Homélie contre les usuriers (saint Grégoire)/Notice

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Traduction par Édouard Sommer.
Librairie de L. Hachette et Cie (p. 1-2).

NOTICE

SUR SAINT GRÉGOIRE DE NYSSE.




Saint Grégoire, frère de saint Basile le Grand, naquit l’an 332. Comme saint Basile, il entra d’abord dans la vie profane. Il enseignait l’éloquence, et commençait à se faire une réputation assez considérable, lorsque la grâce le toucha. Saint Grégoire était marié, il abandonna sa femme pour embrasser le sacerdoce : mais plus d’une fois l’amour des lettres et de la philosophie profane faillit le faire rentrer dans le monde. Enfin saint Basile fit élire son frère évêque de la ville de Nysse, dans la Cappadoce, et dès lors Grégoire se consacra tout entier à la défense de l’Église. Il fut l’un des auxiliaires les plus ardents de saint Athanase dans sa lutte contre l’hérésie arienne, et fut persécuté par le protecteur de l’arianisme, l’empereur Valens ; mais sous Théodose il jouit de la plus grande faveur, et quand l’empereur perdit successivement sa première femme Flaccilla et sa fille Pulchérie, ce fut à saint Grégoire qu’il confia le soin de prononcer dans Constantinople leur oraison funèbre. L’autorité de saint Grégoire au sein des conciles était très-grande, et ce fut lui, assure-t-on, qui rédigea le symbole de Nicée. Il mourut en 394.

Il nous reste de saint Grégoire de Nysse un grand nombre d’homélies sur des sujets de morale, des homélies sur les mystères, des oraisons funèbres, des panégyriques, des commentaires sur l’Écriture sainte et un Hexaméron bien inférieur à celui de saint Basile. « L’évêque de Nysse, dit M. Villemain, n’avait pas, comme saint Basile, le don de tout embellir par l’imagination ou le sentiment. Sa méthode est sèche, et ses allégories subtiles. Il n’a pas non plus cette couleur orientale qui charme dans la plupart des orateurs de l’Église grecque… Du reste, la supériorité de sa raison est souvent remarquable. » Ce jugement est vrai, mais il faut ajouter que, dans des sujets purement de morale, comme dans l’homélie contre l’usure, on ne trouve pas seulement chez saint Grégoire de Nysse une analyse froide et subtile, mais on y trouve aussi des pages entières qui ont véritablement du mouvement et de la chaleur. Aussi se ferait-on une fausse idée du génie de saint Grégoire, si on lisait seulement, pour se former un jugement, les deux discours que nous donnons de lui ; ces deux discours sont du petit nombre de ceux qui réunissent, presque d’un bout à l’autre, la clarté, la simplicité et le bon goût littéraire.