L’Amour aux Colonies/XLII

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CHAPITRE XIII

L’amour et ses formes à Tahiti. — L’organe génital de la race Maorie chez l’adulte et la pubère. — Puissance génitale du Tané. — La mesure de cette puissance génitale 1o chez l’Européen ; 2o chez le Tané Maori. — Causes de la vigueur génitale du Tané. — Libertinage précoce des enfants Tahitiens et ses résultats. — Défloration des petites filles Tahitiennes. — Formes habituelles du coït dans la race Maorie.



Lorgane génital de la race Maorie chez l’adulte et la pubère. — Les organes génitaux du Tané adulte sont généralement bien développés et m’ont paru supérieurs à ceux de la moyenne des Européens du Midi, dont les Tahitiens se rapprochent sensiblement par la couleur générale de la peau, tout en étant d’une taille plus élevée, plus robustes et d’un type plus beau.

Malgré la brièveté de mon séjour, j’ai pu examiner un nombre suffisant de Vahinés et de Tanés, clientèle habituelle de mon ami le docteur S…, pour me former une opinion.

La verge dépasse généralement, seize centimètres de longueur et quatre de diamètre. Les dimensions de dix-huit à vingt centimètres sur quatre à cinq sont loin d’être rares, mais il n’en est pas de même au delà. Celles de vingt-deux centimètres sur cinq m’ont paru exceptionnelles. La moyenne m’a paru être de dix-huit sur un peu plus de quatre. Or il résulte de nombreuses mensurations faites en France, que la moyenne serait de quatorze à quinze sur un peu moins de quatre centimètres de diamètre. Le Tané serait donc très sensiblement supérieur au civilisé. Il reste inférieur au Nègre d’Afrique, dont le pénis monstrueux dépasse généralement vingt-deux centimètres pour atteindre vingt-quatre à vingt-cinq, voire même trente centimètres, dimension qui est loin d’être rare ; c’est l’appareil d’un petit âne plutôt que celui d’une créature humaine.

Mais où le Tané se rapproche sensiblement du civilisé, c’est par la dureté de l’érection. Le pénis en état de flaccidité est un peu plus développé proportionnellement, mais l’érection est très dure, et chez un Tané de vingt ans la verge se redresse presque perpendiculairement, de façon à toucher l’abdomen. Cette érection est au contraire presque impossible chez le Nègre, dont la verge reste à demi-molle et prend au plus la position horizontale, différence que j’attribue à l’imperfection du système nerveux de l’organe chez le Nègre d’Afrique.

Le gland du Maori a une forme régulière et décalotte très facilement, car le prépuce, à l’état de flaccidité, ne le recouvre qu’en partie. Le gland est proportionnellement plus gros que la verge proprement dite, dont la forme est généralement cylindrique ; sa couleur est d’un beau rouge sombre, assourdi un peu par une pointe d’ocre et de sépia. C’est à peu près la seule différence de l’appareil du Tané avec celui d’un Européen du Midi, qui a souvent la peau plus brune que lui, mais dont le gland est rouge vif.

Depuis la conversion forcée au protestantisme, imposée à leurs sujets par la dynastie des Pomaré, et la disparition des anciens prêtres Tahitiens, la circoncision par la fente de la partie supérieure du prépuce n’existe plus. J’ai dit cependant que le gland est normal et régulier de forme. J’ajoute que le frein du filet de la verge ne bride pas le gland. D’autre part, chez les enfants au-dessous de dix ans, le prépuce est encore assez long et forme un bourrelet saillant en avant du gland. J’expliquerai plus loin les causes qui font que le Tané adulte jouit d’une partie des avantages de la circoncision, sans avoir cependant subi cette opération.

C’est sous le rapport de la grosseur des testicules que le Maori l’emporte sur toutes les autres races humaines. Ils sont toujours d’un développement proportionnel au pénis, tandis que c’est l’inverse chez le Nègre d’Afrique. Chez le Tané, leur forme est absolument celle d’un œuf de poule, dont il atteint souvent la grosseur.

Il est rare qu’un enfant ne soit pas pubère à douze ans ; à quinze ou seize ans, sa verge est déjà très développée, presque comme celle d’un Européen de vingt ans, et ses testicules sont de la grosseur d’un œuf de pigeon. Quoique le Tané soit peu barbu, son pubis est recouvert d’un poil doux et frisé, noir ou châtain foncé, assez abondant.

L’organe génital de la Vahiné. — Il se rapproche étonnamment, comme forme et dimensions, de celui de certaines Quarteronnes. Mais le mont de Vénus m’a paru plus développé et recouvert d’une toison plus abondante et un peu plus douce. En langage trivial, on dit d’une femme ainsi dotée qu’elle a un beau bonnet à poil. Naturellement, la vulve et le vagin ont la même coloration que le gland du mâle. Le clitoris est sensiblement développé chez la Vahiné ; sa dimension est de quatre à cinq centimètres, tandis que chez la Française il ne serait que de trois environ, d’après Martineau. Je reparlerai spécialement de cet organe, dans le Chapitre des perversions de l’amour à Tahiti. La direction générale de la vulve et du vagin, de haut en bas et d’avant en arrière, diffère peu de celui de la femme Européenne, et elle est bien moins inclinée en arrière que celle de la Négresse ou de la métisse Néo-Hébridaise et Canaque. Certaines Vahinés m’ont présenté un mont de Vénus très développé, recouvert d’une belle toison douce et fine.

Puissance génitale du Tané. — Si je m’en rapporte aux confidences faites au Docteur S… par certaines Vahinés, confidences que j’ai de mon côté provoquées et recueillies, l’Européen est loin de briller, sous le rapport de la vigueur génitale, à côté du Tané. Dans ce parallèle peu flatteur pour l’homme civilisé, l’Anglais occuperait le dernier rang. Avant lui les Français et parmi ceux-ci, le Provençal, le Languedocien, ou le Gascon, occuperaient le premier rang, quoique encore bien au-dessous du Tané de vingt-cinq ans, parvenu à son plein développement de force amoureuse. Déjà l’examen de l’organe génital des Maoris nous donne un critérium de la vigueur génitale de cette race. Si le pénis n’atteint pas les dimensions monstrueuses de celui des Nègres, en revanche, les testicules, les seuls véritables organes de la génération, plus développés que ceux du Blanc, et surtout que ceux du Nègre, sont l’indice véritable de sa puissance virile.

Le savant physiologiste Mantegazza (L’Amour dans l’Humanité) attribue aux Nègres la palme de la vigueur génitale.

« Nous n’avons pas », dit-il, « de statistique qui donne un aperçu ethnographique sur la vigueur génitale des diverses races humaines. Mais nous pouvons affirmer, avec une rigueur presque scientifique, que les Nègres en général sont les plus puissants de tous, et que les peuples polygames, à cause du grand exercice de leurs organes taux, les ont plus vigoureux et plus prompts. Les Turcs, les Arabes, les Hindous, dépensent généralement moins de force intellectuelle, et, ayant dans leurs harems un riche assortiment de femmes, peuvent nous surpasser facilement dans les joutes amoureuses. »


N’en déplaise au savant Italien, je ne suis pas du tout de son opinion. Oui, le Nègre serait le plus puissant mâle humain, si l’on fait entrer en ligne de compte, le temps qui lui est nécessaire pour accomplir le coït, à telles enseignes qu’il fonctionne presque une nuit entière pour aboutir à une demi-douzaine au plus d’éjaculations. Les Turcs et les Arabes sont au-dessus des Nègres pour la quantité. Quant aux Hindous, nous les estimons bien inférieurs à la moyenne de la race Européenne. La physiologie a des lois immuables, et la somme de travail fournie par un organe est en rapport direct avec sa force. L’Hindou est lascif, moins cependant que l’Annamite et le Chinois ; mais son organe génital est au-dessous du médiocre. La lasciveté n’est pas un signe de puissance génitale, bien au contraire. Je parle au point de vue du coït et de sa fréquente répétition, car si nous examinons la question au point de vue de la fécondation de la femme, elle se présente sous une autre face. Dans ce cas, l’Asiatique de l’Extrême-Orient prendrait la première place, comme le plus grand fécondateur, quoique le plus chétivement outillé.

La mesure de la puissance génitale de la race Européenne. — Il est difficile de donner un critérium absolu de la puissance génitale d’une race, car, dans cette même race, elle varie extrêmement d’un individu à l’autre, et dépend plus particulièrement du tempérament et de la constitution individuelle. À ce sujet, on me pardonnera de citer de nouveau le physiologiste tegazza qui a fait de la question une étude spéciale dans son Hygiène de l’amour.

« Dans ces Éléments d’Hygiène, » dit-il, « j’ai obéi aux exigences statistiques de mes lecteurs, et j’ai donné, moi aussi, mon règlement d’amour. J’ai écrit que, entre vingt et trente ans, l’homme robuste peut impunément sacrifier à Vénus trois ou quatre fois par semaine, que de trente à quarante-cinq ans il doit suivre le précepte de Luther :

In der woche zwier
Macht des jahren hunder vier.
Das schadet iveder dir noch mir.

Passé quarante-cinq ans je disais qu’un rapprochement et même moins par semaine devait suffire, et je voulais que dans la première puberté la mesure du plaisir fût la même. Prenez ce règlement hygiénique pour ce qu’il vaut et souvenez-vous que ces chiffres, trop élevés pour beaucoup, ne le sont pas assez pour d’autres. Rien n’est plus capricieux que le besoin d’aimer chez les différents individus ; après le cerveau, il n’y a rien de plus variable que le testicule chez l’homme.

» Voici quelques faits que j’ai recueillis et qui peuvent donner une idée des limites extrêmes de la puissance chez les hommes de notre race. Un mouleur en plâtre, aimait trois ou quatre fois par jour, même à cinquante ans. J’ai connu un Romagnol de cinquante ans environ, terreux, aux traits de satyre, d’une santé délabrée, qui dans sa jeunesse approcha une fois dix-sept femmes en un jour. Pendant des mois et des mois il put continuer à le faire deux et trois fois par jour. Un jeune Argentin vécut pendant un an avec une jeune femme et se livrait au plaisir deux fois par jour. Une femme de Zurich fut possédée par un seul homme dix-huit fois en une nuit. Une dame de la Romagne subit quatorze fois en une nuit les caresses de son amant. Je connais un jeune homme qui aima quatorze fois dans une journée, et un autre dix fois, sans se fatiguer. Un jeune Anglais que j’ai connu s’enferma dans une chambre avec une belle jeune fille, en se munissant de vins généreux et d’aliments substantiels ; il essaya de se tuer par excès d’amour. Après trois ou quatre jours d’accouplements continuels, il tomba malade mais ne mourut pas. L’un des plus vaillants généraux de notre armée, à quarante-neuf ans, pouvait encore posséder sa maîtresse cinq fois dans l’espace de trois heures. Il pouvait aussi, plusieurs jours de suite, sacrifier quotidiennement à l’amour. Quelques-uns de ces faits peuvent être exagérés, mais j’admets comme étant scientifiquement démontrée, la possibilité de dix et quatorze embrassements en un jour, sans préjudice pour la santé.

» D’un autre côté, je connais un homme parfaitement sain, dans toute la force de la virilité, qui, marié, ne sacrifie à l’amour que deux fois par an, et j’en connais beaucoup d’autres qui, pendant vingt et trente ans n’ont jamais aimé plus de deux fois par mois et ont pu, sans inconvénients, rester chastes des mois et des années.

Je suis du même avis que Mantegazza, et pose en principe qu’un homme qui peut exercer le coït une fois par jour ou, de temps à autre, six fois la nuit de vingt à trente-cinq ans, est au-dessus de la moyenne, car les six-coups, comme disent les femmes, sont bien rares à notre époque d’énervement physique. Quant aux hommes qui vont à la douzaine en une nuit, et peuvent deux fois quotidiennement, ils ont été excessivement peu communs, et on les considère comme des phénomènes exceptionnels à toutes les époques, chez tous les peuples Européens. Lisez les monuments littéraires de nos bons aïeux, le Cynbalum Mundi, le Moyen de parvenir, les Cent Nouvelles nouvelles, etc. ; dans tous vous trouverez des histoires ou contes d’amoureux arrivant à la douzaine, considérés par nos pères comme de riches exceptions à la règle générale.

La mesure de la puissance génitale du Tané Maori. — Il résulte pour moi des renseignements fournis par les Vahinés, renseignements que je n’ai pu naturellement contrôler de visu, que de vingt à quarante ans le Tané fait généralement l’amour soir et matin, sans aucune fatigue. Il peut, après un festin copieux et sous l’excitation de la lascive upa-upa, dépasser ce chiffre et atteindre facilement six et même huit. Certains sujets, plus spécialement taillés pour l’amour, arriveraient à compléter la dizaine et même la douzaine. Ils seraient, en raison de ces qualités amoureuses, très recherchés par les Vahinés.

Nous voilà loin des prescriptions des anciens législateurs, de Zoroastre, par exemple, qui limitait le devoir du mari à une seule fois en neuf jours, ou de Solon qui fixait le maximum à trois fois par mois. Il paraît que jusqu’à un âge très avancé, le Maori est capable d’accomplir l’acte vénérien dans la limite minimum ci-dessus.


Causes de la vigueur génitale du Tané. — L’existence oisive et paresseuse du Tané, qui ressemble à certains points au farniente du lazzarone Napolitain, est pour beaucoup dans cette qualité de bon coq toujours prêt au montoir, pour parler la langue de Montaigne. D’autre part, il a une nourriture que l’on croirait préparée par la nature pour lui venir en aide : sauce salée et poisson très phosphoré, c’est-à-dire les deux plus puissants siaques. Ajoutons-y le glucose naturel des fruits tropicaux sucrés : on sait que le sucre est un réconfortant très efficace pour ceux qui abusent des plaisirs de l’amour. La volaille et le porc entretiennent la vigueur générale musculaire et la réparation des pertes que la sécrétion spermatique souvent renouvelée fait subir à l’organisme. Peu ou pas d’alcool, excitant factice, énervant de la force génitale. Donc le Tané, qui s’est reposé presque toute la journée après un travail physique qui a suffi à peine à dérouiller ses muscles de bronze, après deux copieux et succulents repas, se trouvant la nuit à côté d’une femme ravissante, l’esprit en repos, n’ayant pas, comme le civilisé, le souci du business, ne peut pas mieux employer son temps qu’à besogner sa femme, et il s’en acquitte merveilleusement.

Libertinage précoce des enfants Tahitiens et ses résultats. — Avec des parents aussi libres et aussi francs d’allures, et en vertu de l’atavisme de la race, que le bigotisme protestant peut bien rendre hypocrite, sans parvenir à la détruire, les beaux enfants de Tahiti, libres comme l’air et qui gambadent toute la journée, sous l’ombrage des grands arbres fruitiers, autour de la case des parents, jouent de bonne heure au petit mari et à la petite femme. Petits voisins et petites voisines forment des couples qui s’instruisent naturellement. Le Tané est précoce ; il est pubère à onze ou douze ans au plus tard. Déjà, à dix ans, il a commencé sa préparation à l’œuvre d’amour. Le prépuce de l’enfant Tahitien au-dessous d’une dizaine d’années, je l’ai plus haut fait remarquer, est assez long et cependant le Tané adulte a, en érection, le gland complètement découvert ; à l’état de flaccidité, il n’est qu’à moitié recalloté par le prépuce. Ceci mérite une explication et je suis en mesure de la donner, grâce aux confidences de quelques jeunes Tanés, qui m’ont fourni la confirmation d’un fait avancé par mon jeune boy Tahitien, Ta-ra.

Il paraît que chez les jeunes polissons Tahitiens, c’est une marque de quasi-déshonneur de ne pas faire sortir son gland dans l’érection, et que ceux qui ont l’infirmité du phimosis sont l’objet des railleries des Vahinés. Il est certain que l’ancienne circoncision, par la fente du prépuce, n’offrait que des avantages, sauf la forme en oreille de chien coupée de cette fente prolongée trop loin. La circoncision ayant disparu avec l’antique religion de Tahiti, on y supplée par l’artifice suivant. Le jeune polisson Tané saisit, entre le pouce et l’index, le bout du prépuce quand il veut uriner, et ménage simplement un petit pertuis pour le passage de l’urine ; il en résulte que l’urine, ne trouvant pas de suite un libre épanchement, forme une poche qui distend le prépuce autour du gland. Cette opération répétée plusieurs fois par jour, distend mécaniquement le prépuce et agrandit l’ouverture, absolument comme le dilatateur Nélaton à trois branches, inventé dans ce but. Mais le procédé Tahitien présente, sur le dilatateur, l’avantage précieux d’opérer graduellement, sans douleur et sans accident, et cela à une époque où l’appareil génital est en voie de transformation radicale, au moment de la puberté. Au bout de quelques mois de cette manœuvre journalière, le gland est complètement libre, et même si le frein du gland est trop court, on l’incise avec un silex tranchant, et la petite plaie est pansée avec du coton, imbibé du suc d’une plante qui a les propriétés cicatrisantes de l’arnica. Cette petite opération n’offre aucun danger, car je me la suis faite moi-même à vingt-deux ans, pendant mes études de médecine, avec un coup de bistouri, et la plaie, pansée avec quelques brins de charpie trempée dans une eau blanche un peu forte, a été guérie en quatre ou cinq jours.

Dès que le gland sort librement, qu’il produise ou non du sperme, le jeune Tané commence le coït avec sa petite femme… Ce jeu coïncidant avec l’évolution des organes génitaux, au moment de la puberté, ceux-ci, excités plus qu’ils ne devraient l’être à ce moment, grossissent et se développent rapidement. C’est pour cela qu’un Tané de quinze à seize ans, qui fait l’amour depuis trois ou quatre ans, peut-être même cinq ou six, a les organes de la génération presque aussi forts que ceux d’un Européen de vingt ans. Hippocrate a d’ailleurs observé que les Scythes étaient impuissants et avaient de petites parties génitales, à cause de l’usage continuel de monter à cheval et parce qu’ils avaient des pantalons, de sorte qu’ils ne portent pas la main aux organes génitaux, et ceux-ci étant soutenus, leur propre poids ne contribuait pas à les allonger, comme chez les peuples de l’Orient, porteurs de robes, qui n’empêchent pas le libre développement des organes. Le médecin de Montpellier, Lallemant, dans ses Commentaires d’Hippocrate, affirme que chez les boulangers le fait de ne pas porter de culottes produit l’effet opposé à celui indiqué par Hippocrate : « Sæpe audivimus pistores et cœteros quorum partes puàendæ subligaculis non obteguntur, sed liberius pendent, crassos et bene nutritos habere testes. »

Les écrivains et les philosophes de l’Antiquité sont d’accord sur ce point avec le médecin de Cos. Platon nous dit en peu de mots : « Les parties du corps s’affaiblissent et se relâchent par le repos, et augmentent en force et en vigueur, lorsqu’elles exercent les fonctions qui leur sont propres. » Dans Aristophane, on trouve le petit pénis comme un attribut de jeunes gens qui ont conservé leur innocence, et le gros pénis comme signe de jeunesse corrompue. Galien confirme les observations de Platon et d’Aristophane. Il dit que les organes génitaux des athlètes, ainsi que ceux de tous les hommes obligés par leur profession à être chastes, sont d’ordinaire flétris et rétractés comme ceux des vieillards, et que le contraire existe chez ceux qui abusent des plaisirs de Vénus. Le grand médecin Arabe Avicenne émet une opinion analogue. Il a écrit deux chapitres spéciaux, l’un relatif aux procédés qui font grossir la verge : De magnificantibus virgam et l’autre relatif à ceux qui peuvent rétrécir la vulve : Deconstringentibus vulvam. Dans le premier il préconise des frictions (on pourrait dire des masturbations) avec diverses matières propres à retenir le sang que l’érection, due à la masturbation, amène à la verge. Si j’osais émettre mon avis après celui de ces grands philosophes et médecins, je pourrais dire que, d’après mes observations sur les jeunes conscrits, les garçons vigoureux, d’une force et d’un développement corporel au-dessus de la moyenne, ont les organes génitaux petits ; les gros pénis et les testicules volumineux se trouvent au contraire chez des sujets au corps maigre, aux muscles peu développés. L’organe génital, excité trop tôt, s’est nourri aux dépens du corps entier. Il y a du reste un vieux proverbe marin qui exprime crûment cette remarque : Failli chien, belle queue.

Défloration des petites filles Tahitiennes. — L’hymen existe dans la race Tahitienne comme dans toutes les races humaines ; seulement il disparaît très vite par suite du libertinage des enfants. À dix ans, la petite Tahitienne a déjà vu le loup. C’est d’abord un petit loup, celui du jeune voisin avec qui elle joue au mari et à la femme. Le petit frère vient-il à la rescousse, comme au Tonkin et en Cochinchine ? Je ne le pense pas, mais je dois dire que je n’ai pas eu le temps de vérifier ce point important au point de vue philosophique. Les quelques fillettes qu’il m’a été donné de voir avec leur hymen intact avaient moins de dix ans. À douze ans, une Vahiné peut recevoir, sans douleur ou sans accidents graves, un mâle de la dimension moyenne d’un Européen, sinon comme longueur, tout au moins comme grosseur. C’est le résultat du coït habituel avec des enfants du même âge, dont les verges sont en rapport avec les dimensions de la vulve et du vagin. Il y a une dilatation lente et graduelle qui agrandit l’hymen, sans le déchirer comme dans un coït brusque avec des organes disproportionnés. L’orifice vulvaire s’agrandit chaque jour un peu, presque sans déformations, et l’hymen prend une forme annulaire constituée par un repli circulaire qui double les petites lèvres à l’entrée du vagin et permet facilement l’introduction du doigt.

Cette défloration graduelle n’est pas un fait spécial à la race Maorie, Mantegazza cite le fait suivant :

« J’ai vu de mes yeux, au Paraguay », dit-il, « des enfants des deux sexes tout à fait nus jouer librement entre eux, et je crois que plus d’une fois, par curiosité et par amusement, ils essayent l’accouplement bien avant la puberté, ce qui dilate peu à peu les parties génitales de la femme, d’où résulte probablement une défloration graduelle sans violence. »

Formes du coït dans la race Maorie. — Les formes de l’amour sont simples chez les Indigènes de l’Intérieur. Ils le font naturellement et sans préliminaires. La Vahiné, lascive par tempérament, accepterait tous ces préliminaires, car elle est très nerveuse et passionnée ; mais le Tané, vigoureux, poussé par l’instinct génital, va droit au but. Le coït est donc simple, le plus généralement dans la position classique, rarement a retro, par suite de la position peu en arrière de la vulve. Il y aurait cependant interversion des rôles et la femme chevaucherait l’homme. Cette position se prendrait quand la Vahiné est enceinte, pour ne pas gâter le fruit. Il y a là un rapprochement curieux entre la femme Maorie et la race Annamite. En somme, Tanés et Vahinés répètent le coït naturel le plus souvent possible, sous l’impulsion d’un tempérament créé pour l’amour physique.

À Papeete, c’est une autre affaire. Il faut tenir compte de la corruption Européenne, plus hypocrite, mais tout aussi grande, si ce n’est plus, que celle des anciens Tahitiens. Cela nous conduit au chapitre des perversions de l’amour, où nous prenons sur le vif l’influence néfaste du civilisé.