L’Art de péter/Épître

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Florent-Q., rue Pet-en-Gueule, au Soufflet (p. 3-5).

À LEURS EXCELLENCES
MESSEIGNEURS
CARNAVAL
ET
CARÊME PRENANT.


MESSEIGNEURS,

SOUS quels auſpices mieux que ſous ceux de Vos Excellences pouvoit paroître l’Art de Peter ? Et qu’eſt-il beſoin d’expoſer ci les raiſons que j’ai de vous l’offrir ? Le Public les ſçait déjà toutes ; il ſçait que cet Ouvrage a été entrepris & compoſé avec otre aveu, & que Carnaval & Carême-prenant doivent s’intéreſſer au ſort d’un Livre, qui ſervira à ſon Auteur de Voiture dans la route de l’immortalité. D’ailleurs bien capables vous-mêmes de le produire, qui ſeroit plus capable d’en ſentir le prix que Vos Excellences.

Je devrois faire ici votre Éloge & célébrer votre origine, qui va ſe perdre dans les ſiécles dont on ne ſe ſouvient plus ; je parcourrois enſuite l’hiſtoire de vos Illuſtres Ayeuls ; je paſſerois enfin à vos Vertus & à vos Talens qui ont mérité de paſſer en proverbe ; mais la connoiſſance que j’ai de ma maladreſſe & la peur que j’aurois de caſſer les Nés de Vos Excellences à coups d’encenſoir, ne me permettent pas d’en courir les riſques à la tête d’un Ouvrage où vous aurez ſouvent beſoin de ce précieux Organe :

Je ſuis avec un profond reſpect & un dévoyement continuel,

MESSEIGNEURS,

de Vos Excellences,

Le très-humble & très-obéiſſant Serviteur ****.