Journal (Eugène Delacroix)/9 mars 1832

La bibliothèque libre.
Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 162-163).

Vendredi 9 mars. — Campé à Fouhouarat. Parti tard du campement d’Alcassar. Pluie. Entrée à Alcassar pour le traverser. Foule, soldats frappant à grands coups de courroies ; rues horribles ; toits pointus. Cigognes sur toutes les maisons, sur le haut des mosquées ; elles paraissaient très grandes pour les constructions. Tout en briques. Juives aux lucarnes.

Traversé dans un grand passage garni de hideuses boutiques, couvert en cannes mal assemblées.

Arrivés au bord de la rivière. Grands arbres (oliviers) au bord. Descente dangereuse.

Au milieu de la rivière, coups de fusil de l’un et de l’autre côté. Arrivés à l’autre bord, traversé pendant plus de vingt minutes une haie de tireurs assez menaçante. Coups de fusil aux pieds de nos chevaux. Homme à demi nu.

Arrivée du père du pacha, burnous violet, charmante tournure ; petite bande de cachemire au-dessus de son turban. Cheval gris.

Déjeuné dans les montagnes près d’une source. Pluie battante.

Trouvé l’autre pacha dans une plaine. Courses. Coups de fusil. Canaille.

— Homme renversé sur le dos et son cheval pardessus lui. Relevé à moitié mort ; remonté à cheval un instant après.

— Voracité des Maures ; le soir, Abraham nous le contait dans la tente.