L’Encyclopédie/1re édition/ARBENNE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 578).
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ARBENNE, (Hist. nat. Ornithol.) Lagopus avis. Ald. Cet oiseau est de la grandeur & de la figure du pigeon domestique, ou peut-être un peu plus grand. Il pese quatorze onces ; il a environ un pié trois pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue ou des pattes ; l’envergure est d’un pié dix pouces ; le bec est court, noir, & semblable à celui d’une poule, mais un peu plus petit ; la partie supérieure est plus longue, & déborde un peu la partie inférieure ; les narines sont couvertes par de petites plumes ; il y a au-dessus des yeux en place de sourcils, une petite caroncule dégarnie de plumes, faite en forme de croissant, & de couleur de vermillon. On distingue le mâle de la femelle par un trait noir qui commence à la partie supérieure du bec des mâles, qui passe au-delà des yeux, & qui finit vers les oreilles : tout le reste du corps est d’une couleur très-blanche, à l’exception de la queue ; il y a vingt-quatre grandes plumes dans chaque aîle, dont la premiere ou l’extérieure, est plus courte que la seconde ; la seconde est aussi plus courte que la troisieme ; les six plumes extérieures ont le tuyau noir : la queue a plus d’un palme de longueur ; elle est composée de seize plumes ; les deux du milieu sont blanches, de même que les barbes extérieures de la derniere plume de chaque côté ; toutes les autres plumes sont de couleur cendrée noirâtre, à l’exception de la pointe qui est blanche ; les plumes qui sont sur la queue, sont aussi grandes que la queue même. Les pattes sont couvertes en entier jusqu’au bout des doigts de petites plumes molles posées fort près les unes des autres ; ce qui a fait donner à cet oiseau le nom de Lagopus. Les ongles sont très longs, & ressemblans à ceux de quelques quadrupedes, tels que le lievre ; ces ongles sont de couleur de corne obscure, ou de couleur de plomb ; le doigt de derriere est petit, mais son ongle est grand & recourbé ; le doigt extérieur & le doigt intérieur de devant tiennent au doigt du milieu par une membrane ; l’ongle du doigt du milieu est très-long & un peu creux ; ses bords sont tranchans ; il y a des poils longs & touffus sous les doigts.

On trouve ces oiseaux sur les Alpes qui sont couvertes de neige pendant la plus grande partie de l’année, & sur d’autres montagnes très-élevées. On a donné à cet oiseau le nom de perdrix blanche, sans doute parce que sa chair a quelque rapport à celle de la perdrix pour le goût ; car l’arbenne est un oiseau différent de la perdrix, quoiqu’il lui ressemble pour la figure & pour la grandeur. Cependant le nom de perdrix blanche a fait croire que l’oiseau dont il s’agit, étoit vraiment une perdrix : c’est pour éviter cette équivoque, que je le rapporte sous le nom d’arbenne, qu’on lui a donné en Savoie, comme celui de perdrix blanche. Il seroit à souhaiter que l’on pût ainsi prévenir les erreurs qui viennent des noms. Willugby ; Aldrovande ; Ornit. Liv. XIII. pag. 145. Voyez Oiseau. (I)