Légendes chrétiennes/L’ermite et le vieux brigand

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V


l’ermite et le vieux brigand.



Il y avait une fois un vieil ermite, qui avait son ermitage dans une forêt. Il y avait bien longtemps qu’il était là, n’ayant d’autre société que celle des animaux du bois, qui étaient devenus ses amis et ses serviteurs, et qu’il dirigeait et gouvernait à sa volonté. Il avait la réputation d’être très-savant, et de connaître les vertus de toutes les plantes et de toutes les herbes. On disait même qu’il comprenait le langage des oiseaux.

Mais, s’il était savant, il était aussi très-orgueilleux. Il promettait à tous ceux qui assisteraient à sa mort qu’ils seraient sauvés et qu’ils iraient tout droit au paradis, comme lui. Il était très-vieux. Il tomba malade, et aussitôt la nouvelle s’en répandit dans le pays, et l’on accourait de tous les côtés à son ermitage pour le voir mourir.

Un vieux brigand, qui avait commis tous les crimes possibles, fit comme tout le monde, tant il avait foi dans la parole du vieil ermite. Il avait si grand-peur d’arriver trop tard, et il se pressait tant, qu’il se cassa le cou en passant une barrière.

— C’est bien fait ! Que son âme s’en aille au diable ! disaient ceux qui passaient par là, en se rendant à l’ermitage. Et personne n’avait pitié de lui, ni ne songeait à dire une prière pour son âme.

L’ermite mourut, et tout le monde crut qu’il était devenu saint, dans le paradis. Mais voilà que, quelques jours après, il revint et demanda que l’on priât pour lui, car son âme était retenue dans les feux du purgatoire.

L’âme du brigand, au contraire, était allée tout droit au paradis, parce que sa foi était vive et son repentir sincère.

Ceci prouve, chrétiens, que l’orgueil est un vilain péché, très-désagréable à Dieu, et que la foi et le repentir obtiennent toujours grâce auprès de lui.

Cf. une légende basque de Webster, la Sainte orpheline.