Hymnes profanes/III/Aubade à l’étoile

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Bibliothèque de La Plume (p. 35-36).




Aubade à l’étoile


Pour Paul Degon.


Déjà la nuit étend son voile
Sur les derniers restes du jour,
Et devant la première étoile
Je chante ma chanson d’amour.

C’est à toi que je me confie
Astre du soir silencieux,
Clou d’or de la voûte infinie
Étoile qui ravis mes yeux !

C’est toi qui parfois nous éclaire
Quand nous nous promenons sans bruit
En cet instant crépusculaire
Qui n’est plus jour et n’est pas nuit,


Tu sembles sourire à la joie
Qui déborde à flots de mon cœur,
Brille encore que je te voie
Poindre au ciel noir comme une fleur !

C’est toi qui fais une auréole
D’un rayon de pure clarté
Avec la moindre boucle folle
Flottante dans l’obscurité,

Et quand la volupté divine
Nous met des larmes dans les yeux,
Ta blancheur en paraît plus fine
Et plus douce dans les grands cieux !

Tu t’es même parfois voilée
Pour nous laisser plus seuls encor
Dans notre divine envolée
Vers des régions d’azur et d’or,

Et c’est pourquoi je t’ai bénie
Étincelle qui brille aux cieux
Et qui m’est toujours une amie
Vers qui je puis lever les yeux !