L’Âme nue/Romance 151

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G. Charpentier et Cie, éditeurs (p. 151-152).
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L’AUBE










ROMANCE






— Les vierges fleurs, ouvrant leurs minces corsets verts,
Se roulaient dans l’amour du soleil, nonchalantes.
Elles disaient : « Qui donc a parfumé tes vers ? »
Mais je n’ai pas voulu me confesser aux plantes.


— La lune miroitait sur le crêpe des flots
Comme un collier d’argent sur un torse de veuve.
L’eau chantait : « Vers qui donc descendent tes sanglots ? »
Mais je n’ai pas voulu répondre aux voix du fleuve.

— Les astres clignotaient dans un brouillard subtil,
Pareils à des regards souriant sous les voiles ;
Leurs yeux interrogeaient : « De quels yeux rêve-t-il ? »
Mais je n’ai pas voulu te nommer aux étoiles.


Car j’ai fermé ma lèvre et mon cœur aux aveux ;
Et doive mon secret me peser plus encore,
Je saurai le garder pour toi seule, et je veux
Que rien ne sache, au monde, à quel point je t’adore !