J’admiroi quelques fois vostre cœur endurci

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Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 240).


SONNET.

 
I’admiroi quelques fois voſtre cœur endurci,
 Et diſois à part moi, c’eſt une pierre dure,
 Puiſqu’il ne s’amollit aux tourments que j’endure,
 c’eſt vn vrai diamant que le ſiecle à durci :
Voſtre mere iadis le vous forma ainſi
 Voyant vn diamant, dont eſpriſe sur l’heure
 Elle toucha ſon ſein, vous ſa geniture
 Euſtes ſoudain le cœur comme lui endurci :
Mais alors que ie voi que vous aimez vn autre,
 Ie picque ma raison ör’ d’un coſté, or’ d’autre,
 Et laſſé de courir, voila que ie conclus :
La femme eſt une plume, vn vent, vne poußiere,
 Ores froide, ores chaude, ores douce, ores fiere,
 Qui aime touſiours moins ceux qui l’aiment le plus.


A. D. V.