Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes/Livre XIX/Chapitre 13

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Texte établi par chez Jean Léonard Pellet, Jean Léonard Pellet (10p. 427_Ch13-443_Ch14).

XIII. Philoſophie.

Au char des lettres & des arts, eſt attachée la philoſophie qui devroit, ce ſemble, en tenir le timon : mais qui, n’arrivant qu’après eux, ne doit marcher qu’à leur ſuite. Les arts naiſſent des beſoins même de la ſociété, dans l’enfance de l’eſprit humain. Les lettres ſont les fleurs de ſa jeuneſſe. Filles de l’imagination qui aime la parure, elles ornent tout ce qu’elles touchent ; & ce goût d’embelliſſement crée ce qu’on appelle proprement les beaux-arts ou les arts de luxe & de décoration qui poliſſent les premiers arts, enfans du beſoin. C’eſt alors qu’on voit les génies ailés de la ſculpture voler ſur les portiques de l’architecture ; les génies de la peinture entrer dans les palais, y deſſiner l’Olympe ſur un plafond, y retracer ſur la laine & ſur la ſoie toutes les ſcènes animées de la campagne, y reproduire ſur la toile les utiles vérités de l’hiſtoire, & les agréables chimères de la fable.

Quand l’eſprit s’eſt exercé ſur les plaiſirs de l’imagination & des ſens, la raiſon vient avec la maturité des empires donner aux nations une certaine gravité : c’eſt l’âge de la philoſophie. Elle marche à pas lents & ſans bruit, annonçant la vieilleſſe des empires qu’elle s’efforce en vain de ſoutenir. C’eſt elle qui forma le dernier ſiècle des belles républiques de la Grèce & de Rome. Athènes n’eut des philoſophes qu’à la veille de la ruine qu’ils ſemblèrent prédire. Cicéron & Lucrèce n’écrivirent ſur la nature des dieux & du monde, qu’au bruit des guerres civiles qui creusèrent le tombeau de la liberté.

Cependant Thalès, Anaximandre, Anaximène, Anaxagore avoient jeté les germes de la phyſique dans leur théorie ſur les élémens de la matière : mais la manie des ſyſtêmes les détruiſit les uns par les autres. Socrate vint, qui ramena la philoſophie à la vraie ſageſſe, à la vertu : il n’aima, ne pratiqua, n’enſeigna qu’elle ; perſuadé que l’homme n’a pas beſoin de la ſcience, mais des mœurs pour être heureux. Platon, ſon diſciple, quoique phyſicien, quoique inſtruit des myſtères de la nature par ſes voyages en Égypte, donna tout à l’âme & preſque rien à la nature : noya la philoſophie dans la théologie, & la connoiſſance de l’univers dans les idées de la divinité. Ariſtote, diſciple de Platon, parla moins de Dieu que de l’homme & des animaux. Son hiſtoire naturelle eſt venue à la poſtérité : mais elle fut médiocrement eſtimée de ſes contemporains. Épicure, qui vivoit à-peu-près dans le même tems, reſſuſcita les atomes de Démocrite, qui, ſans doute, balancèrent les quatre élémens d’Ariſtote ; & dans cet équilibre de ſyſtêmes, la phyſique ne put avancer d’un pas. Les moraliſtes entraînèrent le peuple qui les entend mieux qu’il ne comprend les phyſiciens. Ils formèrent des écoles : car auſſi-tôt que des opinions font du bruit, elles font des partis.

Dans ces circonſtances, la Grèce agitée au-dedans d’elle-même, après s’être déchirée par une guerre inteſtine, fut ſubjuguée par la Macédoine, & diſſoute par les Romains. Alors, les calamités publiques tournèrent les eſprits & les cœurs vers la morale. Zénon & Démocrite, qui n’avoient été que des philoſophes naturaliſes, devinrent long-tems après leur mort, les chefs de deux ſectes de moraliſtes, plus théologiens que phyſiciens, plus caſuiſtes que philoſophes ; ou plutôt la philoſophie fut livrée & reſtreinte aux ſophiſtes. Les Romains qui avoient tout pris aux Grecs, ne découvrirent rien dans le véritable champ de la philoſophie. Chez les anciens, elle fit peu de progrès ; parce qu’elle fut preſque entièrement bornée à la morale. Chez les modernes, ſes premiers pas ont été plus heureux, parce qu’ils ont été guidés par le flambeau de la phyſique.

Il ne faut pas compter un intervalle de près de mille ans, où la philoſophie, les ſciences, les lettres & les arts ont dormi dans le tombeau de l’empire Romain, parmi les cendres de l’antique Italie & la pouſſière des cloîtres. L’Aſie en conſervoit les monumens ſans en jouir ; & l’Europe, quelques débris ſans les connoître. Le monde étoit chrétien ou mahométan, enſeveli par-tout dans le ſang des nations. L’ignorance ſeule triomphoit ſous l’étendard de la croix ou du croiſſant. Devant ces ſignes redoutés, tout genou fléchiſſoit, & tout eſprit trembloit.

La philoſophie balbutioit dans une enfance continuelle les noms de Dieu & de l’âme. Elle s’occupoit des ſeules choſes qu’elle devoit toujours ignorer. Elle perdoit le tems, la raiſon & tous ſes travaux dans des queſtions du-moins oiſeuſes, la plupart vuides de ſens, indéfiniſſables, interminables par la nature de leur objet, ſource éternelle de diſputes, de ſciſſions, de ſectes, de haines, de persécutions, de guerres nationales ou religieuſes.

Cependant, les Arabes conquérans menoient, comme en triomphe, les dépouilles du génie & de la philoſophie. Ariſtote s’étoit entre leurs mains, ſauvé des ruines de l’ancienne Grèce. Ces deſtructeurs des empires avoient quelques ſciences, dont ils étoient les créateurs. Le calcul étoit de leur invention. L’aſtronomie & la géométrie alloient avec eux ſur les côtes de l’Afrique, qu’ils dévaſtoient & repeuploient. La médecine les ſuivit par-tout. Cette ſcience, qui n’a rien de meilleur peut-être que ſon affinité avec la chymie & la phyſique, les rendit auſſi fameux que l’aſtrologie, autre appui de la charlatanerie. Avicenne & Averroès, médecins, mathématiciens & philoſophes, conſervèrent la tradition des véritables ſciences, par des traductions & des commentaires. Mais imaginez ce qu’Ariſtote, traduit du Grec en Arabe, & depuis eux, d’Arabe en Latin, dut devenir entre les mains des moines qui voulurent concilier la philoſophie du paganiſme avec les codes Hébraïques de Moïſe & de Jéſus ? Cette confuſion des ſyſtêmes, des idées & des langues, arrêta long-tems l’édifice des ſciences. Le théologien renverſoit les matériaux qu’apportoit le philoſophe. Celui-ci ſappoit par les fondemens l’édifice de ſon rival. Cependant, avec quelques pierres de l’un, beaucoup de ſable de l’autre, de méchans architectes bâtirent un monument gothique & bizarre : c’eſt la philoſophie de l’école. Toujours refaite, étayée & recrépie de ſiècle en ſiècle, par des métaphyſiciens Irlandois ou Eſpagnols, elle ſe ſoutint à-peu-près juſqu’à la découverte du Nouveau-Monde, qui devoit changer la face de l’ancien.

La lumière naquit au ſein des ténèbres. Un moine Anglois cultiva la chymie ; & préparant l’invention de la poudre, qui devoit ſoumettre l’Amérique à l’Europe, il ouvrit la porte aux vraies ſciences par la phyſique expérimentale. Ainſi la philoſophie ſortit du cloître, & l’ignorance y reſta. Quand Bocace eut mis au jour les débauches du clergé séculier & régulier, Galilée oſa deviner la figure de la terre. La ſuperſtition en fut effrayée ; elle jeta ſes cris ; elle lança ſes foudres : mais la philoſophie arracha le maſque du monſtre, & le voile dont étoit couverte la vérité. On ſentoit bien la foibleſſe & le menſonge des opinions populaires, ſur quoi portoit la baſe de l’édifice ſocial : mais pour détrôner l’erreur, il falloit connoitre les loix de la nature, & la cauſe de ſes phénomènes. C’eſt ce que chercha la philoſophie.

Dès que Copernic fut mort, après avoir conjecture, par la raiſon, que le ſoleil étoit au centre du monde, Galilée naquit & confirma, par l’invention du téleſcope, le vrai ſyſtême d’aſtronomie, ignoré ou mis en oubli, depuis Pythagore qui l’avoit imaginé. Tandis que Gaſſendi remuoit les élémens de la philoſophie ancienne ou les atomes d’Épicure, Deſcartes agitoit & combinoit les élémens d’une nouvelle philoſophie, ou ſes tourbillons ingénieux & ſubtils. Preſque en même tems, Toricelli inventoit, à Florence, le thermomètre pour peſer l’air ; Paſcal meſuroit la hauteur de l’atmoſphère ſur les montagnes d’Auvergne, & Bayle, en Angleterre, vérifioit & conſtatoit les expériences de l’un & de l’autre.

Deſcartes avoir appris à douter, pour détromper avant d’inſtruire. Son doute méthodique fut le plus grand inſtrument de la ſcience, & le ſervice le plus ſignalé qu’on pût rendre à l’eſprit humain, dans les ténèbres & les chaînes dont il étoit enveloppé. Bayle, en appliquant cette méthode aux opinions les plus conſacrées par l’autorité de la force & du tems, a fait ſentir depuis l’importance du doute.

Le chancelier Bacon, philoſophe & malheureux à la cour, comme le moine Bacon l’avoit été dans le cloître ; comme lui précurſeur plutôt que légiſlateur de la nouvelle philoſophie, avoit proteſté contre les préjugés des ſens, des écoles ; contre ces phantomes qu’il appeloit les idoles de l’entendement. Il avoit prédit les vérités qu’il ne pouvoit révéler. D’après ſes oracles, tandis que la philoſophie expérimentale découvroit des faits, la philoſophie rationelle cherchoit les cauſes.

L’une & l’autre conduiſoient à l’étude des mathématiques, qui devoient diriger les efforts de l’eſprit, & aſſurer ſes ſuccès. Ce fut, en effet, la ſcience de l’algèbre appliquée à la géométrie, & l’application de la géométrie à la phyſique, qui fit ſoupçonner à Newton le vrai ſyſtême du monde. En levant les yeux au ciel, il vit dans la chute des corps ſur la terre, il vit entre les mouvemens des aſtres, des rapports, qui ſuppoſoient un principe univerſel différent de l’impulſion, ſeule cauſe viſible de tous les mouvemens. En étudiant l’optique après l’aſtronomie, il conjectura l’origine de la lumière ; & les expériences où l’entraîna cette conjecture, la changèrent en ſyſtême.

Quand Deſcartes mourut, Newton & Leibnitz étoient à peine nés, pour achever, corriger & perfectionner ſon ouvrage, c’eſt-à-dire, l’établiſſement de la bonne philoſophie. Ces deux hommes ſeuls en hâtèrent prodigieuſement les progrès. L’un pouſſa la ſcience de Dieu & de l’âme auſſi loin que la raiſon peut la conduire ; & l’inutilité de ſes efforts déſabuſa pour jamais l’eſprit humain de cette fauſſe métaphyſique. L’autre étendit les principes de la phyſique & des mathématiques beaucoup plus avant que le génie de pluſieurs ſiècles n’avoit pu les amener, & montra le chemin de la vérité. En même tems, Locke, précédé d’un homme à qui la nature avoit accordé une force de tête peu commune & qui étoit reſté dans l’obſcurité par la hardieſſe même de ſes principes qui auroit du l’en tirer, je veux parler de Hobbes, Locke pourſuivoit les préjugés ſcientifiques dans tous les retranchemens de l’école ; il faiſoit évanouir tous les ſpectres de l’imagination, que Mallebranche laiſſoit renaître en les abaiſſant, parce qu’il n’alloit pas à la racine du mal.

Ne croyez pas que les philoſophes ſeuls aient tout découvert & tout imaginé. C’eſt le cours des événemens qui a donné une certaine pente aux actions & aux pensées de l’homme. Une complication de cauſes phyſiques ou morales, un enchaînement des progrès de la politique avec les progrès des études & des ſciences, un mélange de circonſtances impoſſibles à hâter comme à prévoir, a dû concourir à la révolution qui s’eſt faite dans les eſprits. Chez les nations comme dans l’individu, le corps & l’âme agiſſent & réagiſſent tour-à-tour l’un ſur l’autre. Le peuple entraîne les philoſophes, & les philoſophes mènent le peuple. Galilée avoit dit que la terre tournant autour du ſoleil, il devoit y avoir des antipodes ; & Drake l’avoit prouvé par un voyage autour du monde. L’égliſe ſe diſoit univerſelle ; le pape ſe diſoit le maître de la terre ; & plus des deux tiers de ſes habitans ignoroient qu’il y eût une religion catholique, & ſur-tout qu’il y eût un pape. Des Européens qui voyageoient par-tout & commerçoient par-tout, apprirent à l’Europe qu’une partie de la terre vivoit dans les viſions de Mahomet, & une plus grande partie encore dans les ténèbres de l’idolâtrie, ou dans l’inſcience & l’incurioſité de l’athéiſme. Ainſi la philoſophie étendoit l’empire des connoiſſances humaines, par la découverte des erreurs de la ſuperſtition & des vérités de la nature.

L’Italie, dont le génie impatient s’élançoit à travers les obſtacles qui l’environnoient, fonda la première une académie de phyſique. La France & l’Angleterre, qui devoient s’agrandir par leur rivalité même, élevèrent à la fois deux monumens éternels à l’accroiſſement de la philoſophie ; deux académies où tous les ſavans de l’Europe vont puiſer & verſer leurs lumières. C’eſt de-là que ſont émanés dans le monde une foule de myſtères de la nature, d’expériences & de phénomènes, de découvertes dans les arts & dans les ſciences ; les ſociété de l’électricité, les cauſes de l’aurore boréale. C’eſt de-là que ſont ſortis les inſtrumens & les moyens pour purifier l’air dans les vaiſſeaux ; pour rendre potable l’eau de la mer ; pour déterminer la figure de la terre & fixer les longitudes ; pour perfectionner l’agriculture, & donner plus de grain avec moins de ſemence & de peine.

Ariſtote avoit règné dix ſiècles dans toutes les écoles de l’Europe ; & les chrétiens, après avoir perdu les traces de la raiſon, n’avoient pu la trouver que ſur ſes pas. Long-tems même ils s’étoient égarés à la ſuite de ce philoſophe, parce qu’ils y marchoient à tâtons, dans les ténèbres de la théologie. Mais enfin Deſcartes avoit donné le fil, & Newton des ailes, pour ſortir de ce labyrinthe. Le doute avoit diſſipé les préjugés, & l’analyſe avoit trouvé la vérité. Après les deux Bacons, Galilée, Deſcartes, Hobbes, Locke, Bayle, Leibnitz & Newton ; après les mémoires des académies de Florence & de Léipſick, de Paris & de Londres, il reſtoit un grand ouvrage à faire, pour la perpétuité des ſciences & de la philoſophie. Il a paru.

Ce livre, qui contient toutes les erreurs & les vérités qui ſont ſorties de l’eſprit humain depuis la théologie juſqu’à l’inſectologie ; tous les ouvrages de la main de l’homme, depuis le vaiſſeau juſqu’à l’épingle : ce dépôt des lumières des nations, qui auroit été moins imparfait s’il n’eût été exécuté au milieu de toutes les ſortes de persécutions & d’obſtacles ; ce dépôt caractériſera, dans les ſiècles à venir, le ſiècle de la philoſophie.

Après tant de bienfaits, elle devroit tenir lieu de la divinité ſur la terre. C’eſt elle qui lie, éclaire, aide & ſoulage les humains. Elle leur donne tout, ſans en exiger aucun culte, Elle leur demande, non pas le ſacrifice de leurs paſſions, mais un emploi juſte, utile & modéré de toutes leurs facultés. Fille de la nature, diſpenſatrice de ſes dons, interprète de ſes droits, elle conſacre ſes lumières & ſes travaux à l’uſage de l’homme. Elle le rend meilleur, pour qu’il ſoit plus heureux. Elle ne hait que la tyrannie & l’impoſture, parce qu’elles foulent le monde. Elle ne veut point régner, mais elle exige que ceux qui régnent n’aiment à jouir que de la félicité publique. Elle fuit le bruit & le nom des ſectes, mais elle les tolère toutes. Les aveugles & les méchans la calomnient ; les uns ont peur de voir, les autres d’être vus : ingrats, qui ſe ſoulèvent contre une mère tendre, quand elle veut les guérir des erreurs & des vices qui font les calamités du genre-humain.

Cependant, la lumière gagne inſenſiblement un plus vaſte horizon. Une eſpèce d’empire s’eſt formé, celui de la littérature, qui commence & prépare la république Européenne. Si jamais, en effet, la philoſophie peut s’inſinuer dans l’âme des ſouverains ou de leurs miniſtres, les ſyſtêmes de politique s’agrandiront, & ſeront ſimplifiés. On aura plus d’égard à l’humanité dans tous les projets ; le bien public entrera dans les négociations, non comme un mot, mais comme une choſe utile, même aux rois.

Déjà l’imprimerie a fait des progrès qu’on ne ſauroit arrêter dans un état, ſans reculer la nation pour vouloir avancer l’autorité du gouvernement. Les livres éclairent la multitude, humaniſent les hommes puiſſans, charment le loiſir des riches, inſtruiſent toutes les claſſes de la ſociété. Les ſciences perfectionnent les différentes branches de l’économie politique. Les erreurs même des eſprits ſyſtématiques ſe diſſipent au grand jour de l’impreſſion, parce que le raiſonnement & la diſcuſſion les mettent au creuſet de la vérité.

Le commerce des lumières eſt devenu néceſſaire à l’induſtrie, & la littérature ſeule entretient cette communication. La lecture d’un voyage autour du monde, a occaſionné, peut-être, les autres tentatives de ce genre : car l’intérêt ſeul ne fait pas trouver les moyens d’entreprendre. Aujourd’hui, rien ne ſe peut cultiver ſans quelque étude, ou ſans des connoiſſances tranſmiſes & répandues par la lecture. Les princes eux-mêmes n’ont recouvré leurs droits ſur les uſurpations du clergé, qu’à la faveur des lumières qui ont détrompé le peuple des abus de toute puiſſance ſpirituelle.

Mais la plus grande folie de l’eſprit humain, ſeroit d’avoir employé toutes ſes forces à augmenter le pouvoir des monarques & à rompre pluſieurs chaînes, pour forger de leurs débris celle du deſpotiſme. Le même courage que la religion inſpire pour ſouſtraire la conſcience à la tyrannie exercée ſur les opinions, l’homme de bien, le citoyen, l’ami du peuple, doit l’avoir, pour garantir les nations de la tyrannie des puiſſances conjurées contre la liberté du genre-humain. Malheur à l’état où il ne ſe trouveroit pas un ſeul défenſeur du droit public ! Bientôt ce royaume ſe précipiteroit, avec ſa fortune, ſon commerce, ſes princes & ſes citoyens, dans une anarchie inévitable. Les loix, les loix pour ſauver une nation de ſa perte, & la liberté des écrits pour ſauver les loix ! Mais quel eſt le fondement & le rempart des loix ! Les mœurs.