Histoire des églises et chapelles de Lyon/Antonins

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H. Lardanchet (tome Ip. 269-275).

ANTONINS

Un acte conservé aux Archives départementales du Rhône, fait connaître d’une manière certaine l’origine de la commanderie des Antonins. En voici le contenu succinct : « La maison de Saint-Antoine de Lyon est une annexe de l’abbaye de Saint-Antoine, située au diocèse de Vienne. Cette vérité est établie par un titre très ancien et très authentique, une sentence rendue, le 4 mars 1361, par l’official de Lyon, commis par monseigneur l’évêque du Puy, délégué par Sa Sainteté, sur une contestation entre l’abbé de Saint-Antoine et frère Armand de Rochebaron, commandeur de Bourbonne. Cette sentence a été rendue avec une entière connaissance de cause. Après avoir examiné plusieurs titres, et avoir ouï témoins et parties, elle a jugé que la maison de Saint-Antoine de Lyon a été d’ancienneté, et est de la mense de l’abbaye de Saint-Antoine, qui l’avait fondée par le démembrement d’une partie de son ancien patrimoine dont elle a donné les revenus à ladite maison de Lyon. C’est par cette raison qu’elle n’a pas été comprise dans les rôles des décimes ordinaires et extraordinaires de ce diocèse, ou quand on a voulu les y comprendre Mgr Camille de Neuville, connaissant l’injustice et l’irrégularité de cette imposition, en a arrêté l’effet par deux ordonnances, l’une du 28 février 1672, et l’autre du 18 septembre 1676, parce que les abbayes payent dans les diocèses où elles sont situées pour leurs membres et annexes y unies. » Une ordonnance rendue par François-Paul de Neuville de Villeroi, archevêque de Lyon, ajoutée au bas du mémoire précédent, porte : « Vu ladite requête, la sentence de l’official de ce diocèse du 4 mars 1361, les deux ordonnances de Mgr Camille de Neuville du 28 février 1672 et du 18 septembre 1676, nous avons déclaré la maison de Saint-Antoine de cette ville être véritablement annexe de l’abbaye de Saint-Antoine. Fait à Lyon le 23 novembre 1718. »

On le voit, la Commanderie de Lyon était bien une fille directe de la célèbre abbaye dauphinoise. Cherchons maintenant à quelle époque appartient le monastère lyonnais.

Dès 1246, la Commanderie Saint-Antoine était fixée à Lyon, car une bulle d’Innocent IV, datée du 8 janvier de cette année, confirme les dons faits à l’hôpital lyonnais de la Commanderie. Cette bulle exempte les religieux de tout droit de dîmes, tant à cause de leur hôpital situé à Lyon, que de deux granges l’une appelée Chaussagnon et l’autre Salomon, et du droit appelé vingtain ou carthelage prélevé par cet hôpital sur les grains qui se vendent à la Grenette de Lyon. Ces biens avaient été accordés à l’hôpital par Renaud de Forez, archevêque de notre ville, avec d’autres privilèges et libertés mentionnés dans cette bulle.

Les archevêques de Lyon continuèrent à se montrer généreux à l’égard de ce nouvel essaim de l’abbaye-mère du Dauphiné. On trouve encore aux Archives départementales une donation faite aux religieux Antonins en 1279, et qui indique le but et les œuvres de la Commanderie lyonnaise. En voici des extraits :

« Messire Aymard, archevêque de Lyon, du consentement de monsieur le doyen et du chapitre de l’église de Lyon, fit donation, au profit du grand maître de l’hôpital de Saint-Antoine de Viennois : savoir, de l’église dédiée à Saint-André avec son cimetière et de l’hôpital et les maisons en dépendantes appelées la Contracterie, situées à Lyon, que le seigneur archevêque dit lui appartenir de plein droit, pour le tout, jouir et posséder à l’avenir paisiblement par le grand maître et ses successeurs, avec pouvoir au grand maître, pour faire desservir l’église et l’hôpital de Saint-André, d’y mettre le commandeur et les religieux qu’il jugera à propos. » Cette donation fut faite aux conditions suivantes : « 1° le recteur et les religieux établis pour la direction de l’église et de l’hôpital, seront tenus d’y observer l’hospitalité et de recevoir à l’hôpital les pauvres et infirmes de Lyon et du diocèse, tant ceux qui sont atteints du mal appelé le feu de Saint-Antoine, qu’ils seront obligés de nourrir selon leur pouvoir, comme il se pratique dans les autres hôpitaux dépendant de l’ordre, que ceux qui sont aussi atteints du mal nommé de Saint-André, pourvu qu’ils soient de Lyon ou du diocèse, avec cette différence que, pour ces derniers, le recteur et les religieux ne seront obligés que de les nourrir pendant neuf jours et non au-delà. Quant aux autres pauvres, quelque maladie ou infirmité qu’ils aient, excepté dans les deux cas susdits, on ne sera point obligé de les recevoir dans l’hôpital ; 2° le recteur et les religieux seront tenus d’accepter les domestiques de messieurs les chanoines de Saint-Jean, et des autres qui sont du corps de ladite église, lorsqu’ils seront infirmes pour quelque accident et hors d’étal d’agir, exceptant toutefois ceux qui auront été blessés, lesquels seront nourris et habillés par le recteur et les religieux de l’hôpital pendant le temps qu’ils y demeureront, pourvu qu’ils gardent et observent les règles de l’hôpital. » Comment se procurer les ressources ? La suite du document va l’indiquer : « Permet le seigneur archevêque de quêter dans la ville de Lyon et dans le diocèse, pour subvenir à l’entretien des pauvres, et d’enterrer en leur église et cimetière tous ceux qui y auront choisi leur sépulture, sans préjudicier aux droits de l’église paroissiale. »

Les Antonins, en 1550.

En 1303, on voit la Commanderie Saint-Antoine installée rue Écorche-bœuf, où l’on établit, en 1320, une place entre les bâtiments du monastère et la maison d’un nommé Anziacs. L’ordre Saint-Antoine de Viennois fut autorisé, en janvier 1502, à placer dans ses armoiries un écusson d’or, à l’aigle de sable, au vol éployé. En septembre 1697 seulement, la Commanderie de Lyon vit son blason enregistré à l’armoriai Lyonnais ; il portait : « Un aigle à deux têtes, au vol éployé, diadème et couronné d’or, chargé d’un écusson d’or, attaché à un collier de gueules, au taf d’azur. »

En 1562 le monastère fut pillé par les protestants et privé de tous ses biens ; toutefois, en juillet 1563, « suivant l’édit de paix, le lieutenant général du roi en Lyonnais, Dauphiné, Provence et Languedoc, M. de Vieilleville, enjoint à Barthélémy, Gabiano et autres détenteurs de la Commanderie de restituer au procureur tous ses biens, granges, maisons, et lui rendre ensemble les reliquaires, meubles, titres, par eux pris. »

Au milieu du xviie siècle, on dut démolir une partie des bâtiments qui tombaient en ruine ; on construisit alors un nouvel édifice et on répara les maisons et magasins attenant au monastère. Il importe d’entrer, à ce sujet, dans quelques détails tirés des documents provenant des archives du couvent.

Le 27 août 1611, le grand conseil rendait un arrêt décisif ordonnant « que par le prévôt des marchands de Lyon, alignement sera donné aux religieux de Saint-Antoine pour la construction des bâtiments de la Commanderie sur la rue Mercière, à la charge de laisser par les religieux sur ladite rue une portée et entrée principale, sur laquelle seront les marques de la Commanderie ou hôpital, et de satisfaire par eux aux charges de leur fondation pour la retraite et nourriture des pauvres malades. »

Les réparations et constructions furent importantes comme on en peut juger par les prix-faits et factures datés de 1645 et années suivantes. On reconstruisit aussi l’église avec six chapelles, la sacristie, l’arrière-sacristie, enfin les marches d’entrée de l’église. La nef fut éclairée par dix fenêtres, les chapelles par six et les deux grandes portes surmontées chacune d’un dorman, le tout pour le prix de 800 livres. Les balustres de fer du chœur et des chapelles, coûtèrent 1900 livres tournois. Le beffroi fut construit en 1654 ; les jougs étaient en bois de noyer, le beffroi lui-même, la charpente et les montants en bois de chêne. La même année, le père Basile Graillat, supérieur et procureur de la commanderie, à qui est due la majeure partie de ces réparations, commanda à Pierre Livet, fondeur à Lyon, huit cloches formant accord musical, au prix de 75 livres le quintal de bronze. La première serait du poids de 55 à 60 livres, les sept autres à proportion en augmentant de poids ; les cloches devaient donner respectivement les notes , mi, fa, sol, , mi, fa. Deux ans plus tard, le même religieux commandait aux sieurs Marchai et de Taux, fondeurs de cloches, demeurant à Martini en Lorraine, pour la vieille église du monastère, six cloches de bon métal, la plus grosse de 6 quintaux et les autres à proportion, en sorte que toutes ensemble atteignissent le poids de deux milliers et deux quintaux. L’accord serait parfait et offrirait les six tons : ut, , mi, fa, sol, la.

Dès 1642, le père Graillai, avait commandé à Innocent Madin, peintre de Lyon, six grands tableaux à l’huile avec leurs ornements, moyennant la somme de 565 livres tournois. Le couvent se chargeait de fournir les châssis, molières et toiles. Plus tard, en 1697, on donnait 90 livres au sieur Bernard pour un tableau : Joseph vendu par ses frères ; tableau qui fut posé sur la galerie.

Pour faciliter le passage des chapelles situées « du côté de vent » au chœur de l’église, le père Graillat acheta, au prix de 100 livres tournois, à Claude Fayolle, maître forgeur à Lyon, « l’étendue de 18 pouces d’enfoncement dans la muraille de sa maison, outre le gros de mur et de 6 pieds 8 pouces de hauteur, pour le posage de deux portes en l’angle de muraille mitoyenne séparant la maison de Fayolle sise en la rue Saint-Antoine de Lyon, d’avec les fonds de la commanderie des côtés de bise et du soir ».

Un état des dépenses faites pour la reconstruction du couvent, en 1695, se monte à la somme de 18.731 livres 15 sous. Pour subvenir à cette dépense on emprunta 17.510 livres. La construction de l’église achevée, on songea à procéder à la consécration solennelle. Une difficulté se présentait : la chapelle était contiguë à des maisons particulières, en sorte qu’on ne pouvait en faire le tour comme le réclame le cérémonial. On consulta la Congrégation des rites, qui, par rescrit du 22 août 1655, signé du cardinal de Médicis, évêque d’Ostie, accorda toute dispense, pourvu que dans la cérémonie du sacre on gardât les règles du pontifical Romain.

L’église Saint-Antoine de Lyon possédait de nombreuses reliques, qu’elle conservait avec un soin jaloux. Citons-en quelques-unes. Le 4 février 1650, « Antoine Panotus de Velletri, auditeur de son Éminence Mgr Martius Ginet, cardinal prêtre du titre de Saint-Pierre-aux-Liens et vicaire général de notre Saint Père le pape et de la ville de Rome, en conséquence de l’ordre du cardinal-vicaire », donne au Père Graillat » des ossements de saint René, saint Maxime, saint Simple, saint Aurélian, saint Félix et saint Germain, martyrs ; lesquelles reliques ont été tirées, par commandement d’Innocent X, des cimetières de Rome, et ont été enveloppées séparément de papier blanc, avec au-dessus écrits les noms desdits saints ; les dites reliques mises dans une petite châsse carrée de bois, longue de huit doigts et large de six et trois doigts de haut, couverte d’un tafetas attaché avec trois filets de chanvre, en forme de croix, scellé au-dessus et au-dessous de cire d’Espagne aux armes dudit seigneur cardinal-vicaire. » Le 19 mars 1650, le même cardinal avait donné des reliques de sainte Agathe et de saint Honoré, martyrs, à messire Henri Othenin, chanoine de Besançon, reliques tirées aussi des cimetières de Rome. Elles furent remises, le 8 juin 1603, au P. Graillat par le pieux chanoine.

Antoine de Neuville, abbé de Saint-Just et vicaire général de Lyon.

Le digne supérieur de Saint-Antoine savait reconnaître les services rendus et être généreux à l’occasion. Le 14 janvier 1653, la Compagnie des Pénitents blancs de Lyon, avait assisté processionnellement à la translation des reliques des saints martyrs Marcel, Benoît, Basile, Clément, Denis et Théodore, translation faite de l’ancienne église de la commanderie, dans celle qui venait d’être nouvellement construite. Le Père Graillat, pour donner une marque de la reconnaissance et de l’estime que sa communauté et lui avaient de la piété des confrères, remit, le 31 janvier, aux recteur, vice-recteur et conseillers de celle compagnie, six parcelles de ces corps saints. Le 21 mai 1657, les Pénitents blancs de Notre-Dame du Confalon à Lyon, portèrent processionnellement deux châsses apportées de Rome par Antoine de Neuville, abbé de Saint-Just au diocèse de Beauvais et vicaire général de Lyon. Elles contenaient des reliques de sainte Barbe et de sainte Périgrine, vierges et martyres. En reconnaissance, le père Graillat donna aux confrères quelques parcelles de ces reliques. Le digne supérieur obtint, le 21 mars 1658, de l’abbaye Saint-Antoine de Viennois une relique insigne, conservée dans la sacristie du monastère dauphinois : une dent de sainte Apollonie, vierge et martyre, qui, ayant eu la mâchoire brisée par le bourreau, était particulièrement invoquée par ceux qui souffrent des dents. Cette précieuse relique fut placée, avec honneur, dans la chapelle de la Sainte-Trinité, de l’église des Antonins.

Puisque nous parlons des chapelles de l’église, mentionnons qu’elles furent souvent choisies par des familles de Lyon comme lieu de sépulture. Le 6 mai 1667, noble François Dufaure, conseiller du roi et trésorier des ponts et chaussées en la généralité de Lyon, du consentement du Père Antoine Garrot, supérieur de la commanderie, fonde une messe annuelle dans la chapelle Notre-Dame, située à droite, la plus proche du maître-autel, à condition d’avoir l’usage de cette chapelle et le droit exclusif de sépulture pour lui et sa famille à perpétuité. Il promet d’entretenir la chapelle à ses frais, et établit pour cela une rente annuelle de 150 livres. Les religieux lui permettent de placer en tel endroit de la chapelle que bon lui semble, son écusson, et de mettre sur la voûte du caveau une grande pierre avec ses armes et son épitaphe.

Le 7 octobre 1693, le Père Alexis Dufresne, supérieur de la Commanderie, accorde à Gaspard Fayard, bourgeois de Lyon, le droit de sépulture pour lui, Marguerite Lalive, sa femme, leurs enfants, gendres et descendants, à perpétuité, dans le caveau situé sous la chapelle Saint-Joseph, sans qu’aucune autre personne y puisse être ensevelie. Fayard fonde une messe quotidienne, et pour cela crée une rente annuelle de 200 livres au capital de 4.000 livres. On permet à Fayard de faire graver ses armes sur la pierre qui ferme l’ouverture et de placer contre le mur une pierre où seront transcrites les conditions de la fondation.

Au début du xviiie siècle, de nouvelles réparations furent faites à l’église des Antonins. Les religieux s’adressèrent pour cela à Marc Chabry, peintre et sculpteur de Lyon. Cet artiste de mérite orna l’intérieur de l’édifice de remarquables embellissements. On en trouve le détail dans un acte du 30 janvier 1704, passé entre le supérieur et Marie Andrée Blampignon, femme de Chabry. Cette dernière s’engage à faire terminer les travaux commencés, moyennant la somme de 15.000 livres. « En premier lieu de finir la corniche de marbre et la table d’autel conformément au dessin ; de faire deux aigles jetés en bronze, et dorés ; de faire un cadre de bronze doré autour du bas-relief de marbre blanc qui sert de devant d’autel et de lustrer ce bas-relief ; de dorer les fleurons de cuivre, au nombre de 34, qui doivent orner la bordure du tableau et de fournir les fleurons ; de faire en stuc les deux grandes figures représentant saint Athanase et saint Augustin qui doivent être posées sur les piédestaux avec les génies qui les accompagnent, aussi de stuc, le tout couleur de marbre ; d’achever toute la gloire et ornement en bois avec les anges et génies, suivant le dessin avec les palmiers des côtés, et tout le couronnement qui sera aussi de bois et lequel est dessus le soc posé sur la grande corniche de marbre blanc, ainsi que les consoles des deux chapiteaux des deux pilastres ; de dorer tout ce qui est ornement en bois, les figures et génies blanches de blanc de marbre ; de faire le ruban qui entoure la baguette qui est au-dessus de la face de la grande corniche de cuivre doré de même que tout le reste ; de fournir de plus tous les matériaux et l’échafaud pour l’achèvement du corps d’architecture en marbre, suivant qu’il a été commencé, le tout conformément au dessin ; de peindre le fond de l’autel autour de l’architecture et retable en grisaille, selon qu’il conviendra, et à cet effet de plâtrer le fond d’autel ; d’achever le tableau du maître-autel, et celui qui est inachevé d’un des côtés de cet autel avec les corniches ; de repasser la corniche de pierre blanche de l’église, depuis l’arc-doubleau qui joint la porte de la sacristie jusqu’à l’autel, et de même de l’autre côté ; de faire toutes les baguettes de bois doré, qui doivent faire comme une petite bordure à tous les panneaux de marbre jaspé, au nombre de douze, et aux pilastres, pour séparer le marbre blanc d’avec celui de couleur et de rendre le tout fait et parfait suivant le dessin, pour la fête de saint Antoine 1705. Outre cela, de faire lever les encombres qui seront en l’église à ses frais ; de délaisser à la maison de saint Antoine les deux blocs de marbre blanc qui sont destinés pour les deux grandes figures de saint Athanase et de saint Augustin, avec le marbre des deux génies, et enfin de faire un fond dais de sapin au tableau de l’autel pour le garantir de l’humidité. » Les religieux se réservent le tableau qui servait auparavant au grand autel avec sa bordure et le devant d’autel de bois doré avec ses aigles. Le 30 janvier 1704, mademoiselle Blampignon et Louis Pérille, marchands de Lyon, s’obligent à faire faire par le sieur Chabry, six marches pour l’autel, depuis la porte de la sacristie jusqu’à l’autel, les plafonds et compartiments différenciés de marbre blanc et de pierre. Enfin, le 26 mai 1701, les religieux payent 2.449 livres à Louis Pérille pour l’achat et le transport des marbres destinés à la construction du maître-autel.

Telle est l’histoire de la chapelle des Antonins de Lyon ; cet ordre religieux n’arriva même pas jusqu’à l’époque révolutionnaire. Il fut dissous par décret de Louis XVI, sanctionné par le souverain pontife, et ses biens réunis à l’ordre des chevaliers de Malte dont le futur Louis XVIII était un des principaux membres. Ce qui lit dire aux mauvaises langues que le roi de France avait par ce décret, trouvé un apanage pour son frère.

La commanderie des Antonins de Lyon n’a pas disparu complètement. Sur le quai Saint-Antoine se dresse encore une belle maison dont la façade transformée et l’intérieur aménagé pour des habitations familiales, ont bien un peu changé l’aspect, mais où l’œil exercé n’a pas de peine à reconnaître les restes de l’ancienne commanderie.

Lorsqu’on entre dans la maison du n° 30, quai Saint-Antoine, et que l’on prend à gauche le petit escalier d’une dizaine de marches, on se trouve aussitôt sur un large promenoir en pierre qui devait jadis contourner les bâtiments des religieux. De nos jours ce promenoir n’existe que de trois côtés : de l’autre, il a été remplacé par une installation de bains toute moderne. Ce promenoir se développe sur un vaste rectangle, adossé aux maisons avoisinantes, qui, peut-être, possèdent des pans de murailles du monastère, et il surplombe la cour, de plus d’un mètre.

On accède à la cour par un escalier qui rejoint le promenoir sur l’un des petits côtés du vaste rectangle. Près de l’escalier aux pierres vieilles et usées par plusieurs générations, se trouve une fontaine en pierre datant du temps des religieux : elle manque de style architectural : c’est une masse rectangulaire et haute de près de 1m50. Elle est placée en avant du promenoir sur une petite tour en maçonnerie tronquée dans sa hauteur. Au bas de la tour se voit une gargouille ancienne.

En face de la fontaine et de la tour, le petit côté du rectangle ne possède pas d’escalier, mais le promenoir est percé d’ouvertures dans lequel se trouve quelques marches qui permettent de passer de cette cour dans celle de la maison voisine, avec sortie sur la rue Mercière. Les maisons voisines sont modernes. Pourtant le corps de bâtiments de droite contient des arcs-boutants reliant une maison basse à un bâtiment plus élevé, et, dans un des angles, une vieille tour carrée.