Histoire du Bouddha Sâkya-Mouni (Summer)/Première Partie/IV

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Ernest Leroux (Bibliothèque orientale elzévirienne, IIp. 57-73).


IV.

JEÛNE, TENTATION ET VICTOIRE SUR LE DÉMON.


En dépit de ses folies et de ses erreurs, l’homme est naturellement un être croyant, préoccupé des fins de l’existence et des grandes vérités qui, de tout temps, ont flotté dans l’univers.

Il y avait, parmi les contemporains de Siddhârtha, des hommes voués au renoncement et à la méditation. Dans la ville de Vaisali, Arâta-Kalama était le chef d’une grande école. Peu après sa fuite de Kapilavastou, Sâkya-Mouni vint humblement demander au maître de l’initier à toutes les pratiques des brahmatcharis[1]. Après un sérieux entretien, avec une modestie rare chez les philosophes, Arâta-Kalama avoua qu’il en savait moins que le nouveau venu, et il le chargea d’enseigner la loi aux trois cents disciples de l’école.

Mais, à cette vie active, Siddhârtha préféra bientôt la solitude contemplative et se dirigea vers le pays de Magadha[2]. Là, sans nul compagnon, établi sur le sommet d’une montagne, il descendait chaque matin pour quêter sa nourriture dans la ville de Râdjagriha.

Quand il fallut, pour la première fois, manger ce que la charité avait bien voulu donner, la nature princière se révolta ; lui, blasé sur les mets les plus délicats, allait-il donc se contenter d’un mélange grossier dont l’odeur seule lui soulevait le cœur ? L’homme accepte volontiers les sacrifices héroïques, mais parfois son courage vient échouer devant les petites choses. Ici ce ne fut qu’une défaillance passagère ; le sage réfléchit aux souillures et aux impuretés du corps, bien autrement repoussantes que la nourriture qu’il dédaignait, et il se soumit à cette nouvelle épreuve, qui lui coûta peut-être autant que l’abandon d’un trône.

Qu’il était beau le jeune solitaire lorsqu’il marchait dans les rues, avec sa longue robe et son manteau de pada[3], portant avec calme et dignité la sébile aux aumônes ! Les hommes le regardaient avec étonnement, et les femmes montaient sur les terrasses pour l’admirer. Dans toute la ville on ne s’occupait que de lui. Était-ce un homme, un fils des dieux, un génie descendu du Touchita ?

On éveilla si bien la curiosité du roi Bimbisara qu’il se rendit en palanquin auprès du mont Pandava et monta à pied jusqu’à l’endroit où le Bôdhisattva se tenait assis dans sa posture favorite, les jambes croisées sur un tapis de gazon. Siddhârtha accueillit en égal ce souverain qui venait à lui ; il conta son histoire, et Bimbisara charmé offrit à l’ermite la moitié de son royaume et de ses richesses. Le solitaire ne se laissa point tenter, mais il promit que la ville de Râdjagriha recevrait la première les enseignements du Bouddha. Aussi le verrons-nous souvent, dans le cours de sa vie errante, revenir au pays de Magadha, sur les bords de la Nairanjana[4], et Bimbisara, ce monarque intelligent qui, du premier coup d’œil, avait su discerner le mérite, fut le plus zélé protecteur des doctrines nouvelles.

Il y avait alors à Râdjagriha un philosophe appelé Roudraka qui comptait sept cents disciples. Sâkya-Mouni essaya de s’instruire à cette école ; mais, pas plus qu’Arâta-Kalama, Roudraka ne pouvait conduire à l’Intelligence suprême ; il se borna à installer Siddhârtha dans une maison d’instituteur et à lui donner des élèves. Cinq disciples, touchés par la parole persuasive du jeune maître, le suivirent lorsqu’il abandonna Roudraka[5]. Alors commence, pour Sâkya-Mouni et ses élèves, une vie nomade qui n’est pas sans agrément. Partout on les accueille avec joie. Sur le mont Gaya ils assistent à un banquet donné pour célébrer une fête de famille ; le sage y fait bonne figure, et ne dédaigne pas de se mêler aux réjouissances. L’aménité et l’indulgence sont l’essence de son caractère. Pourquoi repousser les distractions innocentes ? Il se délasse volontiers l’esprit par la contemplation de la nature. Arrivé au village d’Ourouvilva, sur les bords de la Nairanjana, devant ces eaux limpides et ces frais ombrages, le voilà en admiration comme le premier voyageur venu. « La délicieuse contrée, dit-il à ses disciples, qu’il fait bon y demeurer ! arrêtons ici nos pas. »

Et là, dans ces lieux si riants, il cherche la voie qui le conduira enfin à la perfection. Va-t-il imiter les philosophes Tirthikas dans leurs mortifications[6] ? Se vêtir d’écorces, dormir dans l’eau ou la tête appuyée sur une pointe, se rationner à un grain de riz par jour ou manger ce qui a été mordu par les oies ; se flageller quand les sens parlent trop haut ou se placer le corps entre quatre feux et la tête exposée aux rayons d’un soleil ardent[7] ?

Ces hommes, pensa le Bôdhisattva, ne connaissent pas la véritable doctrine, et toutes leurs pénitences sont inutiles, mais la mortification est par elle-même une bonne chose. Et, pendant six ans, retiré dans la forêt d’Ourouvilva, il se livra aux austérités les plus terribles. Il arriva à ne manger chaque jour qu’un grain de kola[8] ou de sésame que ses disciples lui présentaient respectueusement. Ce régime peu substantiel lui réussit assez mal. Il nous a tracé, de lui-même, à cette époque, un curieux portrait : « Mes côtes, dit-il, devinrent aussi saillantes que les pattes d’un crabe, et mes articulations aussi visibles que les nœuds de la plante asitaki[9] ; mon épine dorsale ressemblait au tissu inégal d’une tresse, le crâne de ma tête à une gourde fanée et la prunelle de mes yeux creux à une étoile réfléchie au fond d’un puits. La couleur brillante de ma peau disparut pour faire place à une teinte bleuâtre, et les gens du voisinage se moquaient de moi, disant : « Voyez donc le beau Sramana[10] ! il a maintenant la couleur du poisson madgoura, on le prendrait pour un esprit des cimetières. » Les enfants impitoyables jettent des pierres au malheureux qui n’a plus la force de marcher ; et, telle est la puissance de la forme, que l’intelligence qui réside dans ce corps affaibli n’inspire nulle confiance aux disciples. Comme ce malade qu’il avait vu couché sur la route de Kapila, Siddhârtha semblait une proie toute prête pour la mort. Le roi, instruit du triste état de son fils, envoyait chaque jour des messagers à Ourouvilva. Dans le ciel, Mâyâ s’émut, et, retrouvant pour un instant la figure et les entrailles maternelles[11], elle descendit sur la terre, suivie d’une troupe d’Apsaras. « Eh quoi ! s’écria-t-elle, ô mon fils unique, tu vas donc mourir dans la forêt ? qui donc te redonnera un peu du souffle de vie ? »

Les dieux inquiets proposent au Bôdhisattva de lui faire pénétrer de la vigueur par tous les pores, et sans prendre aucune nourriture, il retrouvera ainsi l’éclat et la beauté. Mais ce serait une fraude à laquelle le plus pur des êtres ne saurait se prêter. Il a foi dans son étoile : il doit vivre pour sauver les hommes ; seulement il s’aperçoit qu’il a fait fausse route. À quoi sert de dompter les sens, si le corps épuisé n’a plus la force d’agir ? Puisqu’il le faut, le solitaire mangera des pois, du riz, de la bouillie, comme un homme ordinaire. Ce changement de régime achève d’enlever aux disciples toute considération pour leur maître, et ils l’abandonnent, le prenant pour un insensé qui ne sait ce qu’il veut. Le Sramana courait grand risque de mourir de faim ; heureusement la compassion féminine veillait sur lui, et des villageoises vinrent chaque jour lui apporter sa nourriture. Les traces du jeûne commençaient à s’effacer. Siddhârtha s’avisa de songer à sa toilette, qu’il avait négligée dans la forêt. Son corps était dans un état de nudité complète. « Si je trouvais, pensa-t-il, quelque toile pour cacher ce qu’il faut cacher, ce serait bien. »

Le scrupule était honnête ; mais, pour s’équiper convenablement, le sage eut recours à un singulier expédient. On venait d’enterrer une fille du village ; il entra dans le cimetière, et, creusant la terre avec son pied gauche, il prit le linceul.

Voyez-vous ce fils de roi, fuyant comme un fantôme, avec ce linceul dérobé aux épaules de la jeune morte ? Il veut laver le linge impur ; un étang sort de terre à son commandement ; il manque une pierre plate pour étendre la toile ; un dieu vient lui-même l’apporter. Sâkya entre bravement dans l’eau, et fait en conscience l’office de blanchisseur. Puis, cousant le linceul, il se façonne une robe de Mouni[12]. Sous ce récit fantastique et presque puéril, se cache un grave enseignement. Le religieux ne possédera rien en ce monde ; au besoin, il se vêtira de la dépouille des morts, et ne rougira pas de descendre aux plus humbles travaux. C’est le mépris des richesses poussé aux dernières limites.

Parmi les charitables filles d’Ourouvilva, il y en avait une fort dévote qu’on appelait Soudjâtâ (Eugénie). Voulant faire une offrande au Sramana, elle choisit mille vaches dans les plus gras pâturages ; avec leur lait, elle en nourrit cinq cents autres ; le lait fourni par ces dernières fut employé à nourrir deux cent cinquante vaches, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il restât seulement huit vaches. Leur lait concentré servit à préparer une soupe au riz et au miel. Nous ne recommandons pas la recette aux ménagères économes.

Un matin, Soudjâtâ porta au solitaire ce potage, à la confection duquel les dieux avaient présidé, et qui exhalait une odeur appétissante. Avant de manger, Siddhârtha se baigna dans la Nairanjana ; ce n’était pas superflu : il y avait six ans que pareille chose ne lui était arrivée. Réconforté par le bain et la nourriture, il reprit toute sa vigueur, et en lui reparurent les trente-deux signes du grand homme. Il se mit immédiatement en marche vers Bôdhimanda, où se trouvait l’arbre sous lequel il devait obtenir l’Intelligence suprême. Les dieux l’escortent pendant toute la route, et ont pour lui les plus aimables attentions : tantôt déployant un parasol au-dessus de sa tête, tantôt faisant surgir un étang pour rafraîchir l’air. Chemin faisant, le Bôdhisattva achète à un marchand d’herbe quelques poignées de gazon pour en faire un tapis. L’emplette n’est pas inutile ; il restera longtemps sous le figuier sacré et y livrera de rudes combats. Le voilà installé sous son arbre et sur son tapis, les jambes croisées, attendant les dieux ses amis et les démons ses ennemis.

Ici on pourrait trouver quelque analogie avec le Paradis perdu de Milton. Mâra, le démon, auquel chacun obéit dans l’univers, ne peut se résigner à voir un mortel échapper à sa puissance. Dès que le sage aura obtenu l’Intelligence suprême, impossible d’avoir sur lui aucune prise. Il faut donc se hâter et prendre des mesures énergiques. Mâra assemble son conseil : les démons blancs qui siégent à droite, et les démons noirs qui siégent à gauche. Les blancs, cela va sans dire, sont beaucoup moins pervertis que les noirs. Les enfers ne passent pas pour le séjour de la paix et de l’harmonie ; là, plus de discussion calme et digne comme au Touchita, où chacun parlait à son tour, et écoutait poliment son adversaire. Les opinions les plus diverses sont en présence ; on gesticule, on crie, on s’injurie. N’est-ce pas aussi le lot des assemblées de la terre ? La droite soutient que jamais on ne pourra remuer un seul cheveu de celui qui a la sagesse. La gauche, qui ne manque pas d’assurance, prétend qu’elle saura le réduire en poudre. Les mauvais l’emportent sur les bons, et il est décidé qu’on marchera contre cet orgueilleux, qui ose braver la plus grande puissance du monde.

L’épouvantable armée remplit la plus grande partie de l’espace. En tête s’avance fièrement Mâra, monté sur l’éléphant Girimêkhala et tenant une épée à mille tranchants. Derrière lui vient son état-major aux têtes de chameaux, de tigres, de marsouins, de crapauds et de vampires ; les uns brandissent un arbre en guise de massue ; les autres ont le poil hérissé d’aiguilles ou le corps enduit de venin ; quelques-uns n’ont pas de tête, d’autres en ont plus de mille, qui lancent les éclairs et la foudre. Une pluie de sable, de flèches et de cuivre brûlant obscurcit l’atmosphère. Çà et là, un fantôme éploré traîne ses chaînes et pousse des cris lugubres, que les hiboux et les chacals répètent en écho. Les dieux s’enfuient à la hâte, laissant leur protégé se défendre tout seul ; c’est d’une poltronnerie insigne.

L’attaque commence ; les marteaux, les javelots, les pieux enflammés, les chaudrons d’huile bouillante, les quartiers de roc sont lancés sur l’arbre ; mais, ô miracle ! ces engins meurtriers retombent en pluie de fleurs aux pieds du sage, qui montre à ses ennemis un visage dont rien ne peut troubler la sérénité. Mâra change alors de système. Il promet à Siddhârtha de lui donner tous les royaumes de la terre, s’il veut renoncer à l’Intelligence suprême. Pour toute réponse le démon n’obtient qu’un sourire dédaigneux. « Qu’as-tu donc fait, s’écrie-t-il furieux, pour arriver ainsi à la délivrance ? — Mâra, pendant des centaines d’existences, j’ai pratiqué la première des vertus : la charité. — Soit, mais n’ayant aucun témoin pour appuyer ta parole, reconnais-toi vaincu. — Tu t’abuses, allié de tout ce qui est dans le délire ; au besoin, la terre parlera pour moi. »

Et soudain le sol s’entr’ouvre ; la déesse de la terre, sous la forme d’une belle et gracieuse femme, vient rendre témoignage des bonnes œuvres du Bôdhisattva. Puis, la malicieuse déesse tordant sa longue chevelure, il en jaillit un flot qui renverse toute l’armée de Mâra. Ces démons, tout à l’heure si audacieux, se sauvent en tous sens, pareils à des oiseaux qui voient la forêt embrasée au souffle du vent.

Mais le roi des enfers ne se tient pas pour battu ; il a son corps de réserve, plus redoutable, à lui seul, que tout le reste.

S’il résiste à la violence, Siddhârtha doit succomber aux caresses. « À moi mes filles ! » dit Mâra d’une voix qui retentit jusqu’au fond des enfers ; et les Apsaras obéissantes s’élancent vers Bôdhimanda, pour montrer au sage les trente-deux magies des femmes. On pourrait croire qu’il y en a davantage, et les Indiens, si prodigues de nombres, semblent ici bien parcimonieux.

L’attaque est vive, mais le coup d’œil est agréable. Ces demoiselles ont la grande habitude de seconder leur père, et connaissent à merveille tous les secrets du métier. Les unes s’avancent le visage à demi voilé, les yeux hypocritement baissés ; les autres montrent hardiment leur beau sein, et, feignant de bâiller, étendent les bras pour laisser voir la fossette de leur coude. Quelques-unes regardent le solitaire avec leurs yeux languissamment entr’ouverts ; puis, tout à coup, elles se mettent à rire d’une façon engageante et jettent de petits cris joyeux. Quelques autres, dont le corps est visible sous un tissu transparent, se balancent en marchant et jouent avec des perroquets qu’elles posent sur leurs têtes, tandis que leurs compagnes, plus audacieuses, dénouent leurs ceintures et laissent tomber le peu de vêtements qui les couvrent ; la minute d’après, se ravisant, comme honteuses, elles rajustent leur toilette avec des poses provoquantes. Plusieurs enfin, étendues à terre, enroulées comme de jeunes panthères, paraissent implorer du Bôdhisattva une victoire facile.

Nous adoucissons le tableau, et nous renvoyons les lecteurs curieux au Lalita-vistara, qui, pour faire ressortir la vertu du maître, ne ménage pas le réalisme.

Un autre que le futur Bouddha perdrait la tête ; mais lui n’est pas moins calme au milieu de ces nymphes enchanteresses que devant les hideux démons. Le sérail, il est vrai, l’a familiarisé avec les coquetteries féminines. Non contentes de montrer leurs charmes, ces demoiselles s’avisent de parler, et, entourant l’ermite : « Tu ne vois donc pas notre beauté, notre chevelure parfumée, nos dents aussi blanches que des coquilles, notre visage si bien fardé, notre bras serré dans un bracelet d’or ? et ces trois plis charmants, marqués au-dessus des hanches arrondies, qu’en dis-tu ? Eh bien ! ces femmes agréables et passionnées, ces filles des dieux, elles sont tes esclaves, seigneur ; pourquoi ne les embrasses-tu pas ? » La tentation devient plus vive. Repoussant d’un geste ces créatures insinuantes, le Bôdhisattva leur dit : « La propriété du désir qu’on a des femmes, c’est qu’il ne peut être satisfait ; le désir est semblable à un rasoir enduit de miel ; si, au lieu de le chasser, on l’accueille, il grandit et augmente comme la soif d’un homme qui a bu de l’eau salée. Celui qui est l’esclave des femmes se détourne de la loi, et reste loin de la science et de la méditation. Les qualités des femmes étant d’entraîner, j’ai abandonné les troupes de femmes et je demeurerai sans trouble, sans passion. »

Quel sang-froid ! un méthodiste ne prêcherait pas plus tranquillement dans sa chaire. Les courtisanes sont abasourdies ; elles attendaient autre chose, mais leur honneur est engagé ; elles tentent un dernier effort.

« Quoi ! les kokilas chantent, les abeilles bourdonnent, le printemps est venu ; tout respire l’amour et tu restes insensible ! Tu t’abuses étrangement en repoussant les joies du désir, semblable à l’homme qui s’enfuit après avoir trouvé un trésor. Tu es jeune et beau ; jette au loin le triste accoutrement des Mounis, et livre-toi à nos caresses. »

Filles du démon, vous pourriez parler ainsi des centaines d’années. Séduisez donc l’homme qui porte sur sa chair le linceul d’une morte ; pour lui, le présent n’est qu’un mirage, une illusion des sens ; l’avenir redoutable est seul devant ses yeux. Les belles femmes qui sont à ses pieds, il se les représente courbées par l’âge, assaillies par les infirmités ; sous ces peaux satinées, il voit circuler les vers, et le temps réduire en poussière ce que les hommes ont adoré.

Les Apsaras humiliées se relèvent, et s’en vont tout conter à leur père, qui prend fort mal la chose.

« L’ignorant, le fou, il n’a donc pas vu votre beauté ! »

Les folles ont déjà oublié leur déconvenue ; elles espèrent se rattraper ailleurs, mais Mâra est inconsolable. Les dieux le raillent sans pitié :

« Pauvre Mâra, disent-ils, te voilà rêveur, comme une vieille cigogne aux ailes coupées ou comme un vieil éléphant tombé dans un bourbier. Où est ta force ? Aujourd’hui, on t’a lié les pieds et les mains. »

Cette victoire, en effet, est un grand événement, et le Bôdhisattva va conquérir cette intelligence supérieure à laquelle il a tout sacrifié.

  1. Étudiants en théologie qui vivent dans une continence absolue.
  2. Le Behar moderne, à l’est de Bénarès.
  3. Espèce de toile teinte en rouge.
  4. Rivière qui passe à Râdjagriha.
  5. Les quatre premiers étaient les fils des Brahmanes qui avaient été consultés à l’occasion de la naissance du Bouddha, et le cinquième, Kaundinya, était le plus jeune de ces huit Brahmanes. V. l’Index.
  6. V. l’Index.
  7. Pénitence appelée pantchatapas, encore usitée aujourd’hui dans l’Inde.
  8. L’arbre aux jujubes.
  9. L’indigo.
  10. Ascète ou religieux mendiant.
  11. Après sa mort Mâyâ avait transmigré pour prendre la figure d’un dieu du Touchita.
  12. Le lieu où se passa cet événement fut nommé Pansoukoulasivana « couture du linceul. »