L’Antiquaire (Scott, trad. Ménard)/Avertissement

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Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 7p. 1-8).


AVERTISSEMENT


MIS EN TÊTE DE LA NOUVELLE ÉDITION D’ÉDIMBOURG,
PUBLIÉE EN 1830.


Le présent ouvrage complète une série de narrations fictives destinées à peindre les mœurs de l’Écosse à trois époques différentes. Waverley embrasse le temps de nos pères, Guy Mannering celui de notre jeunesse, et l’Antiquaire se reporte aux dix dernières années du dix-huitième siècle. J’ai, surtout dans Guy Mannering et dans l’Antiquaire, choisi mes principaux personnages parmi cette classe de la société, la dernière à ressentir l’influence de ce vernis de politesse qui rend si semblables les unes aux autres les mœurs de diverses nations. C’est dans la même condition que j’ai placé quelques unes de ces scènes où j’ai essayé de décrire les effets des passions les plus impétueuses et les plus influentes ; d’abord parce que les ordres inférieurs de la société sont moins habitués à contenir leurs émotions, et ensuite parce que je pense, avec mon ami Woodsworth[1], qu’ils les expriment généralement dans les termes les plus forts et les plus énergiques. Ceci se remarque surtout parmi les paysans de mon pays, classe que j’ai depuis long-temps étudiée. La force et la simplicité antique de leur langage, souvent analogues à l’éloquence orientale de l’Écriture sainte dans la bouche de ceux qui sont doués d’un esprit élevé, donnent du pathétique à leur douleur, et de la dignité à leur colère.

Je me suis plus attaché à décrire minutieusement les mœurs qu’à mettre de l’art et de la combinaison dans mon récit, et je ne puis que regretter de m’être senti incapable de réunir ces deux qualités requises d’un bon roman.

La friponnerie de l’adepte, dans ce qui va suivre, paraîtra peut-être forcée et peu probable ; cependant nous avons encore eu dernièrement des exemples de l’ascendant d’une crédulité superstitieuse qui vont beaucoup plus loin, et le lecteur peut être assuré que cette partie de la narration est fondée sur un fait réel.

Il ne me reste plus qu’à exprimer ma reconnaissance au public de l’accueil distingué qu’il a bien voulu faire à des ouvrages dont le seul mérite, peut-être, consiste dans la vérité du coloris, et à prendre respectueusement congé de lui, comme quelqu’un qui, selon toute apparence, ne doit plus solliciter sa faveur.


À l’Avertissement ci-dessus, qui fut mis en tête de la première édition de l’Antiquaire, il est nécessaire d’ajouter dans cette nouvelle édition quelques mots tirés de l’introduction des Chroniques de la Canongate relativement au caractère de Jonathan Oldbuck.

Je puis dire ici en général que, quoique j’aie toujours pensé qu’il était permis de peindre librement les personnages historiques, je n’ai jamais, dans aucun cas, violé le respect dû à la vie privée. Il était, à la vérité, impossible que des traits particuliers à des personnes vivantes ou mortes avec lesquelles je m’étais trouvé en relation dans la société, ne se présentassent pas à ma plume dans des ouvrages tels que Waverley et ceux qui l’ont suivi ; mais je me suis toujours étudié à généraliser les portraits de telle sorte qu’ils ne parussent, après tout, que la création de l’imagination, quoique offrant la ressemblance d’individus véritables. Cependant je dois avouer que mes efforts dans ce dernier cas n’ont pas toujours réussi ; il y a des hommes dont les caractères ont une empreinte si remarquable qu’on n’en peut décrire le trait principal et dominant sans représenter la personne entière dans toute son individualité. Aussi le caractère de Jonathan Oldbuck, dans l’Antiquaire, a été en partie tracé d’après celui d’un vieil ami de ma jeunesse, auquel je dus la connaissance de Shakspeare et d’autres faveurs précieuses ; mais je croyais en avoir déguisé la ressemblance au point qu’il ne pût être reconnu par aucun de ceux des amis de mon père qui vivaient encore. Je me trompais pourtant, et j’avais fort compromis ce que je désirais qu’on regardât comme un secret, car j’appris ensuite qu’un homme très respectable du petit nombre de ceux des amis de mon père qui lui avaient survécu, avait dit, lorsque cet ouvrage parut, qu’il savait à n’en pouvoir douter quel en était l’auteur, ayant reconnu dans l’Antiquaire des traits de caractère d’un très intime ami de ma famille.

Il me reste à prier le lecteur de ne pas supposer que feu mon respectable ami ressemblât à M. Oldbuck, soit du côté de la généalogie, soit du côté de l’histoire attribuée au personnage idéal. Il n’y a pas dans le roman un seul incident qui soit emprunté à sa vie réelle, excepté le fait de sa résidence en une vieille maison près d’un port de mer florissant, et une scène dont il arriva par hasard à l’auteur d’être témoin entre son vieil ami et la directrice d’une diligence scène assez analogue à celle qui commence l’histoire de l’Antiquaire Un excellent caractère auquel se joignait une légère teinte de causticité, de l’instruction, de l’esprit, de l’originalité, et tout cela rendu plus piquant par ces singularités qui caractérisent le vieux célibataire, une profondeur de bon sens que la bizarrerie de l’expression faisait ressortir encore, étaient, suivant l’auteur, les seules qualités par où la créature de son imagination ressemblât à son bienveillant et excellent vieil ami.

Le rôle considérable que joue le mendiant dans la narration suivante a engagé l’auteur à joindre ici quelques remarques sur ce caractère, tel qu’il existait autrefois en Écosse, quoique maintenant on en retrouve à peine la trace.

Il y avait beaucoup de ces vieux mendians écossais qui ne pouvaient être confondus avec cette classe d’hommes entièrement dégradés qui se livrent maintenant à ce métier de vagabondage. Quelques uns, qui avaient l’habitude de parcourir un certain district, étaient ordinairement bien reçus dans la salle du fermier ou dans les cuisines du gentilhomme campagnard. Martin, l’auteur du Reliquiœ divi sancti Andreœ, écrit en 1683, fait le récit suivant d’une classe de cet ordre d’individus au dix-septième siècle, et dans des termes qui pourraient faire regretter son extinction à un antiquaire tel que M. Oldbuck. Il les suppose descendus des anciens bardes, et il continue : « Ils sont appelés par les autres et s’appellent eux-mêmes Jockeys, qui s’en vont mendiant ; ils sont encore dans l’habitude de répéter le Sloggome (mot de ralliement ou cri de guerre) de la plupart des véritables et anciens noms de l’Écosse, d’après leur vieille expérience et leurs observations. J’ai conversé avec quelques uns d’entre eux, et leur ai trouvé du sens et de la discrétion. L’un me dit qu’ils n’étaient pas maintenant plus de douze dans l’île entière, mais qu’il se rappelait le temps où ils y étaient en grand nombre et où il était un des cinq qui se réunissaient ordinairement à Saint-André. »

Cette race de Jockeys, telle qu’elle est ici décrite, est depuis long-temps, je présume, éteinte en Écosse ; mais le mendiant tel qu’on se le rappelle encore, même de mon temps, semblable au Baccoch ou l’Estropié voyageur de l’Irlande, devait mériter l’hospitalité qu’on lui donnait par quelque chose de plus que par l’exposition de sa détresse. C’était souvent un gaillard facétieux et bavard, prompt à la repartie, et n’étant retenu dans l’exercice de cette faculté par aucun respect des personnes, son manteau rapiécé lui donnant le privilège des anciens bouffons. Être un bon plaisant ; c’est-à-dire posséder le talent de la conversation, était une chose essentielle au métier d’un pauvre homme (puir budy) de la classe la plus estimée ; et Burns, qui prenait tant de plaisir à les entendre parler, semble avoir réfléchi avec une fermeté sombre sur la possibilité de devenir quelque jour membre de leur société ambulante. Il en parle assez souvent dans ses œuvres poétiques pour indiquer qu’il ne regardait pas l’accomplissement de cette pensée comme absolument impossible. Ainsi dans la belle dédicace de ses œuvres à Gavin Hamilton, il dit :

« Et quand je n’attellerai plus le cheval à la charrue, grâces en soient rendues au Seigneur, je puis mendier. »

Et dans une épître à Davie, un poète de ses confrères, il dit encore qu’à la fin de leur carrière

« La fin et le pis-aller est de mendier, »


Et après avoir remarqué que

« Il est sans doute bien dur de coucher le soir dans une carrière ou une grange lorsque les os sont rompus de fatigue et le corps épuisé de faiblesse, »


ce poète, doué d’un esprit véritablement lyrique, conclut que la libre jouissance des beautés de la nature est bien faite pour balancer les fatigues et l’incertitude de la vie même d’un mendiant. Dans une de ses lettres en prose, je ne me rappelle plus à quelle occasion, il s’occupe plus sérieusement de cette idée, et s’y arrête comme n’étant pas incompatible avec ses habitudes et ses facultés.

La vie d’un mendiant écossais du dix-huitième siècle ayant été envisagée sans trop de répugnance par Robert Burns, l’auteur ne peut croire qu’on lui reprochera d’avoir donné au caractère d’Edie Ochiltree quelque chose de poétique et une dignité personnelle qui l’élèvent fort au dessus des individus de sa misérable profession, plus abjects que lui-même. Cette classe avait dans le fait quelques privilèges. Un gîte tel quel lui était toujours promptement accordé dans un des bâtimens extérieurs, et l’aumône ordinaire, appelée gowpen, d’une poignée de farine, ne lui était presque jamais refusée par le plus pauvre paysan. Le mendiant la renfermait, suivant sa qualité, dans différens sacs autour de sa personne, et il portait ainsi avec lui la partie principale de sa nourriture, qu’il n’avait besoin que de demander pour l’obtenir. Dans la maison des gentilshommes, son repas s’améliorait de quelques restes de viande hachée, quelquefois de deux sous d’Écosse, ou penny anglais, qui étaient dépensés en tabac ou en whiskey[2]. Dans le fait, ces indolens péripatéticiens souffraient beaucoup moins de maux réels ou du manque de nourriture, que les pauvres paysans dont ils recevaient l’aumône.

Si, outre ses qualités personnelles, le mendiant se trouvait être un des Bedesmen du roi en robe bleue, il appartenait alors à l’aristocratie de son ordre, et était regardé comme un personnage fort important.

Ces Bedesmen sont un ordre de pauvres auxquels les rois d’Écosse avaient coutume de distribuer certaines aumônes conformément aux ordonnances de l’église catholique, et qui en revanche étaient obligés de prier pour la prospérité de la famille royale et de l’État. Leur ordre subsiste encore ; leur nombre est égal à celui des années de Sa Majesté, et une robe bleue de plus est mise sur les rôles, au retour de chaque anniversaire de la naissance du roi. À cette heureuse époque, chaque Bedesmen reçoit aussi un manteau neuf ou robe de gros drap d’un bleu clair, avec une plaque d’étain, qui lui confère le privilège général de mendier par toute l’Écosse, toutes les lois contre les mendians et tous les genres de mendicité devant se faire en faveur de cette classe privilégiée. Avec le manteau chacun reçoit une bourse de cuir contenant autant de schellings écossais, c’est-à-dire de sous sterling, que le souverain a d’années ; le zèle de leur intercession pour la durée de la vie du roi étant, à ce que l’on suppose, fort excité par l’intérêt actuel et croissant qu’ils ont eux-mêmes à voir exaucer leurs prières. Dans la même circonstance, un des chapelains du roi prêche un sermon aux Bedesmen, qui forment, suivant l’expression d’un de ces révérends ecclésiastiques, l’auditoire le plus impatient et le moins attentif qui puisse exister. Ce qui y contribue peut-être est l’opinion des Bedesmen, qu’on les paie pour les prières qu’ils font, et non pour écouter celles qu’ils entendent, ou plus probablement encore, c’est l’impatience naturelle, quoique fort inconvenante dans des hommes d’un caractère si vénérable, de voir arriver la fin du cérémonial de l’anniversaire royal, qui se termine ordinairement pour eux par un copieux déjeuner de pain et d’ale ; cette représentation religieuse et morale finissant par le conseil du vieil ermite (the hermit hoar) de Johnson à son prosélyte :

« Allons, mon garçon, viens boire de la bière. »

On trouve dans les comptes du trésorier plusieurs notes qui font foi des charités accordées à ces vieux Bedesmen, tant en argent qu’en habits.

Il me reste à dire que, quoique l’institution des Bedesmen du roi subsiste encore, il est très rare d’en rencontrer maintenant dans les rues d’Édimbourg, leur singulier costume leur imprimant un caractère particulier.

Ayant ainsi rendu compte de l’espèce et du genre de cette classe à laquelle Edie Ochiltree appartient, l’auteur ajoutera que l’individu qu’il a eu en vue était André Gemmells, vieux mendiant du caractère qu’il a décrit, bien connu il y a nombre d’années, et qu’on n’a sans doute pas encore oublié dans les vallées de Gala, de la Tweed, d’Ettrick, de Varrow, et dans les pays voisins.

L’auteur, dans sa jeunesse, a vu plusieurs fois André et a conversé avec lui ; mais il ne peut se rappeler s’il avait le rang de robe bleue. C’était un vieillard d’une tournure remarquable, fort grand, et ayant dans son abord et son maintien quelque chose de martial ; ses traits étaient pleins d’intelligence et marqués par une expression satirique ; il y avait dans tous ses gestes une grâce si frappante, qu’on aurait pu le soupçonner de les étudier, car il était digne, en toute occasion, de servir de modèle à un artiste, tant ses poses les plus habituelles étaient remarquables ; il se servait peu du jargon de ceux de son état ; ses besoins consistaient en une légère nourriture et un gîte, ou une bagatelle en argent qu’il demandait toujours et semblait recevoir comme une chose due ; il savait chanter une bonne chanson, narrer un conte plaisant, et soutenir une raillerie mordante avec tout le sel des bouffons de Shakspeare, quoiqu’il ne portât pas comme eux le manteau de la folie. C’était autant la crainte qu’inspirait l’humeur satirique d’André, qu’un sentiment de bienveillance ou de charité qui lui assurait généralement le bon accueil qu’il recevait partout. Dans le fait, une plaisanterie d’André Gemmells, surtout aux dépens d’un personnage important, se répandait dans le cercle qu’il fréquentait, aussi rapidement que le bon mot d’un homme dont la réputation d’esprit est faite circule dans le grand monde. On se souvient encore de plusieurs de ses saillies ; mais elles sont, en général, trop locales et trop personnelles pour être rapportées ici.

André avait un caractère qui lui était propre parmi ceux de sa classe, au moins à ce que j’ai entendu dire. Il était toujours prêt et disposé à jouer aux cartes ou aux dés avec quiconque désirait se livrer à cet amusement. Ce trait appartient plus au caractère du joueur vagabond d’Irlande, appelé en ce pays carrow, qu’à celui du mendiant écossais. Mais feu le révérend docteur Robert Douglas, ministre de Galashiels, a assuré à l’auteur que la dernière fois qu’il avait vu André, il était occupé à jouer au brag[3], avec un gentilhomme d’une fortune et d’une naissance distinguées. Afin de conserver les degrés convenables du rang, la partie se faisait à une croisée ouverte du château : le laird, assis sur une chaise dans l’intérieur, et le mendiant sur un tabouret dans la cour, jouaient sur le bord de la fenêtre : l’enjeu était une somme d’argent considérable. L’auteur ayant exprimé quelque surprise, le docteur Douglas lui fit observer que ce laird était sans doute un homme singulier, un original ; mais que beaucoup de personnes respectables dans ce temps n’auraient trouvé, comme lui, rien d’extraordinaire à passer une heure à jouer aux cartes ou à causer avec André Gemmells.

Ce singulier mendiant avait ordinairement sur lui, ou du moins on le supposait, autant d’argent que sa vie en aurait valu aux yeux de nos voleurs actuels de grands chemins. Un gentilhomme campagnard, qu’on regardait comme fort serré dans ses dépenses, ayant un jour rencontré André, exprima beaucoup de regret de n’avoir pas de monnaie dans sa poche, autrement il lui aurait donné un six pences[4]. « Je puis vous changer un bank-note[5], laird », répondit André.

Semblable à tous ceux qui sont devenus les premiers de leur profession, André se plaignait souvent de l’état de dégradation qu’avaient subi les mendians modernes. Comme métier, disait-il, il était tombé de 40 livres sterling par an, depuis qu’il avait commencé à l’exercer.

Dans une autre occasion, il remarqua que, de notre temps, mendier ne pouvait plus convenir à un gentilhomme, et qu’il aurait vingt fils qu’il ne se déciderait pas facilement à les élever dans le même état que lui.

En quels lieux et en quel temps ce laudator temporis acti termina-t-il ses courses errantes ? c’est ce que l’auteur n’a jamais appris avec certitude ; mais très probablement, comme dit Burns :

« Il mourut comme le pauvre cheval d’un colporteur, au bord de quelque fossé. »

L’auteur peut ajouter un autre portrait du même genre que celui d’Edic Ochiltree et d’André Gemmells, comparant ces portraits à une espèce de galerie ouverte à tout ce qui peut faire connaître les anciennes mœurs et amuser le lecteur.

Les contemporains de l’auteur à l’université d’Édimbourg se rappelleront sans doute la taille mince et amaigrie d’un vieux et vénérable Bedesmen qui se tenait sur le port de Potter-row, maintenant démoli, et qui, sans prononcer une syllabe, inclinant doucement la tête, présentait son chapeau à chaque individu qui passait, mais sans aucun signe d’importunité. Cet homme obtenait, par son silence et son air exténué, qui le faisaient ressembler à un pèlerin venu d’un lointain pays, le même tribut payé à l’humeur sarcastique d’André et à son maintien imposant. On le disait en état de soutenir son fils, étudiant en théologie dans cette même université à la porte de laquelle se tenait son père mendiant. Le jeune homme était modeste et porté à l’étude ; de sorte qu’un étudiant du même âge, et dont les parens appartenaient à une classe peu élevée, touché de le voir exclu de la société des autres écoliers, lorsqu’ils vinrent à soupçonner le secret de sa naissance, cherchait à le consoler de temps en temps par quelques attentions obligeantes. Le vieux mendiant fut reconnaissant des égards témoignés à son fils ; et un jour que le bienveillant écolier passait, il s’inclina plus avant que de coutume, comme pour lui fermer le passage. L’étudiant tira un sou de sa poche, concluant que c’était là ce que voulait le mendiant ; mais il fut fort étonné de recevoir ses remerciemens pour la bienveillance qu’il avait témoignée à Jemmie, et en même temps une invitation cordiale de dîner chez eux le samedi suivant, avec une épaule de mouton et des pommes de terre, ajoutant : « Vous mettrez votre chemise blanche, car j’ai du monde. » L’étudiant était fort tenté d’accepter cette offre hospitalière, comme la plupart l’auraient fait à sa place ; mais ses motifs auraient pu être mal interprétés, et il jugea plus prudent, en réfléchissant aux circonstances et à l’état du pauvre homme, de ne point accepter l’invitation.

Tel est le petit nombre de traits sur la mendicité écossaise destinés à donner des éclaircissemens sur ce roman, où un caractère de ce genre joue un rôle si important. Nous concluons que nous croyons avoir justifié le droit d’Edie Ochiltree à l’importance qui lui est donnée, en montrant que nous avons connu un mendiant qui jouait aux cartes avec un personnage distingué, et un autre qui donnait à dîner.

Je ne sais s’il est digne de remarquer ici que lorsque l’Antiquaire parut, ce roman fut moins bien accueilli qu’aucun de ceux qui l’avaient précédé, quoique, par la suite, il ait obtenu un degré de faveur égal et même supérieur dans l’opinion de quelques lecteurs.


  1. Auteur connu sous la dénomination de Poète des lacs. a. m.
  2. Wisky ou whiskey, eau-de-vie de grain. a. m.
  3. Espèce de jeu de cartes particulier à l’Écosse ; c’est une sorte de bouillotte à deux personnes. a. m.
  4. Pièce d’argent équivalant à 60 centimes de notre monnaie. a. m.
  5. Billet de banque anglais. Il y en avait alors d’une livre sterling. a. m.