L’église habillée de feuilles/Prends ta voix de ciel bleu, ô cloche du Baptême

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Prends ta voix de ciel bleu, ô cloche du Baptême !
Chante à travers tes pleurs ! Et dis-nous que tu aimes
cet humble enfant avec ce cortège craintif,
et jusqu’au petit chien, enchanté et naïf,
qui semblait témoigner par petites gambades
de la joie que le ciel eût fait encore une âme.

Qu’il y a de grandeur à cette humilité !
Ce doux pauvre inconnu qu’une femme apportait
à la maison de Dieu, comme à une chaumière,
était emmailloté de sublime lumière
comme celle de l’aube au matin du coteau.


Le poète louait le Seigneur tout-puissant
de ce que ce petit fût né, ô saint poème !
de ce frisson par quoi le couple obscur comprend
la richesse infinie des dénûments qu’il aime.

Prends ta voix de ciel bleu, ô cloche du Baptême !
car deux déshérités se sont aimés dans l’ombre,
et ont été bénis, puisque sur leur baiser
cet enfant est éclos comme sur un rosier.

Ô cloche ! prends ta voix de ciel bleu. On arrose
pour le jardin de Dieu une nouvelle rose.