Hymnes profanes/II/Hymne triomphal

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Bibliothèque de La Plume (p. 31-32).




Hymne triomphal


Pour André Paisant.


Vibrez terres et cieux et toi flambe, Soleil !
Que des trompettes d’or dans le matin vermeil
Sonnent à tout venant nos jeunes accordailles,
Et Vous, les amoureux, chantez vos fiançailles,
Dans la mâle splendeur de juillet radieux
Qu’un hymne triomphal escalade les cieux !
Que crèvent les bourgeons, qu’éclate la ramée,
Puisqu’aujourd’hui se donne à moi ma bien-aimée !


Que m’importe le reste et tous mes ennemis ?
Elle est à moi ! Voilà que mes anciens amis
Ne me connaissent plus et détournent la tête,
Qu’importe ! elle est à moi ! et ce m’est une fête
Que lui sacrifier ce que j’aimais le mieux !
Qu’ils se montrent pour moi méchants et envieux,
Je leur pardonne dans ma splendide allégresse :
Mon cœur est tout amour et chante sa maîtresse !

Viens à moi, mon aimée, un regard de tes yeux
Rend ma chanson hardie et mon chemin joyeux,
Viens ! et je briserai qui te heurte ou te blesse,
Viens à moi, bannissons au loin toute tristesse,
Toi seule es mon bonheur et mon suprême bien,
Je te donne mon cœur et ne redoute rien :
Quoi qu’il doive advenir, qu’on me loue ou me blâme,
Un joyeux chant d’amour chantera dans mon âme !