Histoire romaine (Tite-Live)

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Histoire romaine
Œuvres de Tite-Live
Traduction par Désiré Nisard.
Tome premier
Firmin Didot frères.


TABLE DES MATIÈRES.


Séparateur


Avis des éditeurs 
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Notice sur Tite-Live 
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HISTOIRE ROMAINE. (La traduction de ce premier volume est de MM. Lebas, de l’Institut, Charles Nisard, Kermoisan, Théophile Bandement, Bouteville ; de MM. Boistel, Magin, Paret, Le Prévost, Leudière, Capelle, professeurs, et de M. Bellaguet, chef du bureau des travaux historiques au ministère de l’instruction publique.)
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Livre premier. — Descente d’Énée en Italie ; ses exploits. — Règne d’Ascagne à Albe, et des Silvius ses successeurs. — La fille de Numitor, surprise par Mars, devient mère de Romulus et de Rémus. — Meurtre d’Amulius. — Fondation de Rome. — Établissement du sénat. — Guerre contre les Sabins. — Consécration de dépouilles opimes à Jupiter-Férétrien. — Division du peuple en curies. — Défaite des Fidénates et des Véiens. — Apothéose de Romulus. — Numa Pompilius institue les cérémonies religieuses ; élève un temple à Janus ; fait la paix avec tous les peuples voisins, et ferme, le premier, les portes de ce temple. À la faveur des entretiens nocturnes qu’il feint d’avoir avec la nymphe Égérie, il inspire à ce peuple farouche des sentiments religieux. — Tullus Hostilius porte la guerre chez les Albains. — Combat des Horaces et des Curiaces. — Horace absous. — Supplice de Mettius Suffetius. — Ruine d’Albe ; incorporation de ses habitants dans Rome. — Guerre déclarée aux Sabins. — Tullus périt frappé de la foudre. — Ancus Marcius renouvelle les cérémonies instituées par Numa ; il défait les Latins, leur donne droit de cité, et leur assigne le mont Aventin pour demeure. Seconde prise de Politorium, ville du Latium, dont les anciens Latins s’étaient emparés, et ruine de cette ville. Ancus jette un pont de bois sur le Tibre ; unit le mont Janicule à la ville, et recule les frontières de son empire ; bâtit Ostie, et meurt après un règne de vingt-quatre ans. Sous son règne, Lucumon, fils du Corinthien Démarate, vient de Tarquinie, ville d’Étrurie, à Rome ; admis dans l’intimité d’Ancus, il prend le nom de Tarquin, et monte sur le trône après la mort d’Ancus. Il augmente de cent le nombre des sénateurs ; soumet les Latins ; trace l’enceinte du cirque, et institue des jeux. Attaqué par les Sabins, il augmente les centuries des chevaliers. Pour mettre à l’épreuve la science de l’augure Attius Navius, il lui demande si ce qu’il pense dans le moment est possible, et, sur sa réponse affirmative, il lui ordonne de couper un caillou avec un rasoir, ce que l’augure fait sur-le-champ. — Défaite des Sabins ; Rome entourée de murailles ; construction des égouts. — Tarquin est assassiné par les fils d’Ancus après un règne de trente-huit ans. — Il a pour successeur Servius Tullius, fils d’une noble captive de Corniculum : la tradition rapporte que dans sou enfance on avait vu, dans sou berceau, des feux briller autour de sa tête ; défaite des Véiens et des Étrusques. Établissement du cens, qui porte, dit-on, à quatre-vingt mille le nombre des citoyens. Cérémonie du lustre. Division du peuple par classes et par centuries. Le roi recule le Pomærium, pour réunir à la ville les monts Quirinal, Viminal et Esquilin. De concert avec les Latins, il élève un temple à Diane sur le mont Aventin. — Il est tué par L. Tarquin, fils de Priscus, à l’instigation de sa fille Tullie, après un règne de quarante-quatre ans. A sa mort, L. Tarquin le Superbe, sans l’aveu du sénat ni du peuple, s’empare du trône : le jour de l’usurpation, l’infâme Tullie fait passer son char sur le corps de son père. Tarquin s’entoure de grandes armées pour la sûreté de sa personne. Turnus Herdonius périt victime de sa perfidie. Tarquin fait la guerre aux Volsques, et de leurs dépouilles élève un temple à Jupiter dans le Capitole. Le dieu Terme et la déesse de la Jeunesse résistent à la destruction, et leurs autels restent debout dans le nouveau temple. La ruse de Sextus Tarquin, son fils, met en son pouvoir la ville des Gabiens. Ses fils se rendent à Delphes, consultent l’oracle pour savoir auquel d’entre eux doit échoir la couronne : l’oracle répond que celui-là régnera qui donnera le premier baiser à sa mère. Ils se méprennent sur le sens de l’oracle ; Junius Brutus qui les avait accompagnés se laisse tomber comme par mégarde, et baise la terre : l’événement ne tarde pas à justifier son interprétation ; en effet, la tyrannie de Tarquin le Superbe ayant soulevé la haine générale, son fils Sextus y met le comble en ravissant l’honneur à Lucrèce qu’il avait surprise la nuit par la violence ; celle-ci fait appeler Trisipitinus son père, et Collatin son mari, et se poignarde sous leurs yeux après leur avoir fait jurer de ne pas laisser sa mort sans vengeance. Ce serment s’accomplit, grâce aux efforts de Brutus surtout. Après un règne de vingt-cinq ans Tarquin est chassé. — Création des premiers consuls, L. Junius Brutus et L. Tarquinius Collatin. 
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Livre II. — Brutus fait jurer au peuple qu’il ne souffrira plus de roi dans Rome ; il force Tarquin Collatin, son collègue, devenu suspect comme parent des Tarquins, à abdiquer le consulat et à sortir de la ville ; il livre au pillage les biens de la famille royale, consacre à Mars le terrain appelé depuis Champ-de-Mars ; fait frapper de la hache de jeunes patriciens, ses fils mêmes et ceux de son frère, qui avaient conspiré pour rétablir les Tarquins ; donne la liberté à leur dénonciateur, l’esclave Vindicius, et de là est venu le mot vindicta. Il conduit l’armée contre les princes, qui venaient faire la guerre à Rome avec les troupes réunies de Véïes et de Tarquinies ; il périt dans le combat avec Aruns, fils de Tarquin-le-Superbe. Les dames romaines portent son deuil pendant un an. — Le consul Valérius porte une loi qui consacre le droit d’appel au peuple. — Dédicace du Capitole. — Porsenna, roi de Clusium, s’arme en faveur des Tarquins, et s’avance jusqu’au Janicule ; mais la bravoure d’Horatius Coclès l’empêche de traverser le Tibre : Horatius, pendant qu’on coupe derrière lui le pont de bois, soutient seul le choc des Étrusques, et quand le pont est rompu se jette tout armé dans le fleuve et rejoint les siens à la nage. — Un autre exemple de courage est donné par Mucius ; il pénètre dans le camp ennemi pour tuer Porsenna, assassine un secrétaire, qu’il prend pour le roi ; est arrêté ; pose sa main sur l’autel où l’on venait de sacrifier, la laisse brûler, et déclare que trois cents Romains ont comme lui juré la mort du roi. — Vaincu par l’admiration que lui inspirent ces actes énergiques, Porsenna accepte des conditions de paix, renonce à la guerre et reçoit des otages, parmi lesquels se trouve une jeune fille, Clélie, qui trompe la vigilance des sentinelles et retourne auprès des siens en traversant le Tibre à la nage. On la rend à Porsenna, qui la renvoie honorablement. Ap. Claudius quitte le pays des Sabins pour venir s’établir à Rome, ce qui donne lieu à la formation de la tribu Claudia. Le nombre des tribus est augmenté et porté à vingt et une. Tarquin-le-Superbe revient attaquer Rome à la tête d’une armée de Latins. — Victoire du dictateur A. Postumius près du lac Régille. — Le peuple, à l’occasion des prisonniers pour dettes, se retire sur le mont Sacré : Ménénius Agrippa, par ses sages conseils, arrête la sédition. Il meurt, et sa pauvreté est si grande qu’il est enseveli aux frais de l’état. — Création de cinq tribuns du peuple. — Prise de Corioles, ville des Volsques ; elle est due au courage et à l’activité de C. Marcius, que cette circonstance fait surnommer Coriolan. Ti. Atinius, plébéien, reçoit, dans une vision, l’ordre de communiquer au sénat certains faits qui intéressent la religion ; il néglige de le faire, perd son fils et est lui-même frappé de paralysie. Porté en litière au sénat, il s’acquitte de sa mission, recouvre l’usage de ses jambes et s’en retourne à pied chez lui. — C. Marcius Coriolan, condamné à l’exil, devient général des Volsques et conduit une armée devant Rome. Les députés, puis les prêtres qu’on lui envoie le conjurent vainement de ne point faire la guerre à sa patrie ; Véturie sa mère et Volumnie son épouse obtiennent qu’il se retire. — Première loi agraire. — Sp. Cassius, personnage consulaire, accusé d’aspirer à la royauté, est condamné et mis à mort. La vestale Oppia, convaincue d’un inceste, est enterrée vivante. — Les Véïens profitent de leur voisinage pour attaquer Rome ; leurs hostilités sont plus incommodes que dangereuses. — La famille des Fabius demande à être chargée du soin de cette guerre ; elle marche contre les ennemis au nombre de trois cent six combattants, qui sont tous taillés en pièces près de la Crémère : il ne reste de cette famille qu’un enfant en bas âge laissé à Rome. — Le consul Appius Claudius, à la suite d’un échec qu’il éprouve contre les Volsques par l’insubordination de son armée, décime ses soldats, et fait périr sous le bâton ceux que le sort désigne. Expéditions contre les Volsques, les Èques et les Véïens. — Dissensions entre le sénat et le peuple. 
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Livre III. — Troubles causés par les lois agraires. — Le Capitole, tombé au pouvoir d’esclaves et de bannis, est délivré, et ceux-ci massacrés. Deux dénombrements ; le premier présente cent quatre mille deux cent quatorze citoyens, sans compter les célibataires des deux sexes ; le second cent dix-sept mille deux cent dix-neuf. — Revers éprouvés contre les Èques. — L. Quinctius Cincinnatus, nommé dictateur, est tiré de la charrue pour conduire cette guerre. Il bat les ennemis et les fait passer sous le joug. — On augmente le nombre des tribuns du peuple, que l’on porte à dix, trente-six ans après la création de cette magistrature. — Des députés vont recueillir et apportent à Rome les lois d’Athènes. On charge de les rédiger et de les promulguer des décemvirs, qui remplacent les consuls, et tiennent lieu de tous les autres magistrats ; ainsi, l’an 103 de la fondation de Rome, le pouvoir, qui avait passé des rois aux consuls, passe des consuls aux décemvirs. — Ils rédigent dix tables de loi, et la douceur de leur administration fait conserver pour l’année suivante cette forme de gouvernement. — Ils ajoutent deux nouvelles tables aux premières, abusent de leur pouvoir, refusent de s’en dépouiller, et le conservent une troisième année, jusqu’à ce que l’incontinence d’Appius Claudius mette un terme à leur odieuse domination. — Épris d’une jeune fille, il aposte un de ses affidés pour la réclamer comme son esclave, et réduit Virginius, père de cette infortunée, à l’égorger avec un couteau saisi dans une boutique voisine, seul moyen de sauver sa fille du déshonneur. — Le peuple, soulevé par ce cruel abus de pouvoir, se retire sur l’Aventin et force les décemvirs d’abdiquer. Appius et le plus coupable de ses collègues, après lui, sont jetés en prison ; exil des autres. — Victoires sur les Sabins, les Èques et les Volsques. — Décision peu honorable du peuple romain ; choisi pour arbitre entre Ardée et Aricie, il s’adjuge le territoire que ces deux villes se disputaient. 
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Livre IV. — Une loi relative aux mariages entre patriciens et plébéiens, proposée par les tribuns du peuple, est, malgré l’opposition des patriciens, adoptée après de longs débats. — Tribuns militaires. — Les affaires du peuple romain, tant au dedans qu’au dehors, sont pendant quelques années, confiées à l’administration de cette espèce de magistrats. — Les censeurs sont également créés alors pour la première fois. — Le territoire enlevé aux Ardéates par un jugement du peuple romain, reçoit une colonie, et est rendu à ses premiers maîtres. — Pendant une famine qui désolait Rome, Sp. Mélius, chevalier romain, distribue à ses dépens, du blé au peuple. Ayant, par ses largesses, gagné la multitude, il aspirait au trône, quand, sur l’ordre du dictateur Quinctius Cincinnatus, il est mis à mort par C. Servilius Ahala, général de la cavalerie. — L. Minucius, révélateur du complot, est récompensé par le don d’une génisse dorée. — Des statues sont élevées dans les rostres aux députés de Rome assassinés par les Fidénates, parce qu’ils avaient péri pour le service de la république. — Cossus Cornélius, tribun militaire, tue Tolumnius, roi des Véïes, et remporte les secondes dépouilles opimes. — Mam. Émilius, dictateur, ayant réduit à dix-huit mois la durée de la censure, qui d’abord était de cinq ans, est pour cela même noté par les censeurs. — Fidènes est conquise, et l’on y envoie une colonie que les habitants égorgent. — Les Fidénates, révoltés, sont vaincus par le dictateur Mam. Émilius, et leur ville est prise. — Conjuration des esclaves, étouffée. — Postumius, tribun militaire, est, à cause de sa cruauté, assassiné par ses soldats. — L’armée reçoit, pour la première fois, une paie du trésor. — Guerre contre les Volsques, les Fidénates et les Falisques. 
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Livre V. — Au siège de Véïes, on construit des logements d’hiver aux soldats : cette nouveauté soulève l’indignation des tribuns du peuple qui se plaignent qu’on ne laisse pas même l’hiver au peuple pour se reposer du service militaire. — Pour la première fois, les cavaliers s’équipent à leurs frais. — Une crue subite du lac d’Albe ayant eu lieu, on enlève un devin aux ennemis pour avoir l’interprétation de cet événement. — Furius Camille, dictateur, prend Véïes après un siège de dix ans, transporte à Rome la statue de Junon, envoie à Delphes la dixième partie du butin, qu’il offre a Apollon. — Le même, créé tribun militaire, assiège Faléries : un traître lui ayant livré les enfants de l’ennemi, il les renvoie à leurs parents ; à l’heure même Faléries se soumet à lui, et la victoire devient ainsi le prix de son équité. — Un des censeurs, C. Julius, meurt ; on le remplace par M. Cornélius ; on renonça depuis à cet usage, parce que, durant ce lustre, Rome fut prise par les Gaulois. — Furius Camille, cité en jugement par L. Apullius, tribun du peuple, s’en va en exil. — Pendant que les Gaulois-Sénons assiègent Clusium, les députés envoyés par le sénat pour rétablir la paix entre eux et les Clusiens restent parmi ces derniers et combattent contre les Gaulois : indignés de cette conduite, les Sénons marchent avec une armée contre Rome, battent les Romains près du fleuve Allia, et prennent la ville, moins le Capitole où la jeunesse s’était renfermée. Les vieillards revêtus des insignes de leurs dignités, assis sous le vestibule de leurs palais, sont massacrés. Comme les Gaulois étaient déjà parvenus, par un sentier détourné, au faîte du Capitole, ils sont trahis par les cris des oies, et précipités du haut en bas par la jeunesse romaine, au milieu de laquelle se distingue M. Manlius. Ensuite la famine contraint les Romains d’acheter, au prix de mille livres d’or, la levée du siège ; au moment où l’on pèse l’or, Furius Camille, qu’on avait créé dictateur eu son absence, arrive avec son armée, et, six mois après leur entrée, chasse les Gaulois de la ville et les taille en pièces. — Un temple est élevé en l’honneur d’Aïus Locutius, au lieu où, avant la prise de la ville, une voix avait prédit l’arrivée des Gaulois. — Comme Rome était incendiée et détruite, on parle d’émigrer à Véïes ; sur les instances de Camille, on renonce à ce projet. Le peuple fut surtout déterminé par le mot d’un centurion qui lui parut prophétique : ce centurion, en arrivant au Forum, avait dit à sa troupe : « Arrête, soldat ! nous serons bien là ; restons-y ! » 
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Livre VI. — Guerres et succès contre les Volsques, les Èques et les Prénestins — Quatre nouvelles tribus sont établies, la Stellatine, la Sabbatine, la Tromentine et l’Arnienne. — M. Manlius, qui avait défendu le Capitole contre les Gaulois, libère les débiteurs, vient en aide aux détenus insolvables, et, accusé pour cela d’aspirer à la royauté, est condamné et précipité de la roche Tarpéienne. — Pour flétrir sa mémoire, on interdit par un sénatus-consulte à la famille Manlia le surnom de Marcus. — C. Licinius et L. Sextius, tribuns du peuple, proposent une loi pour l’admission des plébéiens au consulat, jusque-là réservé aux patriciens. Cette loi, après de longs débats, et malgré l’opposition des patriciens, soutenus de ces mêmes tribuns du peuple, seuls magistrats pendant cinq ans, est adoptée. — L. Sextius, premier consul plébéien. — Promulgation d’une autre loi par laquelle il est défendu aux particuliers de posséder par tête plus de cinq cents arpents de terre. 
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Livre VII. — Création de deux nouvelles magistratures, la préture et l’édilité curule. — Rome est malade d’une peste rendue célèbre par la mort de Furius Camille. — En cherchant un remède et un terme à ce mal dans de nouvelles pratiques religieuses, on établit les premiers jeux scéniques. — L. Maulius est assigné par M. Pomponius, tribun du peuple, pour avoir agi dans une levée avec trop de rigueur, et banni aux champs, sans aucun grief, son fils T. Manlius ; mais ce jeune homme, dont le bannissement était un des actes reprochés à son père, vient trouver au lit le tribun, et, le fer à la main, l’oblige à jurer solennellement qu’il ne poursuivra pas son accusation. — La terre s’étant ouverte au sein de la ville, la patrie entière s’épouvante, et l’on jette dans les profondeurs du gouffre toutes les richesses de la cité romaine ; Curtius, tout armé et monté sur un cheval, s’y précipite et l’abîme est comblé. T. Manlius, ce jeune homme qui avait délivré son père des persécutions d’un tribun, descend en combat singulier contre un Gaulois qui défiait les soldats de l’armée romaine, le tue et lui arrache son collier d’or ; lui-même il se fait ensuite une parure de ce collier, et en conséquence on le surnomme Torquatus. — On crée deux nouvelles tribus la Pomptina et la Publilia. — Licinius Stolo est condamné en vertu de sa propre loi, comme possédant plus de cinq cents arpents de terre. — M. Valérius, tribun militaire, provoqué par un Gaulois, le tue, secondé par un corbeau qui, pendant le combat, se perche sur son casque, et, des ongles et du bec, harcèle l’ennemi. Il reçoit pour cela le nom de Corvus, et, pour prix de sa valeur, il est créé consul l’année suivante, à l’âge de vingt-trois ans, — Alliance avec les Carthaginois. — Les Campaniens, attaqués et pressés par les Samnites, demandent contre eux au sénat un secours qu’ils n’obtiennent pas : ils livrent leur ville et leur territoire au peuple romain. En conséquence, le peuple romain se décide à défendre par les armes, contre les Samnites, ce pays devenu son bien. — Engagée par A. Cornélius, consul, dans une position défavorable, l’armée se trouve en grand péril ; P. Décius Mus, tribun militaire, parvient à la sauver ; s’étant emparé d’une colline qui commande la hauteur où sont postés les Samnites, il donne moyen au consul de se retirer dans une position meilleure ; pour lui, malgré les ennemis qui l’entourent, il échappe. — Les soldats romains laissés en garnison dans Capoue ayant conspiré pour s’emparer de cette ville, et le complot ayant été découvert, ils quittent, par crainte du supplice, le parti de Rome ; mais par ses remontrances, M. Valérius Corvus, dictateur, les fait revenir de leur égarement et les rend à la patrie. — Guerres et succès divers contre les Herniques, les Gaulois, les Tiburtes, les Privernates, les Tarquiniens, les Samnites et les Volsques. 
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Livre VIII. — Défection des Latins et des Campaniens ; leur députation demande au sénat une des deux places consulaires pour leur nation, comme une condition de paix. — Le préteur Annius, leur député, au sortir du Capitole où il venait de remplir sa mission, tombe sur les degrés, et meurt de sa chute. — T. Manlius, consul, fait mourir sous la hache son fils vainqueur, pour avoir combattu contre les Latins, malgré sa défense. — P. Décius, son collègue, voyant son armée plier, se dévoue pour elle, et se jette à bride abattue su milieu des bataillons ennemis ; il y périt, mais sa mort rend la victoire aux Romains. — Soumission des Latins. — Au retour de T. Manlius à Rome, la jeune noblesse affecte de ne point aller au-devant de lui. — Condamnation de la vestale Minucia, convaincue d’inceste. — Défaite des Ausoniens. On leur enlève Calès, où l’on établit une colonie. — Autre colonie envoyée à Frégelles, — Dames romaines surprises à préparer des poisons ; la plupart les boivent pour prévenir leur supplice, et périssent sur-le-champ. — Loi nouvelle portée contre l’empoisonnement. — Révoltes des Privernates ; ils sont vaincus et incorporés aux Romains. — Les Palæpolitains, las de la guerre et d’un long siège, se donnent aux Romains. — Q. Publilius, le premier à qui le sénat ait prorogé le commandement des troupes et donné le titre de proconsul, obtient le triomphe pour cette expédition. — Les créanciers perdent le droit qu’ils avaient sur leurs débiteurs insolvables. — La passion infâme de L. Papirius pour C. Publius, son débiteur, qu’il avait voulu corrompre, donne lieu à cette réforme. — Dictature de L. Papirius Cursor ; il retourne à Rome pour prendre de nouveaux auspices. — Q. Fabius, général de la cavalerie, trouvant l’occasion favorable, attaque les Samnites, malgré la défense du dictateur, et les bat. Papirius le menace du dernier supplice. — Fabius se réfugie à Rome ; sa cause n’y devient pas meilleure. Reconnu coupable, il obtient sa grâce à la prière du peuple. — Divers succès des Romains contre les Samnites. 
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Livre IX. — Les consuls T. Véturius et Sp. Postumius engagent l’armée dans les Fourches Caudines. Dans l’impuissance absolue d’en sortir, ils capitulent avec les Samnites, donnent six cents chevaliers romains en otage, et obtiennent la liberté de se retirer avec le reste des troupes, après avoir passé sous le joug. Sp. Postumius propose au sénat de livrer aux Samnites tous ceux qui avaient pris part à cette honteuse capitulation, afin d’affranchir la république de l’engagement contracté en son nom. Ils sont remis aux Samnites avec deux tribuns du peuple, et tous ceux qui avaient signé le traité. Les Samnites refusent de les recevoir. Bientôt après, Papirius Carsor bat leur armée, délivre les six cents chevaliers retenus en otage, fait subir la peine du joug aux vaincus, et lave ainsi la tache imprimée au nom romain. — Création des tribus Ufentina et Valérina. — Colonies envoyées à Suessa et à Pontia. — Appius Claudius, censeur, fait construire un aqueduc et paver une route, ouvrages auxquels on a depuis donné son nom. — Il agrège au sénat des fils d’affranchis ; association déshonorante, à laquelle les consuls de l’année suivante n’ont aucun égard ; ils convoquent le sénat tel qu’il était avant la censure d’Appius. — Divers succès des Romains contre les Apuliens, les Étruriens, les Ombriens, les Marses, les Péligniens, les Èques et les Samnites, encore infracteurs de la paix. — Flavius, greffier, né d’un affranchi, parvient à l’édilité curule par le crédit de la faction Forense. — Troubles causés par cette faction, devenue trop puissante, dans les comices et dans les assemblées du Champ-de-Mars. — Q. Fabius, censeur, réunit les factieux en quatre tribus, qu’il fait appeler tribus de la ville ; cette opération lui vaut le surnom de Maximus. — Mention d’Alexandre, qui vivait en ces temps-là. — Parallèle de sa puissance avec celle des Romains ; l’historien en conclut que si ce prince eût passé en Italie, il n’aurait pas triomphé des Romains aussi facilement qu’il avait subjugué les nations orientales. 
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Livre X. — Envoi de colonies à Sora, à Albe et à Carséoles. — Augmentation du collège des Augures, dont les membres sont portés à neuf, de quatre qu’ils étaient auparavant. — Loi de l’appel au peuple, portée alors pour la troisième fois par le consul Valérius. — Deux tribus sont ajoutées aux autres, l’Aniensis et la Térentine. — La guerre est déclarée aux Samnites, contre lesquels on combat avec succès en beaucoup de rencontres. — Diverses expéditions des généraux P. Décius et Q. Fabius contre les Étrusques, les Ombriens, les Samnites et les Gaulois. — Extrême danger que court l’armée romaine. — P. Décius, à l’exemple de son père, se dévoue pour l’armée, et, par sa mort, assure dans ce combat la victoire au peuple romain. — Papirius Cursor met en déroute une armée samnite, qui, obligée par serment aux plus grands efforts de courage, lui avait présenté la bataille. — Dénombrement des citoyens et clôture du lustre. — Le nombre des citoyens est fixé à deux cent soixante-deux mille trois cent vingt-deux. 
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Livre XXI. — Origine de la seconde guerre punique. — Annibal, général des Carthaginois, passe l’Èbre contre la teneur du traité, attaque Sagonte, ville alliée de Rome, et la prend après un siège de huit mois. Une députation est envoyée à Carthage pour porter plainte de cette rupture. — Refus de donner satisfaction. — Rome déclare la guerre aux Carthaginois. — Annibal franchit les Pyrénées, défait les peuples de la Gaule qui veulent arrêter sa marche, et arrive au pied des Alpes, qu’il traverse avec beaucoup de peine, obligé souvent de repousser les attaques des montagnards. — Il descend en Italie, auprès du fleuve. Tésin ; les Romains sont vaincus dans un combat de cavalerie ; P. Cornélius Scipion, atteint d’une blessure, est sauvé par son fils, qui depuis fut surnommé l’Africain. — Seconde victoire d’Annibal auprès de la Trébia ; fatigues inouïes, tempêtes affreuses essuyées par son armée au passage de l’Apennin. — Cn. Cornélius Scipion obtient des succès en Espagne sur les Carthaginois, et fait prisonnier Magon, leur chef. 
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Livre XXII. — Annibal, épuisé de veilles, perd un œil dans les marais d’Étrurie, à la suite d’une marche forcée pendant quatre jours et trois nuits. — Le consul Flaminius, homme téméraire, parti sous des auspices défavorables, arrache de terre les enseignes qu’on ne pouvait lever, et tombe de cheval la tête la première ; surpris dans une embuscade, il est tué près du lac Trasimène, et son armée est taillée en pièces. — Six mille hommes qui s’étaient fait jour à travers l’ennemi et s’étaient livrés à la foi de Maharbal, sont chargés de fer par une perfidie d’Annibal. — Deuil à Rome à la nouvelle de cette défaite. — Deux mères qui, contre leur attente, ont revu leurs fils, meurent de joie. — Consultés à l’occasion de ce désastre, les livres de la sybille ordonnent le vœu d’un printemps sacré. — Ensuite Q. Fabius Maximus, nommé dictateur, et envoyé contre Annibal, évite d’en venir aux mains avec un ennemi fier de nombreux succès, et d’exposer aux chances d’un combat ses soldats effrayés de tant de revers ; il se borne à opposer une sage résistance aux efforts du Carthaginois. Mais M. Minucius, maître de la cavalerie, accuse le dictateur de faiblesse et de lâcheté, et obtient, sur l’ordre du peuple, une autorité égale à celle de Fabius. — L’armée est partagée ; Minucius livre bataille dans une position désavantageuse ; les légions vont être accablées, lorsque Fabius, arrivant avec des troupes, le délivre du péril, vaincu par cette générosité, il passe dans le camp du dictateur, le salue du titre de père et ordonne à ses soldats d’imiter son exemple. — Annibal, qui a ravagé la Campanie, se laisse enfermer par Fabius entre la ville de Casilinum et le mont Callicula. Il attache des sarments aux cornes de plusieurs bœufs, y met le feu, dissipe la division romaine portée sur le mont Callicula, et se tire ainsi de ce mauvais pas. Au milieu de la dévastation des champs voisins il épargne les terres de Fabius, afin de le rendre suspect de trahison. — Sous le consulat de Paul-Émile et de Térentius Varron, funeste bataille de Cannes ; il y périt quarante-cinq mille Romains, avec le consul Paul-Émile, quatre-vingts sénateurs et trente personnages qui avaient été ou consuls, ou préteurs, ou édiles. — Le désespoir fait prendre aux jeunes gens des premières familles de Rome le dessein d’abandonner l’Italie. Au moment où ils délibèrent, P. Cornélius Scipion, alors tribun des soldats, depuis surnommé l’Africain, tire le glaive sur leur tête et jure de traiter comme ennemi de la patrie quiconque refusera de prêter le serment qu’il va dicter, et les contraint de jurer après lui que désormais ils ne songeront plus à quitter l’Italie. — Alarmes et deuil à Rome. — Heureux succès obtenus en Espagne. — Les vestales Opimia el Floronia condamnées pour inceste. — Le petit nombre de soldats libres forcé d’armer huit mille esclaves. — Les prisonniers, dont on avait la faculté de payer la rançon, ne sont point rachetés. — On va au-devant de Varron ; on lui rend grâce de n’avoir pas désespéré de la république. 
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Livre XXIII. — Révolte des Campaniens en faveur d’Annibal. — Envoyé à Carthage pour y porter la nouvelle du triomphe de Cannes, Magon répand au milieu du vestibule du sénat les anneaux d’or arrachés aux doigts des Romains tués dans l’action : il y en avait, dit-on, plus d’un boisseau. — A cette nouvelle, Ilannon, l’un des citoyens les plus distingués de Carthage, conseille au sénat de cette ville de demander la paix aux Romains ; mais son avis est rejeté à cause de la vive opposition de la faction barcine. — Le préteur Claudius Marcellus, attaqué dans Nole par Annibal, fait une sortie où il remporte l’avantage. — L’armée carthaginoise, qui a pris les quartiers d’hiver à Capoue, s’énerve dans les délices, et perd à la fois l’énergie de l’âme et celle du corps. — Casilinum, assiégé par les Carthaginois, et en proie à la famine, est réduit à manger les peaux, les cuirs arrachés aux boucliers, et jusqu’aux rats : des noix, que les Romains ont jetées dans le Volturne, servent de nourriture aux habitants. — Le nombre des sénateurs complété par l’admission de cent quatre-vingt-dix-sept chevaliers. — Le préteur L. Postumius, vaincu et tué par les Gaulois avec son armée. — Les deux Scipions, Cnéius et Publius, battent Asdrubal en Espagne, et soumettent cette province. — Les soldats, débris de la déroute de Cannes, relégués en Sicile, avec ordre d’y servir jusqu’à la fin de la guerre. — Traité d’alliance entre Philippe, roi de Macédoine, et Annibal. — Le consul Sempronius Gracchus taille en pièces les Campaniens. Heureux succès du préteur T. Manlius, en Sardaigne, contre les Carthaginois et les Sardes. — Asdrubal, général en chef ; Magon et Hannon, faits prisonniers. — Le préteur Claudius Marcellus défait l’armée d’Annibal et la met en fuite près de Nole ; le premier il rend quelque espoir aux Romains dans une guerre marquée pour eux par tant de désastres. 
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Livre XXIV. — Hiéronyme, roi de Syracuse, dont l’aïeul Hiéron avait été l’ami constant du peuple romain, embrasse le parti des Carthaginois ; tyran farouche et cruel, il est massacré par ses sujets. — Ti. Sempronius Gracchus, proconsul, remporte auprès de Bénévent une victoire sur les Carthaginois, et sur Hannon, leur chef : il doit son succès principalement aux esclaves ; il leur rend la liberté. — Claudius Marcellus, consul, assiège Syracuse en Sicile, contrée qui s’était presque tout entière soulevée en faveur de Carthage. — On déclare la guerre à Philippe, roi de Macédoine ; ce prince, vaincu pendant la nuit, et mis en fuite auprès d’Apollonie, regagne difficilement son royaume avec des troupes presque désarmées. — Le préteur Valérius est chargé du soin de cette expédition. — Avantages obtenus en Espagne sur les Carthaginois par P. et Cn. Scipio. — Alliance faite avec Syphax, roi de Numidie. — Défait par Masinissa, roi des Massyliens, et alors allié des Carthaginois, Syphax passe avec des forces imposantes dans le pays des Maurusiens, du côté de Gadès, où l’Espagne est séparée de l’Afrique par un détroit. Les Celtibériens sont admis également au nombre des alliés de Rome. — Pour la première fois la république reçoit dans ses armées des soldats mercenaires. 
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Livre XXV. — Pub. Cornélius Scipion, depuis Scipion l’Africain, est nommé édile avant l’âge. — De jeunes Tarentins, sortis pendant la nuit sous prétexte d’aller à la chasse, livrent leur ville à Annibal qui s’en empare, à l’exception toutefois de la citadelle, où s’était réfugiée la garnison romaine. — Des jeux Apollinaires sont institués d’après les livres de Marcius, lesquels avaient prédit le désastre de Cannes. — Succès de Q. Fulvius et d’Ap. Claudius, consuls, contre Hannon, chef des Carthaginois. — Tib. Sempronius Gracchus, proconsul, attiré dans une embûche par les artifices d’un Lucanien, son hôte, est assassiné par Magon. — Contentius Penula, centurion, demande une armée au sénat, promettant, s’il l’obtient, de vaincre Annibal. On lui donne huit mille hommes, dont il est nommé chef. — Il livre bataille à Annibal, mais il est tué et son armée détruite. — Cn. Fluvius est également défait par Annibal ; seize mille hommes périssent dans ce combat, et le préteur est obligé de fuir avec deux cents cavaliers seulement. — Capoue est assiégé par Q. Fulvius et App. Claudius, consuls. Syracuse est prise après trois ans de siège par Claud. Marcellus, qui y déploie tous les talents d’un grand général. — Dans le premier tumulte qui suit la prise de cette ville, Archimède, occupé à tracer sur le sable des figures géométriques, est tué par un soldat. — Revers éprouvés en Espagne par P. et Cn. Scipion après huit ans de succès. Tous deux sont tués, et leur armée est presque entièrement détruite. — L’Espagne qui allait être perdue est conservée grâce au courage et à l’habileté d’un chevalier romain, L. Marcius, lequel rassemble les débris de l’armée, et s’empare de deux camps ennemis, après avoir exhorté ses soldats. — Trente-sept mille ennemis sont tués, et trente mille huit cents faits prisonniers. — Marcius est nommé général. 
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Livre XXVI. — Annibal campe à trois mille de Rome, au-dessus de l’Anio : il s’avance en personne, avec deux mille chevaux, jusqu’à la porte Capène, pour examiner la situation de la ville. — Trois jours de suite les deux armées se rangent en bataille ; trois fois un orage sépare les combattants ; le calme renaît lorsqu’ils sont rentrés dans leur camp. — Prise de Capoue par les consuls Q. Fulvius et Ap. Claudius. Les premiers citoyens de cette ville s’empoisonnent. — Dans le moment où les sénateurs campaniens sont attachés au poteau, pour être frappés de la hache, Q. Fulvius reçoit du sénat une lettre qui lui ordonne de faire grâce ; au lieu de la lire, il la met dans un pli de sa toge, et fait, au nom de la loi, achever l’exécution. — Dans les comices, sur le refus de tous ceux qu’il désigne, le peuple cherchant un général qui veuille prendre le commandement de l’Espagne, Scipion, fils de Publius, qui avait péri dans cette contrée, se présente pour demander ce département ; il est nommé d’un consentement unanime. En un jour il emporte d’assaut Carthagène, à l’âge de vingt-quatre ans. On lui attribuait une origine céleste, parce que, depuis qu’il avait pris la robe virile, il se rendait chaque jour au Capitole, et qu’on avait souvent aperçu un serpent mystérieux dans la chambre de sa mère. — Affaires de Sicile. — Alliance avec les Étoliens. — Guerre contre les Acarnaniens et contre Philippe, roi de Macédoine. 
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