L’Âme nue/Les Éphémères

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G. Charpentier et Cie, éditeurs (p. 130-131).
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LES FORMES


LES ÉPHÉMÈRES


à mademoiselle jeanne f.


Les éphémères blonds qui naissent des varechs
Et vivent entre deux marées
Sautillaient, près du flux des vagues liserées,
Sur les sables à demi-secs.


Et leur vol crépitant claquait comme la pluie,
Traçant dans l’air des orbes vifs,
Et mêlant son choc preste au cri sourd des récifs
Qui grondaient vers la vague enfuie.

 

Le soleil paternel, roulant vers son déclin,
Versait des caresses foventes
Sur ces fourmillements de minutes vivantes
Qui s’agitaient au vent salin.


— Eux aussi ! La mort lente a lassé leur envie :
Plus loin des flots et des fracas,
Ils s’en vont, pour dormir, cacher sous les micas
L’ennui long de leur courte vie !