où je finiray mes jours. »

« Et lors tous ceulx des troys estas respondirent ensemble : « Redoubte signieur, ainsy ne sera, car vous aves a issyr (sortir) et assallir (en aller) hors seans, et a vous marier, car vous povez aussy hien fayre votre sauvement (salut) en lordre de mariage, comme en quelquonque religion ; pour quoy ne vous veuillie desplayre, car il vous convient marier, pour le quel mariage vous puissiez avoir lignée, par la quelle vostre pays puisse estre maintenus en justice et restore de ligne en ligne, dont le pays ne viegne en estringes mains, et trop plus de bien porres fayre que destre mille ans avecques ces moynes. »

« Le conte estoit moult et desplaysant (ennuyé), et aussy estoyent les moynes et labe, et firent dure et grande résistence ; maiz à la fin, les prélas et les barons et nobles et le peuple prindrent labe et les moynes appart, et leur jurarent que ce ilz ne faisoyent tant que le conte yssist (sortît) de leans, quilz boutteroyent le feu en labaye, et quilz destruyroyent la religion en telle manyere, que jamaiz lon ny chanteroyent messe. Et lors firent tant que le conte leur accorda de soy marier, maiz quilz ly trouvasse femme convenable.

« Quant labe et les moynes heurent oys parler si fierement ceulz des troys estas, ilz prindrent a fremir de paour, et tous plourans allerent vers leur signieur le conte, et ly distrent : « A très redouble signieur, soit de vostre playsir de croyre consseil et dacorder a vos subgetz tellement que vous et vostres subgetz et vos pays et nous en vallions de mieulx et que nous ne périssons en ceste abaye. »

« Quant le conte Humbert les eust oys, il print a plourer, et puis leur accorda et consentist bien malgré sien. Et quant ceulx de lembayxade des troys estas heurent le consentement a leur signieur, ilz furent joyeux et bienayses. »

Il épousa en effet Béatrix de Vienne, fille de Girard, comte de Vienne et de Mâcon[7], appelé aussi comte de Bourgogne. Il en eut une fille, Éléonore, mariée successivement à Gui, comte de Ventimiglia, et à Boniface III, marquis de Montferrat ; puis l’héritier tant désiré, Thomas, qui lui succéda[8].

Les auteurs cisterciens le font mourir à Hautecombe, où il aurait pris l’habit religieux et prononcé les vœux monastiques quelque temps avant sa mort, prévue et annoncée par lui cinq jours auparavant. La majeure partie des autres historiens le font mourir à Chambéry[9], le 4 mars 1189[10].

Son corps fut transporté à Hautecombe et déposé dans le cloître, vers l’entrée latérale de l’église. Après les reconstructions opérées dans le xviiie siècle, son tombeau se trouva dans l’intérieur de l’église, à la même place, ou à peu prés, qu’auparavant. Charles-Félix le fit relever, en 1825, conformément à celui qu’avait détruit la Révolution française, et dont le dessin avait été reproduit par Guichenon. Il porte la statue d’Humbert III, couvert d’un froc, chaussé de sabots, couché, les mains jointes, dans l’attitude de la prière.

L’inscription est ainsi conçue :

Hubertus. III.

Olim. cognomine. sanctus.
Beati. titulo.
Et. Publici. cultus. Honoribus.
A. Gregorio XVI. Decoratus.
Uxores.
Fediva. A. Tolosa.
Anna. Vulgo. Germana. A. Zœringen.

Beatrix. A. Vienna.
Les fouilles faites à l’époque de la restauration de l’abbaye amenèrent la découverte des ossements de ce prince et de sa femme, Germaine de Zœringen. Ils furent réunis dans le même tombeau, ainsi que l’atteste une autre inscription placée sur le mausolée.

La réputation de ses vertus, les miracles qui se seraient opérés sur sa tombe, le firent bientôt vénérer comme un bienheureux.

L’ordre de Cîteaux l’honora comme tel ; l’église d’Ivrée célébra annuellement sa fête. Dans notre siècle, par bulle du 7 septembre 1838, le pape Grégoire XVI en confirma le culte immémorial et Humbert III fut élevé aux honneurs du culte public.

Un autel lui a été érigé, près de ses restes mortels, dans le bras droit de l’église abbatiale.

  1. Cibrario, Specchio cronologico, p.20.
  2. En 1162, d’après Manrique.
  3. Ann. cist.
  4. D’après quelques auteurs, il se serait retiré, après cette mort, dans l’abbaye d’Aulps, où il aurait pris l’habit cistercien pour y rester constamment. Mais il aurait dû céder aux désirs de ses sujets, quitter le cloître et se remarier.
    Ce que l’on peut dire avec plus de certitude, c’est qu’il fréquenta l’abbaye d’Aulps, surtout pendant les premières années de son règne, alors que saint Amédée siégeait à Lausanne ; et que, depuis la mort de son ancien tuteur, contemporaine de celle de sa seconde femme, inhumée à Hautecombe, il affectionna particulièrement cette dernière abbaye.
  5. Cette princesse fut fiancée fort jeune encore, en 1173, à Jean-sans-Terre, fils d’Henri Plantagenet, roi d’Angleterre, « au moyen de 5,000 marcs d’argent, avec tout le comté de Maurienne, dans le cas où ledit comte n’aurait pas d’enfant mâle né de légitime mariage. » Et si un fils vient à naître à Humbert, il promet de remettre au roi d’Angleterre, à titre de dot, ses droits de maître absolu ou de suzerain sur plusieurs terres et châteaux, tels que le comté de Belley, la vallée de Novalaise, Pierre-Châtel, Aix, Chambéry, Turin, etc. (Benedictus Retroburgus in vita Henrici II, Angliœ regis.) Fort heureusement, le mariage n’eut point lieu, et cette princesse, d’après la plupart des auteurs, mourut en bas âge. D’après Cibrario, elle aurait épousé Humbert, comte de Genevois, et vivait encore en 1256. Cette dernière opinion est aujourd’hui établie par le Régeste genevois, qui ajoute qu’Agnès eut une fille. Alix, mariée à Rodolphe de Grésier, tige des familles de Faucigny, Lucinge et Chuyt.
  6. Antiques crognices de Savoye. Cet ancien document, d’un auteur inconnu, a été complété et corrigé par Servion, pendant les années 1464, 1465 et 1466, et imprimé dans les Monumenta hitstoriæ patriæ, sous le titre de Chroniques de Savoye, et c’est là que nous avons puisé nos extraits.
  7. Guichenon, 240.
  8. D’après Guichenon, il se serait marié une quatrième fois avec Gertrude d’Alsace, fille de Thierri d’Alsace, comte de Flandres. Cette union a été passée sous silence par un grand nombre d’historiens et par les Chroniques, assez avides de ce genre de faits. Elle aurait eu lieu à une époque où Humbert, sur le déclin de l’âge, possédait un héritier : circonstance qui la rendait au moins invraisemblable. Aussi, M. Cibrario, dans ses derniers travaux sur la Maison de Savoie. traite ce mariage de fable : car, ajoute-t-il, plusieurs documents prouvent que Béatrix survécut à Humbert et fit l’éducation de Thomas Ier. C’était aussi l’avis de Delbene, qui a écrit dans son Amédéide :
    Humbert Ier. . . . . . . . . . . . . . . .

    Soumit trois fois le col au joug du mariage :
    Non qu’il n’ain a du tout la pure chasteté,

    Mais bien pour conserver son valeureux lignage.
    Mém. Soc. sav. d’hist. et d’arch., t. VIII, p. 240.
  9. Bien que le bourg de Chambéry n’ait appartenu à la Maison de Savoie que depuis 1292, et le château depuis 1295, déjà, avant 1173, cette famille y avait des possessions. Nous avons vu qu’à cette date (voir p. 98), le comte Humbert avait promis en dot à sa fille Agnès set droits sur la seigneurie de Chambéry. D’après les chroniques de Savoie, les trois États se seraient réunis à Chambéry, pour délibérer sur renvoi de délégués à Hautecombe, chargés de décider Humbert III à se remarier, et des fêtes y auraient eu lieu à l’occasion de ce mariage.
  10. Obituaire de Saint-Jean de Maurieune. Voir, dans les Mémoires de l’Académie de Savoie, 2e série, IV, la communication de Mgr  Billiet. — Voir aussi l’ancien Missel de Tarentaise. Mémoires de l’Académie de la Val d’Isère, II, 442.) Cette date n’est plus douteuse aujourd’hui.