Histoire des églises et chapelles de Lyon/Saint-Jean-de-Dieu

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H. Lardanchet (vol. IIp. 200-202).

CHAMPAGNEUX ET SAINT-JEAN-DE-DIEU

« Le château de Champagneux, dit Ogier, au sud du territoire communal de la Guillotière, dans une plaine fertile, entre le Rhône et la route royale de Marseille, a appartenu longtemps à une famille de Jonage, qui le vendit à MM. Lassalle et Loyas, entrepreneurs. Les acquéreurs se divisèrent l’ensemble du château et ses dépendances : M. Layat eut le territoire, et M. Delassalle les bâtiments qu’il vendit, en 1824, aux frères dits Saint-Jean-de-Dieu, lesquels y ont établi un hospice pour les aliénés. »

Jean de Dieu était un moine espagnol qui, en 1338, fonda, à Grenade, une communauté de religieux chargés spécialement de soigner les malades et les aliénés. La congrégation Saint-Jean-de Dieu a été approuvée par le pape Pie V en 1571, par Grégoire XIII en 1576, et érigée en ordre religieux par Sixte-Quint, en 1586.

« Les vénérables hospitaliers, continue Ogier, parurent à Lyon en 1824 ; ils établirent, avec les secours de la charité et non sans de grands efforts, un hospice pour les hommes aliénés. L’habitation renferme de beaux bâtiments, qui peuvent contenir plus de quatre cents personnes ; une chapelle, des cours spacieuses, des terrasses qui dominent les bords du Rhône, des jardins, de grandes et superbes allées, de vastes et belles infirmeries contenant près de quarante lits, occupent les emplacements les plus favorables, au centre de l’établissement. » Ces lignes datent de cinquante ans ; depuis cette époque les bâtiments ont été accrus et le nombre des aliénés a considérablement augmenté. La chapelle primitive qui occupait le centre des constructions, fut d’abord un modeste oratoire. Elle avait la forme d’une croix grecque avec coupole centrale : elle fut construite en 1838, sur les plans et sous la direction de Pierre Bernard architecte, dans ce style classique de l’époque et en harmonie avec la façade de l’établissement, dont elle fait partie. Il est juste de rendre ici hommage à ce digne architecte qui a tracé le plan de nombreuses églises du diocèse de Lyon : Affoux, Champagne, Chazay d’Azergues, Chasselay, Caluire, Dardilly-le-Bas, Saint-Claude, Donmartin, Limonest, Poleymieux, Quincié, Saint-Cyr au Mont-d’Or, Saint-Didier au Mont-d’Or et Vaugneray.

Chapelle Saint-Jean-de-Dieu.

La façade de l’église, qui n’a pas été modifiée, fut ornée d’un bas-relief, par Bonnaire, sculpteur, représentant saint Jean de Dieu soignant un malade ; dans les niches, à droite et à gauche, les statues des saints Pierre et Paul, aussi par Bonnaire. À signaler, dans l’intérieur, les peintures des quatre pendentifs de la coupole, signées Bonirote, représentant les quatre évangélistes avec leurs attributs. La façade, à l’ouest, était surmontée du clocher. Par suite d’un agrandissement devenu nécessaire, le clocher et la façade ouest ont été démolis en 1898, pour permettre le prolongement d’un des bras de la croix grecque, afin d’en faire une vaste nef transformant le plan en croix latine.

Sur la façade reconstruite à l’ouest, se trouve un bas-relief, représentant saint Jean de Dieu lavant les pieds à Notre-Seigneur, caché sous la figure d’un pauvre ; ce bas-relief est dû à M. Chenevay, sculpteur, ancien professeur à la Martinière. Au-dessus de cette façade, le clocher a été reconstruit avec de nouvelles proportions et couvert d’un dôme en pierre de taille surmonté de la Croix. Les travaux d’agrandissement ont été dirigés par M. Joannès Bernard architecte, qui s’est attaché à maintenir le caractère architectural de l’œuvre primitive de son père, tout en se conformant aux nécessités actuelles du service. Les travaux ont été achevés en 1899, et l’église a maintenant les dimensions suivantes : longueur intérieure 40 mètres, plus le clocher 6m50 ; largeur 13 mètres. Elle se compose de trois nefs avec vastes tribunes surmontant les nefs latérales. Le maître-autel est en marbre blanc avec bas-relief ; au-dessus, s’élève une statue du Sacré-Cœur ; par côté, on a placé de remarquables statues des saints Pierre et Paul, en bois peint. Au fond de l’abside, derrière le maître-autel, trois tableaux : au milieu, L’Adoration des Mages ; à droite : Saint Philippe de Néri : à gauche : Saint Jean l’Aumônier.

Chapelles du transept ; du côté de l’épître, chapelle Saint-Jean de Dieu ; au-dessus se trouvent trois tableaux représentant, au milieu : le bienheureux Jean Grande ; à droite : la Sainte-Famille à gauche : L’Ascension. Du côté de l’évangile, chapelle de la Sainte-Vierge, avec ancienne statue de bois ; elle est ornée de trois tableaux : au milieu : Saint Roch ; à droite : Saint Augustin ; à gauche : le bienheureux Jean Grande soignant un malade.

Derrière le maître-autel se trouvent plusieurs autels : côté de l’épître : autel Saint-Augustin avec statue et tableau représentant Saint Jean l’Évangéliste ; du côté de l’évangile, autel Saint-Joseph avec statue et tableau de Saint Jean-Baptiste. Au bas des petites nefs, on a placé deux chapelles, à droite : chapelle Notre-Dame-de-Lourdes avec tableau de Saint-Michel ; et au-dessus, un vitrail de Saint Jean de Dieu ; à gauche : chapelle Saint-Antoine de Padoue avec tableau de Saint Raphaël et vitrail représentant Saint Augustin.

Dans la tribune de l’abside, derrière le maître-autel, se trouve un autel-tombeau : Notre-Dame des Sept-Douleurs, tenant le Christ dans ses bras. De chaque côté, dans le fond des tribunes des bas-côtés, on a placé les tableaux de Saint Vincent de Paul et de Saint Jean de Dieu ; en outre, à l’entrée, de chaque côté de la tribune des orgues, les tableaux du bienheureux Jean d’Avila et du vénérable Camacho. Enfin, dans le bas, de chaque côté de l’entrée, les tableaux des Saints Pierre et Paul. À signaler des orgues de 16 jeux, réparées récemment par M. Michel-Merklin.

L’église primitive avait été bénite le 8 décembre 1843, par le chanoine de Serres, vicaire-général, sous le vocable des saints apôtres Pierre et Paul ; l’église actuelle, sa transformation achevée, a été bénite le 18 novembre 1899, sous le même vocable, par le cardinal Coullié.