Journal (Eugène Delacroix)/10 janvier 1856

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 123-124).

1856

10 janvier. — Aller chez Rossini. — Soirée de Ségalas[1]. Le même en aura une autre dans quinze jours. — Soirée de Mme Viardot. — Aller chez Bisson[2]. Tableau ou dessin à lui envoyer.

Chez Rossini, chez Ségalas ensuite, où le préfet[3] ma montré une bienveillance très inaccoutumée. Il s’est prodigué en récits dans lesquels il ne m’a pas épargné ceux qui étaient à sa louange : sa fermeté, sa bravoure même dans différentes circonstances critiques ont été le thème de la conversation dans laquelle je n’ai eu qu’à approuver du bonnet.

Chez Rossini auparavant ; je contemple avec plaisir cet homme rare : je l’entoure à plaisir d’une certaine auréole ; j’aime à le voir ; il n’est plus le Rossini moqueur d’autrefois.

J’y trouve la bonne Alberthe, sa fille et Mareste ; c’est Boissard qui m’avait conduit.

  1. Pierre-Salomon Ségalas (1792-1875), chirurgien français, professeur à la Faculté de médecine, membre du Conseil municipal, et par conséquent collègue de Delacroix.
  2. Louis-Auguste Bisson s’associa avec son frère Auguste-Rosalie Bisson, pour perfectionner et exploiter l’art photographique, auquel il avait été initié par Daguerre. Leurs recherches, les importants travaux qu’ils eurent à exécuter leur valurent une première médaille à l’Exposition de 1855.
  3. Le baron Haussmann, qui avait succédé le 22 juin 1853 à M. Berger.