Journal (Eugène Delacroix)/26 mai 1832

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 190-191).

Samedi 26. — Alcazar : Superbe style moresque différent des monuments d’Afrique. Le jardin remarquable et la galerie suspendue qui l’entoure en partie ; achevé l’étude de la mantille chez M. Williams.

Le fameux Romero, matador et professeur de tauromachie, ne faisait presque pas de mouvements pour éviter le taureau. Il savait l’amener devant le roi pour le tuer, et après lui avoir porté le coup, il se retournait à l’instant même pour saluer sans regarder derrière lui.

Le fameux Pepillo, très célèbre matador, fut tué à Madrid par un taureau ; il fut pris dans le côté par la corne ; il essaya vainement de se dégager en se soulevant de ses bras sur la tête même de l’animal qui le portait tout autour de l’arène et lentement de sorte que la corne entrait plus avant à chaque instant ; il le porta ainsi suspendu et déjà mort… Romero était inconsolable de n’avoir pas été présent ; il était persuadé qu’il l’aurait dégagé.