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Horizons/Leukyonè

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HorizonsEugène Fasquelle (p. 153-154).
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LEUKYONÈ

À G. Ch. Toussaint.


Dans mes fauves cheveux, morte très ancienne
D’Antinoë, crispée en mon embaumement,
Puisque je garde sur une face chrétienne
L’or funéral et le baiser de mon amant,

De quel droit avez-vous commis le sacrilège ?
Comment puis-je sentir que plus rien ne protège,
Malgré l’éternité profonde où je dors,
Mon visage effroyable aux paupières d’or,
Mes délicats petits pieds morts,
Et mes pures, mes si merveilleuses deux mains
Avec leurs ongles roux encor teints ?


Vous avez cru le verre étroit qui me dérobe
Aux violations des doigts très curieux
Chaste assez, pour pouvoir convier les yeux
À fouiller du regard mon corps sec sous ma robe,
Deviner son repli le plus mystérieux,

Mais que ferez-vous si mon jour arrive ?
Si, secouant ses os, cheveux, loques, — debout
Contre la vitre avec sa bouche sans gencives,
Leukyonè, fantôme en fureur tout à coup,
Vous jette en dialecte akhaien l’invective ?