Hokousaï (Goncourt)/Chapitre 40

La bibliothèque libre.
Charpentier (p. 203-204).
◄  XXXIX
XLI  ►

XL

En 1833, Hokousaï publie Tôshisén Yéhon, les Poésies (de la dynastie) des Thang.

La première série, éditée en 5 volumes, comprend les poésies chinoises, en cinq caractères chinois par ligne, littéralement cinq mots.

La seconde série, éditée également en 5 volumes, et parue en 1836, contient le recueil des poésies, en sept mots par ligne.

Un sujet d’étonnement pour les Chinois, c’est l’exactitude avec laquelle Hokousaï, qui n’a jamais été en Chine, s’est assimilé le costume, le port du corps, le caractère de la tête des habitants du Céleste Empire.

Ces 10 volumes contiennent des dessins du meilleur temps d’Hokousaï : ainsi la femme chinoise dans le somptueux luxe de ses robes ; ainsi une carpe panachée monumentale, qui a la puissance et la solidité d’un dessin, fait d’après une sculpture ; ainsi un amusant croquis de trois ivresses : l’ivresse de l’ivrogne qui rit, l’ivresse de l’ivrogne qui se fâche, l’ivresse de l’ivrogne qui pleure.

Mais peut-être, parmi ces dessins, les plus réussis, ce sont des croquis rendant, d’une manière fidèle, l’admiration de la nature chez ces peuples de l’Orient : des renversements, la tête en arrière d’hommes couchés, appuyés sur leurs coudes ; des rêveries en face de paysages, d’hommes debout, les mains dans les manches de leurs bras, derrière le dos.

Parmi ces planches admiratives, il est une vue de dos d’un homme, appuyé sur la traverse d’une baie qui donne sur un lac, disant toute la jouissance intérieure de cet amoureux de la nature.