Hokousaï (Goncourt)/Chapitre 38

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Charpentier (p. 192-201).
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XXXVIII

Tout en publiant ces planches séparées, Hokousaï a continué, depuis 1804, à publier de nombreux sourimonos, dont nous donnons un catalogue bien incomplet, mais en signalant les plus beaux, les plus importants, les plus originaux.

1805

Une série des Poétesses de six planches.

Une série des Cinq Éléments.

Une série appelée Ténjin, du nom d’un Kami, où une mère élevant, avec des bras de tendresse, un enfant au-dessus de sa tête, lui fait cueillir des fleurs de prunier.

Une série : les Distractions au Printemps, série d’un format un peu plus grand que le format ordinaire des séries de femmes, et du faire le plus raffiné.

Cette année étant l’année du bœuf, des représentations de toute sorte de cet animal, comme un rocher qui en a la forme.

Parmi les grandes planches :

L’entrée d’un temple, où, à la porte, un homme offre de l’eau aux fidèles, pour faire leurs ablutions.

Un marchand forain présentant, sur le seuil d’une habitation, des objets de toilette à des femmes.

La fête des poupées, avec une nombreuse exposition sur un dressoir de ces figurines en carton, et au milieu desquelles, est dressé un taï pour la collation.

1806

Une série de sept courtisanes, parmi lesquelles l’une d’elle, jouant du schamisén, est du plus heureux mouvement.

Une série intitulée : les Différents Pays, pays imaginaires, dont une estampe vous montre : le Royaume des Femmes, où un certain jour de l’année, sous l’influence d’un vent d’Ouest, les femmes deviennent enceintes, — et toutes sont tournées vers le souffle de ce vent.

Et, comme cette année 1806, est l’année du tigre, il y a des femmes qui portent des robes brodées de tigres.

Parmi les grandes planches :

Les sept dieux de l’Olympe japonais, sous la peau d’un immense lion de Corée, dont ils font les mouvements.

Le paysage de l’autre côté de la Soumida, et où se voit le temple d’Asakousa.

Un bateau chargé de barriques de saké.

1807.

Deux enfants qui luttent.

Deux amoureux étendus l’un à côté de l’autre, la femme fumant une pipette.

Des natures mortes : deux poissons attachés à une tige de bambou ; un masque en carton, la face et le revers.

1808.

Un très petit nombre de sourimonos, parmi lesquels une grande planche représentant un écran, un bol, une épingle à cheveux sur un plateau de laque.

1809.

De petits sourimonos, où sont des poissons, des coquilles, des plumes de faucon pour épousseter des choses délicates.

Parmi les grandes planches :

La confection d’un étendard, dont la devise est en blanc sur fond bleu, et laquelle travaillent six femmes, dans de jolies poses : un étendard qui va être offert à Yénoshima, au temple de la déesse Bénten.

1810.

Quelques petites natures mortes, entre autres un sourimono représentant des bâtons d’encre de Chine et une boîte à cachet.

1812[1].

Une nature morte représentant une coupe et un présentoir en laque.

1813.

Okamé lisant une lettre.

1816.

Kintoki jouant avec des animaux.

1817.

Des femmes habillées d’étoffes à damier ; le damier étant à la mode cette année.

Une dame de la noblesse, accompagnée d’une suivante, passant devant une grille, où sont affichés des programmes de concert.

1818.

Deux planches d’un format carré, qui va devenir le format habituel des sourimonos.

1819.

Daïkokou se promenant au bord d’une rivière, peuplée de lézards fantastiques.

1820.

Réapparition de nombreux sourimonos, dont la production était devenue assez rare dans les années précédentes, et sourimonos, où, chose curieuse, apparaît l’influence de Gakoutei et de Hokkei, les deux élèves supérieurs de Hokousaï.

Une série de monuments roulants de fêtes, qu’on traîne dans les rues.

Une série de cinq poétesses.

Une série intitulée : Comparaison de la force des héros de la Chine et du Japon.

Parmi les planches détachées : une jeune fille en train de tirer une épreuve près d’un graveur entaillant une planche ; un Japonais tenant contre lui, posée sur une table de go, une élégante poupée japonaise, aux colorations merveilleuses, se détachant d’un fond d’or harmonieusement vert-de-grisée. Et nombre de natures mortes, comme un bol de laque noire et une boîte de baguettes à manger ; comme une grande planche, où sont groupés un barillet de saké, une jonchée d’iris et de chrysanthèmes, un panier d’oranges, — un sourimono, exécuté pour un banquet donné à un lettré.

1821.

Une série intitulée : les Frères des sujets guerriers de la Chine et du Japon ; une série rappelant les ressemblances entre les faits héroïques de l’un et de l’autre pays.

Une grande série de métiers, dont on ne sait pas le nombre.

Une série d’industries des bords de la mer.

Des natures mortes, parmi lesquelles une série de coquilles.

Une feuille isolée représentant un grand serpent blanc, ce serpent porte-bonheur, qu’on dit être l’annonce d’un événement heureux, pour celui qui a la chance de l’apercevoir.

1822.

Une impression curieuse. Deux énormes perles jetant comme des rayons, deux perles apportées à la reine Jingô, par la déesse de l’Océan, sortie de son palais du Dragon : des perles qui avaient le pouvoir de faire baisser la marée, et qui lui ont permis de s’emparer de la Corée.

Une série de quatre planches intitulée : Quatre natures, parmi lesquelles un dessin de corbeau d’un grand caractère.

Et comme cette année, où au bout de dix ans, est revenu le cheval dans le calendrier japonais, ce retour a incité Hokousaï à faire une de ses séries les plus parfaites. Cette série en l’honneur du cheval, où dans l’association des bibelots les plus divers, un objet comme un mors, une selle, rappelle le cheval, porte la marque d’une petite gourde imprimée en rouge. Et ce rappel du cheval va jusqu’à faire représenter à Hokousaï la rue des Étriers, où l’on vend des images, le quai des Écuries, où sauf le nom, le cheval n’a rien à faire.

1823.

Une série d’acteurs de cinq planches, d’acteurs à l’imitation de Toyokouni, et qu’Hokousaï signe : I-itsou, le vieillard de Katsoushika faisant la singerie d’imiter les autres.

1825.

Deux grues au bord de la mer.

1826.

La princesse Tamamo-no-mahé, le renard à neuf queues métamorphosé en femme, et dont les neuf queues sont figurées par le gaufrage de l’impression, dans la traîne de sa robe.

1829.

Une femme à cheval sur un bœuf.

1835.

Un pêcheur au bord de la mer, la pipette à la bouche, une ligne entre ses jambes croisées l’une sur l’autre. Hayashi, dans ce vieillard chauve, au nez retroussé, à la bouche railleuse, à la physionomie d’un Kalmouck ironique, serait disposé à voir un portrait d’Hokousaï. Et il serait amené à cette hypothèse par la légende de la planche, qui est celle-ci : Quelle nouvelle chose que de voir pousser la jeune mariée (le nom d’une espèce de salade de là-bas) dans le sable de la plage. Or, cette impression en couleur est faite pour le Jour de l’An de l’année qui a suivi celle où l’on verra que Hokousaï est parvenu à arrêter les fredaines de son petit-fils et à le marier, et dans ce mot à double sens, il exprimerait la joie que lui a causée l’entrée dans la maison de la « jeune mariée » de son petit-fils.


  1. Les années non inscrites, sont des années, où l’on ne connaît pas de sourimonos.