Journal (Eugène Delacroix)/26 février 1850

La bibliothèque libre.
Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 420-421).

Mardi 26 février. — J’ai été convoqué par Durieu[1], pour juger le procédé Haro, que nous devons aller voir fonctionner à Saint-Eustache.

J’ai appris là ce que l’univers ne croira pas : la cathédrale de Beauvais manque d’une aile qui n’a jamais été achevée ; ladite cathédrale est d’un gothique mêlé du seizième siècle. On discute sérieusement si le morceau qui reste à faire sera refait dans le style du reste ou dans celui du treizième siècle, qui est le style favori des antiquaires dans ce moment. De cette manière, on apprendrait à vivre à ces ignorants du seizième siècle, qui ont eu le malheur de n’être pas nés trois siècles plus tôt.

Après la commission, j’ai été voir Duban, en société de Vaudoyer[2], qui est dans mes idées sur l’architecture. Vu Duban.

Vu la galerie d’Apollon, etc.

  1. Eugène Durieu, administrateur et écrivain, né en 1800. Entré au ministère de l’intérieur, il devint en 1847 inspecteur général des établissements d’utilité publique. Chargé, après la révolution de Février, de la direction générale de l’administration des cultes, il institua une commission des arts et édifices religieux, et créa le service des architectes diocésains pour la conservation des monuments affectés au culte.
  2. Léon Vaudoyer, architecte, né le 7 juin 1803, mort en 1872. Il déploya un remarquable talent pratique dans la restauration des vieux monuments historiques, et fut nommé, en 1868, membre de l’Académie des beaux-arts.