Histoire posthume de Voltaire/Pièce 17

La bibliothèque libre.


Garnier
éd. Louis Moland


XVII.

POUR MADAME DENIS,
NIÈCE D’UN GRAND HOMME QUI M’AIMAIT BEAUCOUP.
De Pétersbourg, le 15 octobre 1778.

Je viens d’apprendre, madame, que vous consentez à remettre entre mes mains ce dépôt précieux que monsieur votre oncle vous a laissé, cette bibliothèque que les âmes sensibles ne verront jamais sans se souvenir que ce grand homme sut inspirer aux humains cette bienveillance universelle que tous ses écrits, même ceux de pur agrément, respirent, parce que son âme en était profondement pénétrée. Personne avant lui n’écrivit comme lui ; à la race future il servira d’exemple et d’écueil. Il faudrait unir le génie et la philosophie aux connaissances et à l’agrément, en un mot être M. de Voltaire, pour l’égaler. Si j’ai partagé avec toute l’Europe vos regrets, madame, sur la perte de cet homme incomparable, vous vous êtes mise en droit de participer à la reconnaissance que je dois à ses écrits. Je suis, sans doute, très-sensible à l’estime et à la confiance que vous me marquez ; il m’est bien flatteur de voir qu’elles sont héréditaires dans votre famille. La noblesse de vos procédés vous est caution de mes sentiments à votre égard.

J’ai chargé M. Grimm de vous en remettre quelques faibles témoignages, dont je vous prie de faire usage.

Catherine.



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