Ich bin ein Berliner

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Ich bin ein Berliner
Traduction par des contributeurs de Wikisource.
Texte établi par Wayne C. Grove ; Bernard L. Boutin, United States government printing office (p. 578).

Je suis fier de venir dans cette ville comme invité de votre distingué Maire, qui symbolise dans le monde entier l'esprit combattif de Berlin Ouest. Et je suis fier de visiter la République fédérale avec votre distingué Chancelier qui a depuis tant d'années engagé l'Allemagne dans la démocratie, la liberté et le progrès, et de venir ici en compagnie de mon compatriote américain le Général Clay, qui fut dans cette ville durant ses pires moments de crise et reviendra s'il en était un jour besoin.

Il y a deux mille ans, la fierté suprême était de dire : "civis Romanum sum". Aujourd'hui, dans le monde de la liberté, la fierté suprême est de dire : "Ich bin ein Berliner".

Je remercie mon interprète d'avoir traduit mon allemand !

Il est beaucoup de personnes dans le monde qui ne comprennent vraiment pas, ou disent qu'ils ne comprennent pas, où se situe le problème entre le monde libre et le monde communiste. Qu'ils viennent à Berlin. Il y en a qui disent que le communisme est la vague du futur. Qu'ils viennent à Berlin. Et il y en qui disent qu'en Europe et ailleurs nous pouvons travailler avec les communistes. Qu'ils viennent à Berlin. Et il y en a même quelques-uns qui disent qu'il est vrai que le communisme est un mauvais système mais qu'il nous permet de faire des progrès économiques. Lasst sie nach Berlin kommen. Qu'ils viennent à Berlin.

La liberté rencontre de nombreux obstacles et la démocratie n'est pas parfaite, mais nous n'avons jamais dû monter un mur pour garder notre peuple, pour les empêcher de nous quitter. Je veux dire au nom de mes compatriotes qui vivent à beaucoup de kilomètres d'ici de l'autre côté de l'Atlantique, qui sont très loin de vous, que c'est avec la plus grande fierté qu'ils ont pu partager avec vous, même à distance, l'histoire des 18 dernières années. Je ne connais pas d'autre ville, petite ou grande, qui ait été assiégée pendant 18 ans et qui vive encore avec la vitalité et la force, l'espoir et la détermination de la ville de Berlin. Même si le mur est la démonstration la plus évidente et la plus éclatante des échecs du système communiste, nous n'en tirons aucune satisfaction car il n'est, comme l'a dit votre Maire, pas seulement un crime contre l'Histoire mais un crime contre l'Humanité qui désunit les familles, sépare maris et femmes, frères et sœurs, et divise un peuple qui désire être unifié.

Ce qui est vrai de cette ville est vrai pour l'Allemagne --une vraie paix durable en Europe ne peut être assurée tant qu'un Allemand sur quatre est privé du droit élémentaire des hommes libres, celui de faire librement ses choix. En 18 ans de paix et de confiance, la présente génération allemande a mérité le droit d’être libre, ainsi que le droit à la réunification de ses familles et de sa nation pacifiquement et durablement. Vous vivez sur un îlot de liberté mais votre vie est liée au sort du continent. Je vous demande donc de regarder par-dessus les dangers d’aujourd’hui vers les espoirs de demain, de ne pas penser seulement à votre ville et à votre patrie allemande, mais d’axer votre pensée sur le progrès de la liberté dans le monde entier. Ne voyez pas le mur, envisagez le jour où éclatera la paix, une paix juste.

La liberté est indivisible et, tant qu’un seul homme se trouvera en esclavage, tous les autres ne peuvent être considérés comme libres. Mais quand tous les hommes seront libres, nous pourrons attendre en toute confiance le jour où cette ville de Berlin sera réunifiée et où le grand continent européen rayonnera pacifiquement. La population de Berlin-Ouest peut être certaine qu’elle a tenu bon pour la bonne cause sur le front de la liberté pendant une vingtaine d’années.

Tous les hommes libres, où qu’ils vivent, sont citoyens de cette ville de Berlin-Ouest, et pour cette raison, en ma qualité d’homme libre, je dis : Ich bin ein Berliner.