Hymnes profanes/I/Tu m’apparus un soir de la jeune saison

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Bibliothèque de La Plume (p. 11-12).




pour Paul Rogez.


Tu m’apparus un soir de la jeune saison
Où le vieux parc semblait peuplé d’âmes errantes,
Quand le dernier soupir des frêles fleurs mourantes
Semblait se perdre en une lente pâmoison.

La Nuit se faisait femme odorante et féline,
Exhalant un parfum capiteux si troublant
Que mon âme étonnée et que mon cœur tremblant
Attendaient vaguement ton étreinte câline.


Il flottait dans les airs trop d’amour inutile,
Tout mon être tendait vers toi, vers ton baiser,
Et l’haleine du vent caressante et subtile
Annonçait ta présence au cœur inapaisé.

Parceque tu venais à ton jour, à ton heure,
De lui-même mon cœur s’est élancé vers toi,
C’est pour toi désormais que je sourie — ou pleure —
Mais la Nuit est complice et témoigne pour moi !