Histoire posthume de Voltaire/Pièce 33

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Garnier
éd. Louis Moland

XXXIII.

EXTRAIT
D’UNE LETTRE DE M. BOUILLEROT[1]
curé de Romilly-sur-Seine

À M. PATRIS-DEBREUIL.

L’enlèvement du corps de Voltaire est une vraie fable. J’ai été témoin de son inhumation, de son exhumation, de sa déposition dans l’église de Romilly, et enfin de sa translation pour Paris ; mais je n’ai aucune connaissance du procès-verbal qui fut dressé alors, et qui, je pense, doit se trouver dans les archives de la municipalité de Paris, qui députa M. Charron, un de ses membres, pour présider à ce transport. Il se proposait de faire un recueil de toutes les réceptions qu’on leur fit dans les divers endroits où ils passèrent ; recueil qui eût pu être intéressant, mais qui n’eut pas lieu.

Lors de l’exhumation de Voltaire, on trouva un cadavre décharné, desséché, mais entier, et dont toutes les parties étaient jointes[2]. On l’enleva de la fosse avec beaucoup de précaution, et il ne se détacha que le calcanéum, qu’une personne emporta. Le corps fut exposé pendant deux jours aux regards du public, dans l’église de Romilly, puis renfermé dans un sarcophage placé quelque temps dans la sacristie, ensuite déposé dans le chœur, sous une tente, jusqu’au jour de la translation.

Voilà l’exacte vérité, et tout ce qui est à ma connaissance.


  1. Juillet ou août 1791. — M. Patris-Debreuil, à qui est adressée la lettre, a donné cet extrait page 463 du tome II des Œuvres inédites de Grosley, qu’il a publiées en 1813. Il ne donne pas la date de la lettre.
  2. Ces circonstances m’ont été confirmées, en 1831, par M. Charron, qui présidait à l’inhumation, et qui est mort on 1832. (B.)
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